| SOUDURE, subst. fém. A. − 1. Assemblage de deux pièces de métal, de verre ou de deux produits synthétiques en un tout continu, généralement obtenu en chauffant, ou au moyen d'un métal ou d'un alliage intermédiaire. Synon. soudage.[Les barreaux des couronnes de Cluny] sont soudés les uns aux autres, et la soudure est faite avec de l'or (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 374).La soudure de deux matières plastiques entre elles (Gold-schmidt, Avent. atom., 1962, p. 234).V. brasure ex. SYNT. Soudure de deux morceaux, de deux pièces métalliques, de verre; soudure de deux tissus synthétiques aux ultrasons; soudure électrique (synon. électrosoudure, s.v. électro-); soudure au chalumeau, au fer à souder, à la lampe à souder, au laser; soudure à l'argent, à l'étain, à l'or; soudure par bombardement atomique, électronique, par friction, par fusion, par laminage, par martelage, par pression; soudure par points; soudure à haute température; soudure à plat; faire un point de soudure; poste, température de soudure. ♦ Soudure à l'arc*. Soudure (à l')autogène*. Soudure hétérogène. ,,Liaison sans fusion de deux pièces de même nature ou de nature différente par la fusion du métal d'apport de compositions différentes des pièces à souder`` (Boissier 1975). 2. P. méton. a) Alliage fusible à base de plomb ou d'étain, de cuivre et de zinc, servant à souder les métaux. Synon. brasure.Soudure blanche, grasse, jaune. On chauffe légèrement le joint avec la lampe à souder; on coule alors de la soudure à l'étain (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 237).On approche le bâton de soudure et on chauffe simultanément le bâton et les tubes. La soudure se ramollit, on l'applique sur les tubes (A. Leclerc, Télégr. et téléph., 1924, p. 311). b) Endroit où deux pièces sont soudées; façon dont elles sont soudées. Soudure solide, qui se défait; rupture d'une soudure; limer une soudure; contrôle, étude radiographique d'une soudure. Une belle soudure doit être invisible (Arts et litt., 1935, p. 22-3).Lorsque, par hasard, une soudure révèle un excès de métal, celui-ci est réduit au marteau à l'épaisseur normale (Fillon, Serrurier, 1942, p. 13). B. − 1. Réunion par adhérence; jonction de deux parties en contact. Soudure des os du crâne, des pétales d'une fleur. Le mortier assure la soudure des pierres (Cléret de Langavant, Ciments et bétons, 1953, p. 147).Il n'y a jamais soudure entre la surface du bois mis à nu (...) et les couches nouvelles du bois produites après la cicatrisation complète (Cochet, Bois, 1963, p. 28).V. souder B 1 ex. de Cl. Bernard. − P. méton. Endroit où deux choses sont réunies par adhérence. Une discontinuité dans les tissus des cylindres ligneux respectifs du sujet et du greffon, ainsi que dans la soudure de leurs écorces (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 78). − P. exagér. Union intime. L'orchestre argentin (...) redouble de langueur et (...) un éclairage de pénombre favorise la soudure des couples (Arnoux, Roy. ombres, 1954, p. 74). 2. [Le compl. du n. désigne des étendues ou des choses considérées par rapport à leur étendue] Action de faire se toucher, de réunir. Soudure de deux continents. Les 1reet 3earmées françaises, dont la soudure n'avait pu être encore solidement réalisée (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 30). − P. méton. Endroit où deux choses se touchent, sont réunies. Le spectacle qu'offre aujourd'hui le peuplement (...) de l'Europe, est tellement composite qu'il faudrait souvent des cartes à très grande échelle pour distinguer les soudures qui ont fini par rapprocher en une apparence de continuité les différents groupes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 40). 3. Au fig. Jonction, transition entre deux choses ayant un développement temporel ou entre deux personnes considérées par rapport au temps. Soudure entre deux livraisons, entre deux nominations; faire la soudure entre deux récoltes. Le marché de la viande (...) est irrégulier, trop sensible au rythme des saisons; dans les époques de soudure difficile, la tension des cours est utilisée par les spéculateurs (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 185).Du moins M. Thibau restait-il pour « assurer la soudure » avec le nouveau directeur (Le Monde, 15 déc. 1967ds Gilb. 1971). C. − Au fig. 1. Union étroite de personnes. Synon. fusion.Vous êtes le seul homme de votre parti! Il n'y a pas d'abîme: à peine un fossé, qui se comble chaque jour. La force des choses pousse de votre côté ces gens-là: pour que la soudure se fasse, vous n'aurez qu'à marquer le pas sur place, à vous délester de quelques utopies (Vogüé, Morts, 1899, p. 181). 2. Union étroite de choses abstraites. La communauté de signification entre les deux expériences ne suffit pas à assurer leur soudure en une expérience unique (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 260).V. hippocratisme A ex. de Bernard. − En partic. Union étroite d'éléments linguistiques. Soudure de mots composés. La soudure de l'article (...) loriot pour l'oriot (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 106).En latin Possum n'est pas autre chose que la soudure de deux mots Potis Sum (Sauss.1916, p. 244). Prononc. et Orth.: [sudy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) [Fin xies. soldedure [transcr. d'une gl. en caractères hébr.] « alliage fusible servant à souder » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter, 72 [Is. 41, 7])] 1260 saudure (Etienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXVI, 10, p. 137); fin xiiies.-déb. xives. [date ms.] soudure (Thomas de Kent, Roman de toute chevalerie, éd. B. Foster et I. Short, 4292, var.); b) 1694 soudure maçonn. « plâtre servant aux raccords des enduits » (Corneille); 2. a) 1314 soudeure « union, adhérence de deux parties » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 1241: ramener es plaies beles soudeures [= cicatrices]); b) 1339 [date var. ms.] soudure fig. « réunion, réconciliation de deux personnes » (Renart, éd. E. Martin, Va, 921, t. 1, p. 186 et t. 3, p. 174); 1456 (Villon, Lais, 39, éd. J. Rychner et A. Henry, p. 13: Rompre veult la vive soudure); c) α) 1899 fig. « jonction, rencontre » (Vogüé, loc. cit.); 1960 (l'Université syndicaliste, 7 nov. ds Gilb. 1971: effectuer la soudure entre le second degré et le supérieur);
β) 1941 comm. « continuité d'un approvisionnement » (L'Œuvre, 5 mars: assurer la soudure [blé, céréales]); 1957 (Camus, Exil et Roy., p. 1610: faire la soudure avec la prochaine récolte); d) 1899 ling. (Gourmont, loc. cit.); e) 1964 géogr., géol. (Rob.); 3. 1547 « partie soudée » (Mellin de Saint-Gelais,
Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 96: L'acier, au lieu de sa soudure Est plus fort qu'ailleurs et plus ferme); 4. a) 1636 « opération par laquelle on réunit deux corps solides, spécialement deux métaux » (Monet); 1847 soudure autogène (Laboulaye, Dict. des arts et manufactures: Soudure autogène. M. Desbassayns de Richemont a nommé ainsi la soudure d'un métal par lui-même); 1890 soudure électrique (Lar. 19eSuppl.); 1922 soudure électrique par résistance (Lar. mens., p. 796); 1929 soudure à l'arc électrique (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 17, p. 86); 1964 soudure par étincelage (Lar. encyclop.); 1964 soudure au chalumeau à hydrogène atomique (Rob.); 1964 soudure hétérogène (ibid.); 1968 soudure par bombardement électronique (Lar. encyclop. Suppl.); 1985 soudure au laser (Rob.); b) 1968 industr. text. « assemblage de tissus par ultrasons » (Lar. encyclop. Suppl.). Dér. de souder*; suff. -ure*. Cf. lat. médiév. solidatura argenti (ixes. ds FEW t. 12, p. 48, note 6). Fréq. abs. littér.: 85. Bbg. Gohin 1903, p. 371. − Sculpt. 1978, p. 634. |