| * Dans l'article "SOUILLON,, subst." SOUILLON, subst. Familier A. − 1. Subst. fém. ou masc. Femme malpropre, peu soignée dans sa mise et dans sa personne. Les petites princesses que je pourrais épouser ne me touchent pas, tandis qu'un regard (...) du plus noir petit souillon rencontré dans les rues florentines, fait battre follement mon cœur (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 173).Ma mère m'habillait mal et mon père me reprochait d'être mal habillé: je devins une souillon (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 182). − Empl. adj. Une bonne parut, qui n'était pas plus souillon qu'une autre (...) La fille toisa Angèle (...) cette femme en noir, aux cheveux sans doute un peu trop blond (Vialar, Bête de chasse, 1952, p. 70). − En partic., vieilli. Femme de mauvaise vie, prostituée de bas étage. Voir ferlampier ex. de Huysmans. 2. Subst. masc., fam. ou vieilli. Homme malpropre, peu soigné. Tel quel, ignoble autant que possible et lugubre à l'excès, ce souillon à nul autre pareil, avait entre ses lèvres flétries, au lieu du bout de paille qu'y fourrent volontiers les praticiens au moment de se tailler des croupières, un bouton de rose dont il mâchonnait la queue (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 264).Nous retournant au bout de cinquante ou cent mètres Nous verrons le souillon jouer au gazomètre Et nous péter au nez ses infâmes insultes (Queneau, Si tu t'imagines, 1952, p. 160). − P. anal. Celui qui souille quelque chose, qui fait malproprement quelque chose. C'est enfin M. Vitrac, véritable souillon des idées − abandonnons-leur la « poésie pure », à lui et à cet autre cancrelat l'abbé Bremond − (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 107). B. − Subst. fém. Servante, domestique qui est employée pour faire la vaisselle et les gros travaux salissants. Ce particulier si pauvrement vêtu, qui tirait de sa poche les roues de derrière avec tant d'aisance et qui prodiguait des poupées gigantesques à de petites souillons en sabots, était certainement un bonhomme magnifique et redoutable (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 495).Cette sonnette cassée, cette souillon qui vous ouvrait, cette petite antichambre puante... et cependant le docteur était bien, comme l'avait dit M. Octave, un homme tout cuirassé d'or, et qui traitait d'égal à égal avec tous les gros du département (Montherl., Célibataires, 1934, p. 889). − Empl. adj. fém., hapax. Qui est dans l'indigence, qui fait penser à une domestique chargée des travaux salissants. Costume noir de la plantigrade sans remords ou de la passante laborieuse que vingt mille romans ont décrit et dont le prix ne défraierait pas le déjeuner d'une souillonne impératrice des Indes (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 60). − En souillon.En négligé, en tenue négligée pour faire le ménage, les gros travaux. Corentine le reçut, les bras nus, en souillon, profitant de l'absence de madame pour faire un grand savonnage (A. Daudet, Immortel, 1888, p. 173).MmeGoutay apparut sur le seuil de la cuisine. Elle s'excusa d'être surprise en souillon. − J'étais après la vaisselle, dit-elle. Je cours changer de tablier et je vous suis (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 10). REM. 1. Souillasse, subst. et adj. fém.,péj., rare. (Femme) malpropre, souillon. La noblesse ingénue de son maintien avait révolté ces petites souillasses qui la traitèrent de « poseuse » (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 31).Il fallait donc, à toute force, que l'audiencière ulcérée se contentât de la société des bonnes, des cuisinières ou des concubines de croque-morts plus ou moins souillasses des alentours (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 246). 2. Souillonner, verbe trans.,péj. Salir, abîmer quelque chose, manier une chose sans précaution, avec peu de soin. Tu entends par là que ta tante n'a pas de goût, que ta tante est une bête (...) qui souillonne ce qu'elle touche. Ah! je souillonne? (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 211). 3. Souillonnerie, subst. fém.,péj. Fait d'être souillon, peu soigneux. [Marta] n'attend rien pour la propreté de ses pots et de ses assiettes de son invincible souillonnerie (Arnoux, Seigneur, 1955, p. 49). 4. Souillonnet, -ette, adj.,péj., hapax. Peu soigné de sa personne. Mise sans beaucoup de soin, − une jaquette qui bâillait, des boutons qui manquaient, de vilains souliers usés, l'air un peu souillonnette, − elle charmait par sa grâce juvénile (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 273). 5. Soussouille, subst. fém.,péj. Souillon, jeune fille peu soigneuse. Mais vous, vous n'avez donc pas de petite camarade, que vous venez seul à la foire? Il voulut se faire valoir, disant qu'il ne pourrait aimer qu'une fille honnête et gentille, et non une de ces soussouilles comme les ouvriers en ont souvent (Huysmans,Sœurs Vatard, 1879, p. 94). Prononc. et Orth.: [sujɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1425 soullons « personne sale, négligée » (Le Pastoralet, ms. Bruxelles, f o60 r ods Gdf. Compl.); ca 1530 souillons de cuysine « servante qui lave la vaisselle » (Songecreux, Prénostication, éd. P. Lacroix, 37). Dér. de souiller*; suff. -on1*. Fréq. abs. littér.: 51. |