| SPOLIATION, subst. fém. A. − Action de déposséder par violence ou par ruse; résultat de cette action. Synon. dépossession, dépouillement.Spoliation d'héritage. Il enlevait les trésors cachés, les meubles les plus précieux, et dépouillait les cadavres de leurs bijoux. Plus d'une fois, hâtant les effets de la peste trop lente à son gré, il a frappé, dit-on, des victimes dont les cris auraient troublé ses spoliations (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p. 128).L'idée de Karl Marx: Le capital était le résultat de la spoliation, le travail avait le devoir et le droit de reconquérir cette richesse volée (Zola, Germinal, 1885, p. 1340). B. − Spécialement 1. ADMIN. Spoliation d'une lettre. ,,Action de soustraire les valeurs contenues dans cette lettre`` (Lar. 19e). 2. DR. Procès en spoliation. Action en justice intentée à un spoliateur par sa victime pour obtenir la restitution de son bien ou la reconnaissance de son droit. J'ai dit à mademoiselle Brazier qu'elle devait s'en tenir au testament, sous peine d'avoir un procès en spoliation, vu les preuves nombreuses que les différents transports faits de tous côtés donneraient de leurs manœuvres (Balzac, Rabouill., 1842, p. 494). 3. HIST. DE L'ÉGLISE a) Spoliation de l'Église. ,,Confiscation de ses biens par la puissance séculière: la plus spectaculaire en France fut celle de 1789`` (Foi t. 1 1968). b) Fait de dépouiller des monuments. Quoique, depuis l'adoption du christianisme, les tombeaux des rois et des grands fussent ordinairement dans l'enceinte des monastères (...) leur spoliation offrait trop d'appât et de facilité pour ne pas devenir très commune (Legrand d'Aussy, Instit. Mém. scienc. mor. et polit., t. 2, p. 453 ds Littré). 4. MÉD. ANC. Soustraction d'une partie ou de certains éléments constitutifs d'une humeur. La principale [cause de modification de la formule sanguine] est la spoliation sanguine due à l'érosion des vaisseaux par les cellules tumorales (Roussy dsNouv. Traité Méd.fasc. 5, 21929, p. 435).La spoliation chlorée est ici la cause de l'azotémie (Delay, Ét. psychol. méd., 1953, p. 214). REM. Spoliatif, -ive, adj.,méd. anc. Qui allège, qui supprime; qui constitue un remède ou une mesure thérapeutique privant l'organisme d'une certaine quantité de ses humeurs (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Lorsque l'on pratiquoit cette opération [la saignée] avec l'intention de diminuer le volume absolu du sang, on la nommoit spoliative (Encyclop. méthod. Méd.t. 131830). Prononc. et Orth.: [spɔljasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1425 (Olivier de La Haye, Poème sur la grande peste de 1348, éd. G. Guigne, p. 226). Empr. au lat.spoliatio de même sens (dér. de spoliare « spolier (v. ce mot) »). Fréq. abs. littér.: 83. |