| STATIONNER, verbe intrans. A. − 1. Rester un certain temps à la même place. a) [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] [Le garçon] qui parlait l'espagnol se détacha du groupe de domestiques stationnant sur le perron et vint prendre les ordres du voyageur (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 319).Et nous étions bien une centaine, tous plus ou moins suspects, à avoir nos habitudes dans cet établissement, entrant, sortant, stationnant jour et nuit dans la salle latérale du bar (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 67). ♦ P. métaph. [La Moselle] s'enfonça ainsi à travers les fissures du massif. Elle put le traverser de part en part et déboucher dans la plaine argileuse qui s'étend au nord de Toul. Mais là elle stationna. Son cours, auparavant resserré et rapide, se traîne à travers prairies, marais et faux bras (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 209). − [Dans une tournure factitive] Faire stationner les vaches dans tous les endroits pâturables de la vallée (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 250). b)
α) [Le suj. désigne un véhicule] S'arrêter, se garer pour un certain temps le long de la voie publique. Voitures qui stationnent dans la rue, en double file. Il y avait encore sur la place du Palais-Royal cinq ou six fiacres stationnant pour les habitués des cercles et des maisons de jeu (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 598).Un mot maladroit m'informe qu'une auto bien connue a stationné, hier matin, pendant une heure, devant la maison de celle que j'ai la folie d'aimer (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 175). Rem. Avec être, l'empl. est critiqué. Cependant Littré admet l'auxil. être aussi bien que avoir: ,,Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand on veut marquer l'action: Les voitures ont stationné longtemps; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état: Les voitures sont stationnées depuis longtemps``. Une voiture stationnée rue de Rivoli. En stationnement rue de Rivoli.
β) [Le suj. désigne une pers.] Faire stationner son véhicule. Il est interdit de stationner devant les arrêts d'autobus (Dub.1980).On ne peut pas stationner au centre de la ville (Rob.1985). − Empl. trans., fam. Garer (un véhicule). Chercher un endroit pour stationner sa voiture. (Dict. xxes.). Au part. passé. Etre stationné. Où es-tu stationné? (Dict. xxes.). 2. MAR. [Le suj. désigne un navire] Tenir une station. Les fautes contre la discipline sont sanctionnées par des arrêts lorsque le navire est en mer ou stationne dans les ports d'escale (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 155). − [P. méton. du suj.] Ce grand vaisseau tout retentissant du vent de novembre et d'où, à chaque instant, car c'était six heures du soir, des hommes sortaient deux par deux dans la rue, titubant comme s'ils descendaient à terre dans quelque port exotique où ils eussent momentanément stationné (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 71). 3. ASTRON. [Corresp. à station II A 2 a] Demeurer immobile dans une région du zodiaque. Or, précisément, Neptune stationnait aussi en cette même région, et, par surcroît, Mercure et Vénus sont passés aussi non loin de là (Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 420). B. − ART MILIT. [Le suj. désigne une troupe de soldats, un corps d'armée, etc.] Etre établi pour un certain temps à un endroit donné. Le commandant de brigade est en principe stationné sur le terrain (J.O., Décret organ. arm. air, 1938, p. 439).Or il est nécessaire qu'une force aéronavale stationne aussi près que possible des objectifs qu'elle doit menacer ou surveiller (Le Masson, Mar., 1951, p. 57).Le long des frontières stationnait l'armée (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 46). − Fréq. au part. passé avec être ou en empl. adj. Les forces du territoire métropolitain composées, en principe, d'éléments français et stationnées en permanence sur le territoire métropolitain (J.O., Loi sur organ. gén. armée, 1927, p. 7267).Un groupement, actuellement stationné en Syrie et au Liban, constitué pour la manœuvre, doté d'un armement puissant (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 622). C. − Au fig., rare. Qui reste stationnaire, qui ne progresse pas. La preuve de cette assertion, qui est, en un sens, la négation de l'économie politique, telle que nous l'ont transmise A. Smith, Ricardo, Malthus, J.-B. Say, et que nous la voyons stationner depuis un demi-siècle, résultera particulièrement de ce mémoire (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 36). Prononc. et Orth.: [stasjɔne], (il) stationne [-sjɔn]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1596 « placer quelque chose quelque part » (Hulsius); 2. 1802 « rester à la même place » (Bonald, Législ. primit., t. 1, p. 172: La société ne pouvoit plus stationner dans l'état domestique); 3. 1813, 10 avr. « rester à la même place (en parlant d'un véhicule) » (Jouy, Hermite, t. 3, p. 187); 4. 1823 milit. en parlant d'une armée (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 22); 5. id. en parlant d'un navire (Id., ibid., p. 529). Dér. de station*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 314. Fréq. rel. littér.: xxes.: a) 293, b) 617; xxes.: a) 529, b) 433. Bbg. Quem. DDL t. 18. |