| STATIONNAIRE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − Qui reste un certain temps sans se déplacer. 1. [En parlant d'êtres animés] Synon. fixe.De tous les volatiles, ceux dont le vol est le plus curieux et le plus à notre portée sont les insectes. Les uns ont des ailes de la plus fine gaze, comme la mouche: elle exécute toute sorte de vols, et quand il lui plaît, elle s'arrête en l'air, et y devient stationnaire (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 153). 2. [En parlant de choses] Synon. immobile.Gaetano abattit la voile, et la barque resta stationnaire (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 386).L'aiguille de l'instrument redevint stationnaire à une hauteur de vingt-neuf pouces et neuf dixièmes (...), et les circonstances parurent propices à l'exploration (Verne, Ile myst., 1874, p. 401). − ASTRON. [En parlant d'une planète] Qui fait une station (v. station II A 2 a). Saturne est stationnaire pendant huit jours; Jupiter quatre; Mars deux; Vénus un jour et demi, et Mercure la moitié d'un jour (Littré). − AVIAT. Vol stationnaire. Phase de vol où la vitesse d'un avion est égale à la vitesse du vent, l'appareil faisant alors du « sur-place »; pour un hélicoptère, phase de vol au cours de laquelle la portance répond exactement au poids de l'appareil qui demeure alors en sustension (d'apr. Thies Aéromodélisme 1984). La montée classique s'opère en vol stationnaire face au vent (Jeux et sports, 1967, p. 1620). B. − 1. Qui demeure un certain temps sans changer, qui ne progresse ni ne régresse. Synon. étale, invariable.La production est presque stationnaire (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 166).Dans l'industrie du jouet en bois, les fabricants ont à souffrir d'une concurrence analogue; la situation est stationnaire ou légèrement en régression dans le domaine des échelles et des manches d'outils (Industr. fr. bois, 1955, p. 12). a) MÉD., cour. [En parlant d'un état pathol.] Qui n'évolue plus, ni vers la guérison, ni vers l'aggravation (d'apr. Man.-Man. Méd. 1977). L'état général reste stationnaire; l'appétit est faible et capricieux; le malade reste couché presque constamment; la démarche est hésitante; les paupières sont salies par une chassie jaunâtre (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p. 417).Abandonnée à elle-même, la maladie reste stationnaire pendant encore une quinzaine de jours, puis le petit malade sombre dans le coma complet et meurt dans la semaine qui suit (Quillet Méd.1965, p. 361). b) ÉCON. État stationnaire. ,,Celui où toutes les variables significatives de l'activité économique (production, investissement, population...), deviennent définitivement constantes`` (Cotta 1972). L'état stationnaire est une stagnation indéfinie (Cotta1972). 2. En partic. a) Qui ne progresse pas. Il n'y a aucune antinomie entre l'idée d'autorité et l'idée du progrès; est-ce que, parce que nous sommes du nombre de ces républicains-là, il est permis de dire que nous voulons fonder un gouvernement stationnaire? Non, messieurs (Ferry, 1883ds Fondateurs 3eRépubl., p. 138).La question des noms divins reste stationnaire chez les pères latins de cette dernière période (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1132). b)
α) Dont la grandeur ou les propriétés restent inchangées au cours du temps. Processus aléatoire, stationnaire (GDEL).
β) Qui n'augmente pas, qui ne s'accroît pas. Villeurbanne et Vitry s'accroissent, alors que Lyon et Paris restent stationnaires (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 500).La population des villes reste stationnaire ou s'accroît faiblement (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 253). − MATH. ,,Une suite (xn) d'éléments d'un ensemble est dite stationnaire s'il existe un entier naturel notel que, pour tout entier n supérieur à no, xn= xno`` (Chamb. 1981). Une suite constante est stationnaire. La suite des coefficients d'un polynôme est stationnaire (Chamb. 1981). − PHYSIQUE ♦ Grandeur stationnaire. Grandeur dont la dérivée première par rapport à la variable dont elle dépend est nulle (d'apr. Mathieu-Kastler Phys. 1983). ♦ État stationnaire (en thermodynamique). ,,État d'un système dans lequel les variables d'intensité ont des valeurs indépendantes du temps`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Les états stationnaires englobent les états d'équilibre et les états de régime, par exemple, les systèmes en équilibre électrostatique ou les systèmes sièges de courants électriques d'intensité constante (Mathieu-KastlerPhys.1983).État stationnaire (en mécanique quantique). ,,État d'un système dont l'énergie a une valeur déterminée`` (Mathieu-Kastler Phys. 1983). Les systèmes microphysiques quantifiés apparaissaient comme se trouvant presque constamment dans des états stationnaires n'évoluant pas au cours du temps, le passage d'un état stationnaire à un autre pouvant s'effectuer brusquement par une transition quantique dont aucune description n'était fournie (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 137). ♦ Ondes stationnaires. ,,Phénomène d'interférence entre deux mouvements vibratoires de même fréquence, qui se traduit par une concordance de phase à de mêmes endroits`` (Électron. 1963-64). Les vibrations d'une corde de violon, d'un tuyau d'orgue ou d'une antenne créent des ondes stationnaires (Électron.1963-64). − PHYS. NUCL. ,,Se dit d'un réacteur thermonucléaire à plasma raréfié dont la réaction n'est ni instantanée ni explosive`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). II. − Subst. masc. A. − 1. ANTIQ. ROMAINE. Soldat d'un poste de police chargé de veiller à la sécurité des routes. (Dict. xixeet xxes.). 2. Rare. Celui qui assure une garde. Synon. gardien.Misard, lui aussi, à six heures, venait de remplacer son collègue, le stationnaire de nuit (Zola, Bête hum., 1890, p. 220). 3. Subst. masc. plur. [Au Moy. Âge] ,,Les libraires et papetiers à la fin du xiiiesiècle, parce qu'ils dressaient leurs éventaires dans les rues désignées à cet effet, et sur les bords de la Seine, comme le font aujourd'hui les bouquinistes`` (Des.-Muller Impr. 1912). Les universités se font leurs propres éditeurs, assurant par leur propagande gloire et profit aux maîtres en renom, veillant à la correction comme à l'orthodoxie des livres qu'elles recommandent et déléguant leurs pouvoirs pour la vente à leurs libraires jurés et à leurs stationnaires (Civilis. écr., 1939, p. 14-5). B. − MAR. ,,Navire de l'État désigné pour surveiller le service de la navigation dans un port ou un fleuve`` (Gruss1978). Le stationnaire des Antilles, le stationnaire de la Nouvelle-Calédonie (Le Clere 1960). Un couple arriva de la salle de danse (...): le petit Jean Terrail, l'enseigne de vaisseau du stationnaire, et sa femme, cette délicieuse poupée française (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 94). ♦ Stationnaire (de pêches). ,,Bâtiment de la Marine Nationale, en général une frégate, sur les lieux de la grande pêche, particulièrement sur les Bancs de Terre-Neuve`` (Gruss 1978). Le commandant du stationnaire remplit éventuellement les fonctions d'administrateur des Affaires Maritimes (Gruss1978). REM. Stationnairement, adv.,inusité. D'une manière stationnaire. (Ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Quillet 1965). Prononc. et Orth.: [stasjɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) fin xiiies. « qui ne bouge pas; stagnant » yaues stactionnaires (Mahieu LeVilain, Les Metheores d'Aristote, éd. R. Edgren, p. 73, 23); b) 1291 « qui reste fixé dans un lieu; sédentaire » (Ordonnance ds Livre des Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 450); 2. 2emoit. xiiies. astron. (Introd. d'astronomie, B.N. 1353, fo26 rods Gdf. Compl.); 1377 (N. Oresme, Ciel et Monde, 106a, éd. A. D. Menut et A. Denomy); 3. a) 1752 méd. fiévre stationnaire « qui règne dans une contrée pendant un certain nombre d'années, en dépendant d'un état ou d'une constitution particulière de l'atmosphère » (Trév. Suppl.); b) 1833 état stationnaire (en parlant d'une maladie) (Transactions médicales, XII, avr., p. 67 ds Quem. DDL t. 8); 4. 1781 « qui demeure au même point, qui ne progresse ni ne regresse » (Turgot,
Œuvres, II, 671 ds Gohin : avoir rendu l'industrie stationnaire). B. Subst. 1. 1721 antiq. « soldat d'un poste de police » (Trév.); 2. id. « diacre qui était de semaine, pour chanter l'évangile à la messe que le pape disait dans les stations » (ibid.); 3. 1800 « vaisseau en station » (Boiste). Empr. au lat.stationarius « qui est de garde »; subst. « officier de poste, de police », en lat. tardif, terme d'astron. « fixe », dér. de statio (v. station). Fréq. abs. littér.: 156. DÉR. Stationnarité, subst. fém.État d'un facteur, d'un phénomène, d'un processus stationnaire. Stationnarité démographique, économique. En effet dans un univers euclidien, stationnaire, uniformément peuplé d'étoiles, la brillance du ciel devrait être infinie. Ces 3 hypothèses: − caractère euclidien de l'espace, − stationnarité, − uniformité, n'ont aucune raison d'être vérifiées (Schatzman, Astrophys., 1963, p. 139).− [stasjɔnaʀite]. − 1reattest. 1963 id.; dér. sav. de stationnaire, suff. -ité, v. -té. BBG. − Gohin 1903, p. 324. _ Quem. DDL t. 8. |