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* Dans l'article "SOT, SOTTE,, adj. et subst."
SOT, SOTTE, adj. et subst.
I. − Adj. [Pour indiquer un défaut ou une erreur de jugement]
A. − [Qualifie une pers.]
1. Qui est dénué d'intelligence, de bons sens. Synon. balourd, bête, borné, idiot, imbécile, niais, obtus, stupide; anton. avisé, clairvoyant, intelligent, sage, sensé.Homme sot; femme, fille sotte; sotte créature; sot animal; être sot(te) et laid(e). Sottes gens que ces auteurs de morale qui n'ont pas le souci ni le sens de ces inconséquences constantes, et qui vont droit devant eux en raisonnant sur les choses qui devraient se passer comme elles ne se passent pas en effet (Blondel,Action, 1893, p. 170):
1. Lorsque l'homme est suffisamment et solidement sot, lorsqu'il ne se doute même pas des différences de valeurs logiques, qu'il ne sent pas l'escamotage des objections, qu'il confond des impressions primitives, naïves, avec l'authenticité, etc. l'opinion en lui se baptise conviction. Valéry,Tel quel II, 1943, p. 299.
a) Fam. [Par affaiblissement de sens; dans des expr. du type être bien/assez sot de/pour...] Déraisonnable. Synon. être bien/assez bête.Je mourais de colère contre moi-même: quoi! j'avais été assez sot pour parler à mes parents de ce qui m'intéressait? (Stendhal,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 300).Ce double mouvement des épaules signifie ainsi, par sa nature même: « Ce n'était que cela; je suis bien sot de m'émouvoir » (Alain,Propos, 1910, p. 79).
b) Empl. subst. Synon. idiot, imbécile; (fam.) abruti, andouille, crétin.Un(e) jeune, grand(e) sot(te); passer pour un sot. Votre cousine est une petite sotte, sans éducation, commune, sans dot, et qui passe sa vie à raccommoder des torchons (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 61).Les sots sont sots exprès et admirablement. J'en connais cent, qui se font bêtes parce qu'on les croit bêtes. Tout enfant a fait cette expérience; le visage sévère, méprisant, blâmant déjà, vous rappelle à une sorte de devoir; vous êtes niais par politesse (Alain,Propos, 1931, p. 1010).
Locutions
α) [Pour atténuer ou renforcer l'appréciation qu'implique le subst. seul]
Demi-sot (en compos.), triple sot. Tu t'es endormi tranquillement avec l'espoir de te réveiller, de voir luire des jours meilleurs (...) Triple sot! (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 18).Vu ces jours-ci un homme que Stendhal eût appelé un demi-sot. Le demi-sot en question a des parties d'intelligence que je ne songerais pas à nier; il est même, quelquefois, assez brillant, mais profondément c'est un sot et l'on dirait que ce qu'il a d'intelligence ne sert qu'à alimenter sa sottise (Green,Journal, 1945, p. 255).
Sot en trois lettres. Extrêmement sot. Aux yeux de quiconque n'est point un sot, en trois lettres, toutes les sciences sont intéressantes (M. BLoch,Apol. pour hist., 1944, p. xi).
β) Vieilli ou littér. Quelque sot! [P. ell. du syntagme verbal quelque sot pourrait le croire, le dire, le faire, etc.] Fallait-il donc repousser la fortune pour braver le péril? Quelque sot! Saint Thomas de Cantorbéry n'accepta-t-il pas les châteaux de Henri II? (Mérimée,Abbé Aubain, 1847, p. 170).Vous en vouloir, moi? Quelque sot! (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Dédic., 1890, p. 95).
2. Qui manifeste de la confusion, de l'embarras, de la maladresse. Synon. déconcerté, embarrassé, interdit, troublé.Se trouver (tout) sot. Lorsque (...) on voulut enlever le mobilier, Desroches, un peu sot de s'être laissé pincer par son confrère (telle fut son expression), s'y opposa (Balzac,Illus. perdues, 1843, p. 595).On venait de bien rire avec les hirondelles: l'Antoinette se croyait de les attraper, comme on attrape des mouches. Elle faisait « plouf » en l'air, avec sa petite main chaque fois qu'il en passait une. Puis elle restait sotte en ouvrant ses doigts (Giono,Gd Troupeau, 1931, p. 80).
[Qualifie le comportement, la physionomie d'une pers.] Faire une sotte figure. Grand dieu! Comme la timidité donne l'air sot à l'homme le plus aimable! (Stendhal,L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 13).Il se troubla, il prit une mine sotte (Zola,Terre, 1887, p. 19).
B. − [Qualifie une chose]
1. [Qualifie une manifestation de l'esprit humain] Qui dénote, traduit une absence d'intelligence, de jugement, de bon sens. Synon. idiot, imbécile, stupide; anton. sage, sensé.Sotte demande; sotte manie; sotte question; sot orgueil; sots propos. L'affirmative n'est pas soutenable; mais que dirait-on si elle était soutenue par des docteurs qui, tout en décriant la médecine, vous soumettraient eux-mêmes à un traitement fondé sur un vieil empirisme et sur les plus sots préjugés? (Say,Écon. pol., 1832, p. 43):
2. Je lis un assez sot article dans le Mercure (du 16 février dernier) sur Salammbô et l'archéologie punique. « L'erreur de Flaubert », y est-il dit, « où Flaubert se trompe... » Je ne suis pas convaincu que M. Pezard, l'auteur de l'article, ne se soit pas trompé davantage en lisant Salammbô. Gide,Journal, 1908, p. 266.
2. [Qualifie un événement, une situation] Grotesque, ridicule. Synon. fâcheux.C'est une assez sotte coutume de faire cadeau d'armes à feu aux sauvages! (Verne,Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 163).S'ils avaient écouté la voix de la raison (...). L'amour libre aurait remplacé les sottes conventions du mariage (Maurois,Ariel, 1923, p. 10).
Expr. Il n'y a pas de sot métier*.
3. [Dans une tournure impers.] Thierry démontre, à propos des barbares, combien il est sot de rechercher si tel prince fut bon ou fut mauvais (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 122).Cela paraît bien sot à dire, et pourtant c'est la vérité: toutes les apparences sont contre moi et j'ai l'air de jouer une affreuse comédie (Bernanos,Joie, 1929, p. 691).
4. P. anal., pop. Engourdi par le froid. Synon. gourd.Des mains sottes, des mains dont on ne peut se servir (France1907).
II. − Subst., HIST. LITTÉR. [Au Moy. Âge] Personnage de bouffon, de fou jouant dans une sotie. Le mardi gras de l'année 1511 est surtout mémorable dans l'histoire du théâtre par la représentation du Prince des sots et de Mère-sotte, qui se donna aux halles de Paris (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 204).
Fête des Sots. Fête annuelle célébrée par des sociétés nommées « soties ». (Dict. xixeet xxes.).
REM. 1.
Sosot, -otte, adj. et subst.,synon. de sot, sotte. [P. affaiblissement, atténuation]La préfète: jeune, fraîche, boulotte, un peu sosotte (Gyp,Gde vie, 1891, p. 58).« Savez-vous, ma mère », insistait Sabine, « comment cette petite sosotte appelle cet animal? » (Bourget,Geôle, 1923, p. 13).Var. sossot (ds France 1907 et Car. Argot 1977).
2.
Sotiot, subst. masc.,région. (Berry), synon. de sot, sotte.Pourquoi donc ne voulez-vous pas que je raconte à maître Pierre ce qui s'est passé à son sujet tantôt avec ce grand sotiot de Polydore (Sand,Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 159).
Prononc. et Orth.: [so], fém. [sɔt]. Vestiges d'un masc. [sɔt]. (Ds Fér. Crit. t. 3 1788, Nod. 1844, Littré, Rouss.-Lacl. 1927, p. 171, Grammont Prononc. 1938, p. 94), de nature peut-être expressive (Littré). Mart. Comment prononce 1913, p. 328: ,,On prononçait le t de sot et mot devant un repos comme devant une voyelle`` Ac. 1694: sot, -ote; dep. 1718: sotte. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 soz adj. « qui manque d'intelligence, de jugement » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5570); fin xiies. sos subst. « insensé, personne qui manque d'intelligence, de jugement » (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, p. 19: li sos vet en tenebres [Eccl. 2, 14]); b) 1655 sot adj. « embarrassé, confus » (Molière, Etourdi, 870: un homme [...] qui s'est trouvé fort sot); 2. a) 2emoit. xiiies. [date ms.] sot subst. « fou, bouffon » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 4077 [fol ds éd. F. Lecoy, 4059]); b) 1387 « personnage de fou, de bouffon, dans une sotie » ([Arch. nat.] JJ 130, pièce 271 ds La Curne: le jeu des sos); 3. a) av. 1453 « qui ne dénote ni intelligence, ni jugement (en parlant de quelque chose) » (Monstrelet, Chron., l. 1, chap. 78, éd. L. Douët-D'Arcq, t. 2, p. 185: ledit duc de Bourgongne, voiant leur sote et rude manière); b) 1783 proverbe il n'y a point de sot métier (Mirabeau, Le Libertin de qualité, Paris, Bibl. des curieux [1911], p. 102). Du lat. médiév. sottus « sot » (ca 800, Theodulf ds Du Cange et Blaise Latin. Med. Aev.), d'orig. inc., peut-être issu d'un rad. *sott- (FEW t. 12, pp. 508-512). Fréq. abs. littér.: 2 769. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 272, b) 3 445; xxes.: a) 4 007, b) 3 020. Bbg. Hasselrot 1957, p. 218. − Lerat (P.). Le Ridicule et son expression dans les comédies fr. de Scarron à Molière. Thèse, Paris, 1978, pp. 215-244.