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STAGNANT, -ANTE, adj.
A. − [En parlant de l'eau ou d'un fluide liquide ou gazeux] Qui reste à la même place en nappe immobile. Synon. dormant, immobile.Eau stagnante d'un étang. C'était un de ces brouillards d'hiver, stagnant, très gris, non pas suspendu mais couché à plat sur l'eau (Morand, New-York,1930, p. 28).
P. anal. La chaleur demeurait stagnante sous les chênes (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 189).Des canaux abandonnés montait une odeur stagnante de fièvre (Gracq, Syrtes,1951, p. 90).
P. métaph. Cet écrivain [Zola], qui avait, comme on l'a répété à satiété, le sens des foules, a peu de mouvement par manque de vocabulaire et ses descriptions de batailles, dans la Débâcle, sont stagnantes (L. Daudet, Idées esthét.,1939, p. 23).
MÉD., vx. [En parlant du sang et des humeurs] Qui cesse de circuler et qui s'accumule dans quelque partie du corps (d'apr. Ac.). Humeurs stagnantes. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Au fig. Qui ne progresse pas, qui n'évolue pas. Synon. inerte, mort.Une vie stagnante et morne. Il acceptait, sans révision, comme vérités éternelles, les opinions stagnantes de son milieu (Martin du G., Devenir,1909, p. 14).
Stagnant de.Et plus tard, quand la vie, en proie à la tempête, Ou stagnante d'ennui, n'a plus loisir ni fête (...) De nos beaux ans brisés nous renouons la trame, Et nous nous rappelons nos dimanches d'alors (Sainte-Beuve, Consol.,1830, p. 210).
♦ Dans les domaines écon. et financier.Production industrielle stagnante; affaires stagnantes; la Bourse est stagnante en ce moment. Même si la théorie de M. Rostow (...) est controversée, elle a eu le mérite de poser ce problème du début de la croissance: essayer de préciser, au moins approximativement, pour chaque pays à quelle période se situe le passage d'une économie stagnante à une économie croissante (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 132).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Vous voulez forcer les gens à agir parce que vous avez horreur du stagnant les forcer à agir sans considérer que plus vous intervenez, avant leurs actes, moins ces actes dépendent d'eux (Gide, Paludes,1895, p. 119).
En partic. Qui est inerte, figé. Il est bon que les meilleurs dominent la masse vulgaire de toute la hauteur de leur vertu. Sans émulation, rivalité, jalousie, cette masse demeure amorphe, stagnante, et vautrée (Gide, Thésée,1946, p. 1446).
HIST. POL. Mares stagnantes. V. mare.
Prononc. et Orth.: [stagnɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Seul Martinet-Walter 1973: [-gn-], [-ɳ-], [-nj-]. Selon G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 no1 1981, p. 224: ,,La prononciation [ɳ] [influencée par la graphie -gn- = [ɳ] v. agneau] dans eaux stagnantes et stagnation des eaux aurait été d'abord lyonnaise à l'époque de Domergue mais vers la fin du siècle dernier [ɳ] dans stagnant (...) commençait à s'entendre même à Paris``. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1552 eaue stagnante « qui ne s'écoule pas, reste immobile » (Rabelais, Tiers-Livre, éd. M. A. Screech, chap. L, p. 331); 1773 fig. « qui est peu actif » (Beaumarchais, Suppl. au Mémoire à consulter, I, p. 144). Empr. au lat.stagnans, part. prés. de stagnare (v. stagner). Fréq. abs. littér.: 177.
DÉR.
Stagnance, subst. fém.,littér. Caractère, état de ce qui est stagnant. Synon. stagnation.Immense stagnance du temps, Torpide, verte, lourde extase, Odeur du sol et de la case, Herbages mous comme un étang (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 52).− [stagnɑ ̃:s]. Supra prononc. − 1resattest. 1782 « indifférence » (Laclos, Les Liaisons dangereuses, II, p. 207), 1886 « caractère de ce qui est stagnant » (J. Moréas et P. Adam, Demoiselles Goubert ds Plowert); de stagnant, suff. -ance*.
BBG.François (A.). La Désinence « ance » dans le vocab. fr.: une « pédale » dans la lang. et du style. Genève, 1950, p. 73 (s.v. stagnance). − Gohin 1903, p. 267 (s.v. stagnance), 347, 365. − Quem. DDL t. 7 (s.v. stagnance).