| SOUPESER, verbe trans. A. − Évaluer au jugé le poids d'un objet, d'une personne ou d'un animal en le soutenant dans la main ou en le soulevant. Soupeser une bourse, un colis, une lettre, un paquet. As-tu vu le coup? demande M. Lepic qui soupèse un lièvre chaud encore (Renard,Poil Carotte, 1894, p. 232).Un beau garçon, dit la sage-femme. Délicat, mais bien vivant. Six livres, je dirais, dit-elle, le soupesant entre ses bras ronds (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 448).V. gourde1ex. 1. − Absol. Il examine, soupèse, et annonce en déchirant l'enveloppe: − C'est d'ma vieille (Barbusse,Feu, 1916, p. 93). B. − Au fig. Considérer avec attention pour estimer à sa juste valeur. Synon. estimer, évaluer, jauger, peser (le pour et le contre). 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] Soupeser des arguments. En général, l'heure de la toilette était pour M. Baslèvre celle des réflexions, agréables ou moroses, destinées à soupeser les actes de la veille et les projets du jour (Estaunié,Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 100).Le Kaiser, conseillé comme il l'est, a soupesé le risque: le risque d'un veto russe, le risque d'une guerre générale (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 254). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Soupeser qqn de l'œil, du regard. Mais celui-là que je tiens dans sa geôle, s'il (...) tâte les barreaux pour connaître si l'un d'eux remue, et soupèse de l'œil ses geôliers, je le devine déjà déambulant dans la liberté des campagnes (Saint-Exup.,Citad., 1944, p. 766). Prononc. et Orth.: [supəze], (il) soupèse [-pε:z]. Pas d'élision du [ə] (Barbeau-Rodhe 1930, Lerond 1980). Ac. 1694, 1718: sous-; dep. 1740: sou-. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. [date du ms.] sozpeser « soulever (une chose) avec la main pour en juger le poids » (De Barat et de Haimet ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 4, p. 110); 1372 souppeser (Denis Foulechat, Trad. du Policraticus de Jean de Salisbury, B. N. 24287, f o94d ds Gdf. Compl.); b) 1230 souzpeser « suspendre » (Gaydon, 278 ds T.-L.); c) ca 1240 soupeser « porter une chose lourde » (Octavian, 3823, ibid.); 2. 1269-78 soupeser « examiner attentivement » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 6767). Formé de sous* et de peser*. Fréq. abs. littér.: 125. DÉR. Soupèsement, subst. masc.a) Action de soupeser quelque chose, d'en évaluer le poids; p. méton., résultat de cette action. Des soupèsements dans lesquels interviennent les deux bras au lieu d'un seul (Piéron,Sensation, 1945, p. 384).b) Psychol., méd. Illusion de soupèsement. Illusion consistant à évaluer par comparaison deux objets de même poids et de volume différent, et à estimer plus lourd le moins volumineux. V. illusion ex. 2.c) Au fig. Synon. de estimation, évaluation.Ce paradigme repose sur une écoute, une écoute délicate, attentive, nuancée, faite de tergiversations, de réflexions, de soupèsements: toute une dialectique du mitigé, de l'essentiel et de l'accessoire (Le Devoir, 31 oct. 1972, p. 5, col. 6).− [supεzmɑ
̃]. − 1reattest. 1636 (Monet); de soupeser, suff. -(e)ment1*. |