| STATIQUE, adj. et subst. fém. Anton. dynamique.I. − Adjectif A. − PHYS. Relatif à l'équilibre des forces; qui est en équilibre, qui n'est pas doué de mouvement propre. Synon. stable, stationnaire ; anton. cinétique.Force, organe, pression statique; état statique d'une masse d'air. On sait de quelle sensibilité statique sont doués les aérostats. Il suffit de jeter l'objet le plus léger pour provoquer un déplacement dans le sens vertical (Verne, Ile myst., 1874, p. 6).En 1920, W. Kohler étudia les « formes » physiques dans les ensembles statiques en équilibre, les processus stationnaires et quasi-stationnaires (Hist. sc., 1957, p. 1675). ♦ Électricité* statique. P. méton. Qui appartient à l'électricité statique. Charge statique. [Les] phénomènes électriques (...) étaient connus sous leur forme statique depuis l'antiquité (Encyclop. éduc., 1960, p. 243).Machine statique. Machine qui permet d'obtenir des voltages très élevés. La machine statique et les batteries d'accumulateurs à très haute tension (M. de Broglie, Rayons X, 1922, p. 137). − P. ext. Qui a lieu sur place, qui concerne l'équilibre. Gymnastique statique. La danse statique était populaire en Micronésie (...) les mouvements étaient réduits au minimum; les exécutants se tenaient à la même place en agitant en avant et en arrière leurs mains fermées (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 194).Il faut différencier en effet l'adresse statique (jongleries sur place) et l'adresse dynamique de réception (contrôle) (J. Mercier, Footb., 1966, p. 81). B. − Qui considère les choses dans leur état d'équilibre, dans leur stabilité. Conception, point de vue statique. La science des anciens est statique. Ou elle considère en bloc le changement qu'elle étudie, ou, si elle le divise en périodes, elle fait de chacune de ces périodes un bloc à son tour: ce qui revient à dire qu'elle ne tient pas compte du temps (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 333): ... rompant avec la tradition statique de la peinture murale, l'artiste d'aujourd'hui couvre les murs de décorations mouvementées, où la frénésie du rythme s'accorde avec celle de la couleur-lumière.
Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 114. ♦ ÉCON. Analyse statique. Analyse de l'équilibre des forces économiques à un moment donné. (Dict. xxes.). ♦ LING. Synon. vieilli de synchronique. Anton. historique.Après avoir accordé une trop grande place à l'histoire, la linguistique retournera au point de vue statique de la grammaire traditionnelle (Sauss.1916, p. 119).On commence seulement à comprendre que l'évolution n'explique pas tout le langage; que, pour en pénétrer le mécanisme, il faut savoir faire abstraction du temps. La linguistique statique revendique sa place à côté de la linguistique évolutive (Bally, Lang. et vie, 1952, p. 14). C. − Dans le domaine de la vie mentale, souvent péj.Qui ne se développe pas, qui n'évolue pas. Synon. immobile; anton. évolutif.Économie, mentalité, morale, religion statique. La plupart de nos concitoyens en sont restés à la notion du bonheur statique, du bonheur donné une fois pour toutes (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 45).Le caractère routinier et statique de toute moralité collective (Traité sociol., 1968, p. 163). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, littér. Ce qui ne se développe pas, ce qui n'évolue pas. La préséance grammaticale du statique sur le cinématique et du cinématique sur le cinétique (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 26).V. dynamique I B ex. de Bergson. II. − Subst. fém. A. − PHYS. Partie de la mécanique qui étudie l'état d'équilibre des forces, des systèmes de forces. Anton. dynamique.Statique des fluides (synon. hydrostatique), des gaz, des solides. Déterminer en grandeur et en direction, la résultante de plusieurs forces données, est un point fondamental de la statique (Poisson, Mécan., t. 1, 1811, p. 12).Un architecte peut dédaigner la statique, ou essayer de se faire infidèle aux formules de la résistance des matériaux (Valéry, Variété[I], 1924, p. 118). − P. anal. CHIM. Statique chimique. Étude des conditions d'équilibre des réactions chimiques. L'Essai de statique chimique publié par Berthollet en 1803 (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 302).MÉD. Manière de se tenir. Synon. posture.Le professeur d'éducation physique, collaborant étroitement avec le médecin, veille à la statique des enfants. Il doit obtenir que tous se tiennent droits (Encyclop. éduc., 1960, p. 129). B. − Étude de l'état d'équilibre des forces, des facteurs. La description pure reste une statique des actes (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 155).[Concevoir l'analyse économique] par rapport à un système en expansion plutôt que dans le cadre d'une statique abstraite (Univers écon. et soc., 1960, p. 28-3). ♦ Statique sociale (chez A. Comte). Étude de l'état d'équilibre des forces sociales. Dans la « statique sociale » ou « théorie de l'ordre », Comte traite du « consensus social » (Traité sociol., 1967, p. 41). Prononc. et Orth.: [statik]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1634 « partie de la mécanique » (A. Girard, Les Œuvres mathématiques de Simon Stevin, 433 d'apr. FEW t. 12, p. 244a); 2. 1803 chim. (Berthollet, Essai de statique chim.); 3. 1839 la statique sociale (Comte, Philos. posit., t. 4, 1893, p. 319). B. Adj. 1. 1721 chiffre statique (Trév.); 2. a) 1852 (Id., Catéch. posit., p. 78: l'étude statique précède nécessairement l'étude dynamique); b) 1822 électro-statique (A.-M. Ampère ds Ann. chim. et phys., t. 20, p. 60); 1864 (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, p. 75: si l'électricité est statique); c) 1916 linguistique statique (Sauss., p. 141); 3. 1907 « qui n'évolue pas » (Bergson, Évol. créatr., p. 334). Empr. au lat. sc.statica (1633, S. Stevin d'apr. FEW, loc. cit.) empr. au gr. σ
τ
α
τ
ι
κ
ο
́
ς « qui concerne l'équilibre des corps », de la famille de ι
́
σ
τ
η
μ
ι « place, faire tenir ». Fréq. abs. littér.: 245. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 34, b) 420; xxes.: a) 148, b) 697. DÉR. Statiquement, adv.D'un point de vue statique. Anton. dynamiquement.a) [Corresp. à statique I A] Il est caractéristique de la construction en ossature (...) que le pilier d'angle est toujours le moins chargé. Statiquement, il n'a, pour ainsi dire, aucune signification (Siegel, Formes structurales archit. mod., 1965, p. 46).b) [Corresp. à statique I B] Il suffit (...) de considérer statiquement le régime humain. Étudiez-y l'existence au lieu du mouvement(Comte, Catéch. posit., 1852, p. 249).La nature humaine, prise statiquement en elle-même ou dynamiquement dans ses origines (Bergson, Deux sources, 1932, p. 102).− [statikmɑ
̃]. − 1reattest. 1852 (Comte, op. cit., p. 109); de statique, suff. -ment2*. Bbg. Gohin 1903, p. 360. |