| SOUVERAINEMENT, adv. A. − 1. [Dans un cont. sans marque particulière ou marqué positivement] D'une manière parfaite, totale, excellente; au plus haut degré. Synon. divinement, excellemment, parfaitement.Souverainement aimable, beau, juste, puissant; il importe souverainement de. [Dieu] n'est souverainement bon que parce qu'il est souverainement intelligent (Gozlan, Notaire, 1836, p. 55).Il croit avoir trouvé ce trésor dans la musique et souverainement dans celle de Wagner (Benda, Fr. byz., 1945, p. 282). 2. [Dans un cont. marqué négativement] Au plus haut degré. Synon. extrêmement, tout à fait.Souverainement ennuyeux, indifférent, injuste, ridicule; d'un air souverainement dédaigneux; déplaire souverainement. Mon cousin méprisait souverainement les hommes adonnés à plusieurs vices (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 59).Voix dans la salle, au milieu du bruit. (...). Le Président: Ces manifestations sont souverainement indécentes (A. France,Crainquebille,1905,2etabl.). B. − À la manière d'un souverain, d'une souveraine; avec certaines caractéristiques (suprématie, absolutisme, majesté, etc.) appartenant ou supposées appartenir à un souverain, à une souveraine. Disposer souverainement de qqn; régner souverainement dans, sur qqc. J'ai vu, répondit souverainement Thénardier, des millionnaires qui avaient des redingotes comme cela (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 487).Partout l'eau régit souverainement l'activité humaine (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 19). C. − 1. En tant que détenteur en droit ou en fait de la souveraineté. Ordonnance du 21 avril 1944 (...). Article premier. − Le peuple français décide souverainement de ses futures institutions (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 571). 2. Sans appel, en dernier ressort. S'en rapporter à un certain nombre de personnes notables, qui prononceraient souverainement (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 124).Dans ces cas rares, le Tribunal des conflits statue au fond et juge souverainement (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 182). Prononc. et Orth.: [suvʀ
εnmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 « parfaitement, excellemment » (Beuve de Hantone, II, éd. A. Stimming, 3577); b) 1377 « au suprême degré, très » (Oresme, Le Livre du ciel et du monde, 2, IV, 6, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 694); 2. [ca 1380 liégeois sovranment « avec l'autorité suprême, sans appel » d'apr. FEW t. 12, p. 434b] 1601 souverainement (C. Fauchet, Fleur de la maison de Charlemagne, p. 56); 3. 1461 « surtout, essentiellement, en particulier » (G. Chastellain, Chron., livre IV, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 36); 4. 1862 « avec la majesté d'un souverain » (Hugo, loc. cit.). Dér. de souverain1*; suff. -(e)ment2*. Fréq. abs. littér.: 294. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 617, b) 365; xxes.: a) 374, b) 302. |