| SPHÈRE, subst. fém. I. A. − GÉOM. Figure correspondant à une surface fermée, dont tous les points sont à égale distance (rayon) d'un point intérieur, le centre; ,,surface de révolution qui peut être engendrée par un cercle de centre O et de rayon r tournant autour d'un de ses diamètres`` (Bouvier-George Math. 1979); solide déterminé par cette surface. Mais que dis-je là du triangle? La ligne droite offre assez de champ aux méditations. J'y revenais l'autre jour en concevant une sphère immense sur laquelle il est clair qu'un arc de grand cercle viendrait à la droite d'Euclide, au lieu qu'un cercle parallèle n'y vient point du tout (Alain, Propos, 1924, p. 608). − ASTRONOMIE ♦ Sphère céleste. Sphère fictive ayant pour centre le lieu d'observation et sur la surface de laquelle semblent situés les corps célestes. Une autre nuit que j'étais seul à la barre, je suivais distraitement de l'œil les mouvements du grand mât qui se déplaçant comme sur une sphère céleste me montrait successivement toutes les étoiles du doigt (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 220): 1. Nous rendrons la représentation du mouvement diurne plus expressive en supposant les étoiles figurées, non sur la sphère locale elle-même, mais sur une seconde sphère concentrique, appliquée sur la première ou, conformément à la terminologie consacrée, sur un second feuillet de la sphère céleste.
Danjon, Cosmogr., 1948, p. 47. ♦ Sphères du soleil, de la lune, des planètes. ,,Sphères concentriques auxquelles on imaginait attachés les divers astres qu'elles emportent dans leur mouvement de rotation`` (Rob. 1985). ♦ Sphère terrestre. La Terre considérée comme une sphère légèrement aplatie aux pôles. Le plan qui passe par les pôles terrestres et un point de la sphère terrestre, coupe celle-ci suivant un grand cercle (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér., 1928, p. 6). ♦ Harmonie des sphères. V. harmonie A 1 a. ♦ Sphère armillaire. V. armillaire A 1. B. − P. anal. Corps ayant la forme d'une sphère. Synon. usuel boule, globe.Sphère de plongée. Il m'a plu de montrer tout d'abord, devant la grande cheminée, les types que je viens de décrire, cependant que je laisse dans l'ombre quelques autres s'isolant aux tables de jeux (...) faisant s'entre-choquer les sphères d'ivoire sur le gazon ras du billard (Jammes, Mém.1922, p. 98): 2. Par les guillochis, on apercevait une autre sphère, libre, mobile dans la première et sculptée elle-même à jour, sans une fissure, sans une faille. Elle contenait elle-même une autre sphère plus petite et d'un travail non moins délicat. On en pouvait compter ainsi treize, jusqu'à la sphère centrale qui renfermait un infime rouleau de parchemin sur lequel, en chinois, était peint un poème d'amour.
Duhamel, Suzanne, 1941, p. 231. II. A. − 1. PHYS. [Suivi d'un subst. sans art. introd. par de] Partie de l'espace dans lequel se manifeste un phénomène, une force. Synon. champ1, zone.Sphère d'action, d'activité. La résistance maximum que le corps oppose au déplacement de ses molécules hors de leur sphère d'attraction s'appelle sa résistance élastique ou sa limite d'élasticité (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 24). 2. SPORTS (footb.). Sphère de cuir. Le ballon. Attaquants qui cherchent à y (but) faire pénétrer la sphère de cuir (Vie au Grand Air, déc. 1913ds Petiot 1982). B. − Au fig. 1. Domaine limité où se manifestent et s'exercent l'activité, les attributions ou l'influence de quelqu'un.Petite sphère; rester, se tenir dans sa sphère. Un enfant, un jeune homme estimé dans son entourage, choisit de ne pas affronter un jugement étranger: il se cantonne dans sa sphère et pour ne courir aucun risque désarme à l'avance l'opinion du reste du monde (Beauvoir, Pyrrhus, 1944, p. 107).Même si elle n'acquiert pas chez autrui un pouvoir de gestion proprement dit, elle agit par conseil, recommandation, information. Par ces moyens sa sphère d'influence réelle déborde ses limites apparentes (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 209). − P. ext. Milieu, champ d'action. Hautes sphères; sphères gouvernementales, officielles, de l'État. Sous la République, c'est le principe démocratique et fraternel qui devient la véritable frontière de la France. Ce n'est pas son sol qui s'élargit, c'est son influence, c'est sa sphère de rayonnement et d'attraction sur le continent (Lamart., Trois mois au pouvoir, 1848, p. 199): 3. Nous avons « la sphère d'influence − la sphère diplomatique − les sphères politiques − une sphère plus étendue − la sphère intellectuelle − la sphère morale − la sphère d'activité − une sphère plus élevée − la sphère des idées − la sphère des progrès démocratiques − la sphère des intérêts matériels, etc. », toutes locutions où « sphère » n'évoque plus aucune image, sinon en certains esprits irrespectueux...
Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 309. 2. Étendue restreinte où s'exerce l'action de quelque chose. Il existe 4 sphères sensorielles (...): 1ola sphère tactile (...) 2ola sphère olfactive (...) 3ola sphère visuelle (...) 4ola sphère auditive (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 360). Prononc. et Orth.: [sfε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: sphere; dep. 1740: sphère. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 astron. espere « chacune des régions sphériques sur lesquelles sont situés les différents astres, et entre lesquelles se partage l'espace céleste » (Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 4959); 1404 esperes celestes (Christine de Pisan, Le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, éd. S. Solente, t. 2, p. 18); b) 1269-78 espere « astre, en tant que corps brillant et merveilleux » (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 16917); c) α) 1382 espere « représentation de la sphère céleste » (Philippe de Maizieres, Songe du vieil pelerin, éd. G. W. Coopland, t. 1, p. 606);
β) 1572 « globe terrestre » (Bref et sommaire recueil de L'Entrée de Charles IX à Paris ds Havard t. 4); 2. a) 1269-78 espere « solide limité par une surface dont tous les points sont équidistants du centre (en parlant d'un astre) » (Jean de Meun, op. cit., 19099); 1380 spere (Roques t. 2, 11638); b) 1611 sphere « petit objet quelconque, ayant au moins approximativement la forme sphérique » (Cotgr.); 3. a) 1656, 10 avr. « limites qui bornent certaines choses morales » (Pascal, Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 393); b) 1688 « domaine circonscrit à l'intérieur duquel s'exerce l'action de quelqu'un » (La Bruyère, Des Ouvrages de L'esprit, éd. G. Servois, t. 2, p. 76); c) 1690 phys. « espace dans lequel se manifeste un certain phénomène » sphère d'activité (Fur.). Empr. au lat.sphaera, déjà chez Caton au sens de « boule, boulette », usité surtout dans la lang. philos. au sens de « sphère céleste », lui-même empr. au gr. σ
φ
α
ι
̃
ρ
α « balle, ballon, globe, sphère, etc. ». Fréq. abs. littér.: 1 506. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 358, b) 2 079; xxes.: a) 1 286, b) 1 650. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 426. − Gohin 1903, p. 353. − Quem. DDL t. 3, 5. − Roques (G.). La Lexicogr. et l'alchim. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 456. |