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SOUTIEN, subst. masc.
A. −
1. Action de maintenir quelque chose ou quelqu'un en place ou debout en l'empêchant de tomber. Mais qu'avez-vous donc? dit le prince en étendant la main vers le jeune duc, qui chancelait malgré le soutien de Malartic (Gautier, Fracasse, 1863, p. 425).Par le soutien du bois et du métal, le plâtre prend toute forme (Alain, Propos, 1936, p. 653).
− Spécialement
♦ BOT. Tissu de soutien. Tissu assurant à une plante son maintien, sa rigidité. Le tissu fibreux, ossature principale du bois et tissu de soutien chez les bois feuillus, joue en même temps, chez les résineux, le rôle de tissu de conduction (Campredon, Bois, 1948, p. 4).
♦ MÉD., ZOOL., ÉQUIT. Temps de la locomotion pendant lequel un membre n'est plus en contact avec le sol (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975, Villemin 1975). Synon. suspension.Le commandant fermait les yeux, en communion avec le génie hippique (...), pour ne perdre aucun des mouvements qui se passaient sous lui, prêt à les corriger s'ils n'engageaient pas à son gré la masse: « Pied au poser... pied à l'appui... pied au lever... pied au soutien... » (Morand, Extrav., 1936, p. 28).
2. P. méton. Élément, objet qui en maintient un autre en place ou qui permet de se maintenir debout. Le soutien [de la trappe] est une pièce de bois montée sur deux pivots qui traverse la rue dans sa largeur (Moynet, Machinerie théâtr., 1893, p. 90).Nos yeux (...) découvrent un escalier tournant très rapide, où pend, pour soutien, une grosse corde grasse (A. France, Vie fleur, 1922, p. 300).
B. − P. anal.
1.
a) Action d'aider à la réalisation de quelque chose ou d'aider quelqu'un en vue de lui permettre de réussir à mener à bien quelque chose. Synon. aide, appui; anton. gêne.Le rôle essentiel du pianiste, dans un orchestre de jazz, est de fournir un soutien harmonique et rythmique (Panassié, Jazz hot, 1934, p. 153).Cette catégorie, d'une vitesse assez peu élevée (16 à 19 nœuds), convenait pour l'escorte anti-sous-marine et pour le soutien des opérations de débarquement (Le Masson, Mar., 1951, p. 23).
− [Avec un compl. indiquant ce qui soutient] La bourgeoisie devine que son pouvoir matériel exige le soutien d'un pouvoir d'opinion (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 118).Il paraît impossible que Vienne agisse avec tant d'audace sans s'être assuré le soutien de l'Allemagne (Martin du G, Thib., Été 14, 1936, p. 254).
b) Spécialement
α) ART MILIT.
− Subst. + de soutien.Qui apporte une aide ou fait partie des infrastructures nécessaires aux forces engagées dans l'action. Unité, force de soutien. Napoléon devra quérir à Saint-Pétersbourg son traité, en plein hiver russe, et à deux cents lieues de ses lignes de soutien (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 66).La 10earmée avancerait ses têtes de colonne (...) et (...), tout en conservant sa mission de soutien éventuel dans la région d'Arras, elle étudierait l'intervention d'une partie de ses forces sur le front Cambrin, Béthune, Robecq (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 65).
− Subst. + en soutien.Destiné à soutenir (quelque chose). Les Américains mettant, d'une part, des parachutistes et des chars en soutien des Français (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 59).
β) ÉCON. ,,Action par laquelle un agent économique achète pour que le prix se tienne`` (Combe 1971). Le soutien des cours.
γ) LING. Voyelle de soutien. ,,Voyelle (...) ajoutée aux éléments constitutifs du mot pour rendre possible ou plus aisée l'articulation de phonèmes en conflit`` (Mar. Lex. 1933). Synon. voyelle d'appui*.
δ) JEUX (bridge). ,,Annonce de la couleur déclarée par le partenaire`` (Cos. Bridge 1984). Soutien d'une couleur 4e(...). Soutien avec saut (Cos. Bridge 1984).
2. P. méton.
a) Ce qui permet à quelque chose de se maintenir et/ou de parfaire son développement, ou ce qui aide quelqu'un à traverser une épreuve. Synon. aide, appui; anton. entrave.J'aurai quelques amis, soutiens de ma vieillesse (Chénier, Élégies, 1794, p. 40).Jérôme Barère (...) était le principal soutien de la candidature Lartois (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 26).
− [Avec un compl. indiquant ce qui soutient]
♦ Soutien de + subst.Chanté sans accompagnement, sans soutien d'orgue, par des voix indifférentes à elles-mêmes et fondues en une seule, mâle et profonde, il [cet admirable chant] montait en une tranquille audace (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 41):
Les Juifs (...) paraissent présenter un exemple, et le seul, d'une race spirituelle poursuivie, prolongée (...), sans le soutien d'un État, et particulièrement d'une armée. Péguy, Argent, 1913, p. 1219.
♦ Soutien + adj.Une immense idée, que les Anciens soupçonnaient à peine, s'est dégagée des langues théologiques, et marche maintenant sur la terre, sans aucun soutien extérieur (Alain, Propos, 1921, p. 327).
− [Sans compl.] Il se confiait à Renée, et cherchait en elle un soutien (Arland, Ordre, 1929, p. 205).
b) Personne qui, par son action, contribue à la réussite ou au maintien de quelque chose ou de quelqu'un. Synon. appui, partisan, défenseur, protecteur; anton. saboteur, torpilleur (fam.).Les soutiens ordinaires de M. de Saint-Cyran à la Cour, M. Molé et M. de Chavigny, le tirèrent d'affaire cette fois encore (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 203).Le compagnonnage se rétablissait et quelques associations de secours mutuel se fondaient qui, à l'occasion, se muaient en soutiens de la résistance (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 602).
[Sans compl.] Le romantisme n'a sans doute pas eu de soutien plus puissant (encore que dissimulé) que Pierre Lasserre et les néo-classiques (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 147).
En partic. Secours financier apporté à quelqu'un pour l'aider à subsister. La nation donne aux familles un soutien proportionné au nombre de leurs enfants et qui dure, pour chacun d'eux, depuis le jour où s'annonce sa naissance jusqu'à celui où il devient capable de subvenir à ses besoins (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 97).
Spécialement
♦ DR. Soutien de famille. Jeune homme dont l'activité est indispensable pour assurer la subsistance de sa famille et dont la présence sous les drapeaux permet à celle-ci de bénéficier d'allocations journalières versées par l'État (d'apr. Cap. 1936). Les gens sortaient, leur air misérable, leurs pauvres corps inclinés, m'avertissaient que bien des soutiens de famille enlevés par la guerre avaient laissé de grands besoins derrière eux (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 136).
♦ MÉD., ORTHOP. Soutien-voûte. ,,Semelle partielle que l'on place dans la chaussure pour relever la voûte plantaire`` (Kamen. 1972). Soutien lombaire. ,,Corset avec baleines postérieures`` (Kamen. 1972).
C. −
1. Fait de recevoir la poussée de quelque chose sans fléchir. Synon. étaiement.[À Pise] les colonnes extérieures du temple grec se sont réduites, multipliées, élevées en l'air, et, du soutien ont passé à l'ornement (Taine, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 67).
− Subst. + de soutien.Qui sert à soutenir. Colonnes, mur, poutre de soutien. C'est son poids qui contraint les trois hommes à s'arc-bouter pour constituer cette voûte de soutien (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 99).
2. P. méton. Ce qui reçoit la poussée de quelque chose et résiste sans fléchir. Synon. étai, étançon (technol.), support, tuteur.C'est à l'espacement des arbres d'un verger, aux pommiers d'une cour de ferme normande, aux ormes, soutiens des vignes en Italie dans la région de Sienne, que j'aurais dû comparer le clairsemé des arbres dans la savane que nous traversons depuis tant de jours (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 796).C'est non pas les fondations, mais par le haut qu'on commença les travaux en exécutant au fur et à mesure les étaiements et soutiens nécessaires (Cain, Transform. B.N., 1959, p. 23).
REM.
Soutien-pieds, subst. masc.,hapax. Support destiné à soutenir les pieds. Elle ne pouvait savoir encore qu'il aimait poser la plante de son pied nu sur le contrefort nu du sien, comme un crucifié sur le soutien-pieds de sa croix (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1298).
Prononc. et Orth.: [sutjε ̃]. Ac. 1694, 1718: soustien ; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1348 « appui » (Le Songe vert ds Romania t. 33, p. 520: le sostien de Fortune); b) 1579 d'une personne (Larivey, Morfondu, III, 5 ds Anc. Théâtre fr., t. 5, p. 343: [Charles] M'amour, vous soyez le bien trouvé. [Claire] Et vous le très bien venu, ô seul soustien de ma vie!); c) 1618 de soutien (en parlant d'une unité armée) (D'AubignÉ, Hist. univ., II, 68 ds Littré); d) 1740 le soutien de la famille (Varenne, Mém. du Chev. de Ravanne, p. 34); d'où 1871 soutien de famille (Davout, Réorg. milit., p. 17); 2. a) 1598 « ce qui maintient quelque chose, support » (Invent. du château de Nérac ds Havard); b) 1673 hérald. (F. Menestrier, Abrégé méthodique des principes hérald., 27 ds Quem. DDL à paraître); c) 1783 bot. (Bulliard Bot., s.v. supports); d'où 1931 tissus de soutien (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, p. 116); 3. a) 1620 (D'Aubigné, Tragiques, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 1, p. 64: Pour y semer le bled, le soutien de la guerre); b) 1636 « ce qui donne ou redonne des forces » (Corneille, L'Illusion, IV, 4: C'est un mets delicat [l'ambrosie], et de peu de soutien: A moins que d'être un Dieu l'on n'en vivroit pas bien); 4. a) 1679 mus. le soutien de la voix (De Bacilly, L'Art de bien chanter, p. 136); b) 1908-27 soutien de la note inférieure (Mocquereau, Nombre mus. grégor., p. 403); 5. a) 1707 « argument, raison » (Boisguillebert, Détail de la France, Suppl. ds LittrÉ); b) 1778 (Beaumarchais, Réponse ingénue ds Œuvres, éd. 1809, t. 4, p. 222: produire [une lettre] au soutien d'un acte qui n'avait nul besoin de soutien); 6. 1786 soutiens pièces du costume féminin (Lettre d'un garde du roi ds Rigaud, Dict. jargon paris., 1878); 7.1949 soutien des prix (P. Uri, Les Temps mod., 48, 740 ds Quem. DDL à paraître). Déverbal de soutenir*. Fréq. abs. littér.: 622. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 245, b) 714; xxes.: a) 735, b) 761. Bbg. Barbier (P.). Nouv. ét. de lexicol. fr. Rom. Philol. 1955/56, t. 9, pp. 6-11. − Quem. DDL t. 21, 27.