| SORNETTE, subst. fém. A. − Le plus souvent au plur. 1. Chose insignifiante, de peu d'importance. Ce n'est pas pour être Mmela maréchale, je me soucie de ces sornettes comme de la conscience de MmeMarneffe (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 159).On n'a plus le respect; on a perdu la foi; Les usages anciens sont traités de sornettes (Ponsard, Honn. et argent, 1853, II, 7, p. 45). 2. a) Discours, propos ou écrit dénué d'intérêt; affirmation sans fondement. Synon. bagatelle, baliverne (fam.), billevesée (littér. ou fam.), calembredaine, chanson, conte, fadaise, faribole (fam.), foutaise (vulg.), plaisanterie.Dire, conter, débiter des sornettes (à qqn); écouter des sornettes. Il ne faut pas ajouter foi à de semblables sornettes, bonnes à endormir les enfants (Du Camp, Nil, 1854, p. 72).Quand ils étaient petits, il les amusait de rengaines et de sornettes qu'ils réclamaient à chaque visite et qu'ils écoutaient toujours avec le même plaisir (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 105). − Au sing., rare. On sera les sauterelles des étoiles. Et puis, on verra Dieu. Ta ta ta. Fadaises que tous ces paradis. Dieu est une sornette monstre (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 42).Je lui ai parlé de loin, quelques mots, moitié honnêteté, moitié sornette (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 84). b) P. iron. [Dans le dialogue, empl. ell. ou interj.; fonctionne comme un adv. de phrase; pour exprimer que l'interlocuteur ne croit pas à l'affirmation qui vient d'être exprimée ou qu'il y attache peu d'importance] Synon. bagatelles, chansons, fadaises, histoires.Hero: (...) Elle ne sait pas que je suis irrésistible. Cela m'enlève la moitié de mes chances. La Comtesse: Sornettes! Dans deux jours Tigre ou vous, tout s'embrouillera dans sa tête (Anouilh, Répét., 1950, III, p. 90). − [Fonctionne comme un adv. de phrase à valeur de nég.] − Comprends-tu? disait-il. On invoque le temps qui a changé, les pluies au moment des floraisons, l'épuisement de la terre. Sornettes. Depuis que ce pays est ce pays, le même régime atmosphérique y règne, réglé par la respiration, par l'haleine de l'océan (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 190). B. − Région. (Berry, Sologne). Sobriquet, surnom. Tous ces hommes d'ailleurs, (...) parmi lesquels se recrutait une main-d'œuvre occasionnelle, avaient ainsi leur sobriquet, leur sornette comme on dit en Sologne. Volat, le grand Volat, sec et blafard, aux yeux enfoncés creux sous un front dur comme caillou, on l'appelait par derrière Malcourtois (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 24). Prononc. et Orth.: [sɔ
ʀnεt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [Ca 1420 Bl.-W.1-5] ca 1452 sournette « devinette ou autre jeu qu'on joue en société » (Litt. remiss., ex Reg 181, ch. 163 ds Du Cange, s.v. subsannatio); 1458 [ms.] sornete (Arnoul Gréban, Myst. de la Passion, éd. O. Jodogne, 5464); 2. 1465 sournette « propos vide de sens, amusant; plaisanterie » (La Folie des Gorriers, 413 ds Rec. gén. de Sotties, éd. E. Picot, t. I, p. 164); fin xves. sornettes (Guillaume Alexis, Le Blason des Faulses amours, 3 ds
Œuvres poét., éd. A. Piaget et E. Picot, t. I, p. 185). Dimin. du m. fr. sorne « morgue, hauteur », fin xives. (Christine de Pisan, Chemin de long estude, éd. R. Püschel, 2884), d'où aussi ca 1470 sornet « raillerie, moquerie » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. IV, p. 132, 12) et ca 1478 le verbe sorner « railler » (Guillaume Coquillart, Blason des armes et des dames, 382 ds
Œuvres, éd. M.-J. Freeman, p. 264), à rattacher à l'a. prov. sorn « sombre, obscur », ca 1290 (V. de S. Honorat ds Rayn.), v. sournois. Fréq. abs. littér.: 89. Bbg. Thurneysen 1884, p. 113. − Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 165. |