| SPONTANÉITÉ, subst. fém. A. − Mouvement premier qui ne doit sa cause qu'à lui-même. Anton. inertie.La spontanéité d'une action. Depuis les molécules élémentaires jusqu'aux organisations animées, tout se meut ou par impulsion, ou par spontanéité: les révolutions des astres et la génération des animaux en sont les deux plus remarquables exemples (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 228).Il est bien certain, par exemple, que si nous envisagions l'évolution de la vie dans son ensemble, la spontanéité de son mouvement et l'imprévisibilié de ses démarches s'imposeraient à notre attention (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 225). B. − Élan, mouvement propre et original de quelqu'un ou de quelque chose; possibilité de répondre d'une manière immédiate à quelque chose ou à quelqu'un. Synon. franchise, naturel; anton. calcul, raisonnement, réflexion.Spontanéité affective, psychologique, vitale; spontanéité libre, sincère; spontanéité des émotions, des sentiments: spontanéité de l'amour, de la colère, de l'indignation, de la joie, d'une réponse, d'une riposte; être d'une absolue, charmante spontanéité; avec une parfaite spontanéité; spontanéité de l'âme, du cœur, de l'enfant, de la jeunesse. Madame est toujours la même: méfiante, méthodique, dure, rapace, sans un élan, sans une fantaisie, sans une spontanéité, sans un rayon de joie sur sa face de marbre... (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 162).Je lui préfère de beaucoup Chamfort, avec sa vivacité, sa spontanéité, sa simplicité, sa sensibilité (Léautaud, Journal littér., 3, 1913, p. 100). ♦ Dans le domaine de l'art.Spontanéité de la création, de l'inspiration, de l'invention. L'aquarelle a une spontanéité, une fraîcheur, un piment d'éclat, inaccessibles à l'huile (Huysmans, Art mod., 1883, p. 273).Toute spontanéité, tout élan, tout ce qui fait qu'un roman ou qu'une pièce vivent et respirent, voilà ce qu'on assassine en retravaillant certains textes (Green, Journal, 1954, p. 238). − PHILOS. [Chez Kant] Spontanéité de l'entendement. ,,Intervention active de l'intelligence, qui se joint à la réceptivité et à ses formes, pour réunir les intuitions et faire les idées`` (Ac. Compl. 1842). D'abord Kant l'avait jugée [la conscience] incapable de spontanéité et entièrement passive; maintenant il la déclare douée de l'activité spontanée qui caractérise l'entendement (Cousin, Philos. Kant, 1857, p. 93). Prononc. et Orth.: [spɔ
̃taneite]. Ac. 1718: spontaneité; dep. 1740: -né-. Étymol. et Hist. 1695 (Journal des Savans, 4 juill., p. 302: il faut dire que Dieu a créé d'abord l'ame, ou toute autre unité réelle, en sorte que tout lui naisse de son propre fonds, par une parfaite spontaneïté à l'égard d'elle-mesme, et pourtant avec une parfaite conformité aux choses du dehors). Dér. de spontané*; suff. -ité*. Fréq. abs. littér.: 541. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 169, b) 531; xxes.: a) 855, b) 1 357. |