| * Dans l'article "SORDIDE,, adj." SORDIDE, adj. A. − D'une saleté repoussante, d'une misère extrême. Synon. crasseux, dégoûtant, immonde, infect, pouilleux.Banlieue, bauge, cour, escalier, guenilles, habits, haillons, maison, masure, quartier, rue, ruelle, taudis sordide(s); apparence, aspect, misère sordide; gueux, vieillard sordide. Elle (...) se tamponnait (...) les yeux avec un sordide mouchoir à carreaux qui eût été fort à sa place dans quelque rigole de faubourg (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 113).Cette aïeule sordide, (...) cette brute excrémentielle (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 73). − P. méton., vieilli. Écœurant, répugnant. Ulcère sordide. Les mouches s'engouffraient dans leurs naseaux [des hommes préhistoriques]. Et puis, hélas! elles se transmuaient en un sordide grouillement de larves et de vers (Maran, Batouala, 1921, p. 140). B. − Au fig. (en partic. dans le domaine de l'argent). D'une bassesse extrême, ignoble. Synon. abject, infâme, mesquin, vil.Avarice, économie, égoïsme, épargne, intérêt, matérialisme, mesquinerie sordide; besogne, calculs, comptes, crime, débauche, gain, histoire, plaisirs, vie sordide(s). L'avarice ne se manifeste chez lui que par des réflexes imbéciles, un goût sordide des marchandages, de l'usure, qui le ridiculisent sans profit (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p. 931).À vous dégoûter. Je préfère mes misérables passades vénales, mes débauches mornes et compliquées, mes ruts sordides, mornes et pleins d'angoisse (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 112). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est d'une bassesse extrême, ignoble. Perdue pour perdue, il valait mieux vous perdre dans une recherche haute et singulière, que dans le sordide où vous êtes (Montherl., J. filles, 1936, p. 1072). Prononc. et Orth.: [sɔ
ʀdid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1478 terme de méd. « de mauvais aspect » (N. Panis, trad. Chirurgie de Gui de Chauliac, f o120 ds Sigurs, p. 450); b) 1495 « sale; qui souille » (Jean de Vignay, Mir. histor., XX, 79, éd. 1531 ds Gdf. Compl.); 2. 1561 « d'une mesquinerie ignoble » (Ronsard, Institution pour l'adolescence, 114, éd. P. Laumonier, I, 11: prince sordide et avaritieux). Empr. au lat.sordidus « sale », fig. « bas, insignifiant », « bas, ignoble », « avare ». Fréq. abs. littér.: 441. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 219, b) 357; xxes.: a) 607, b) 1 131. DÉR. 1. Sordidement, adv.D'une manière sordide. a) [Corresp. à supra A] Hommes (...) vêtus sordidement, d'une saleté sans nom (Zola, Débâcle, 1892, p. 425).b) Au fig. [Corresp. à supra B] Économiser, épargner, vivre sordidement; être sordidement intéressé. Une (...) brutale, hideuse et révoltante révélation (...). C'était trop laid, vraiment, trop affreux, trop sordidement bestial (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 264).− [sɔ
ʀdidmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1550 (Ch. de S. Marthe ds Heptameron, I, 90 ds R. Ét. rab. t. 3, p. 197); de sordide, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 10. 2. Sordidité, subst. fém.a) Rare. Saleté repoussante, misère extrême. Le village où nous campons ne le cède en rien à ceux que nous avons traversés, en misère, en saleté, en dénuement de toute sorte, en sordidité (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 807).b) Au fig. Bassesse extrême, ignoble. Synon. abjection, infamie, mesquinerie.Pas d'amour, honte d'un mari physiquement ridicule, crainte et dégoût des rapports possibles du mariage, soupçon de la sordidité du caractère dans celui qu'elle épouse (Barb. D'Aurev., Memor. 2, 1838, p. 304).P. méton., rare. Action, parole d'une bassesse extrême, ignoble. Tu me déprimes avec tes ragots... tes sordidités (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 465).− [sɔ
ʀdidite]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. a) 1574 « état de ce qui est méprisable » (Cl. de Rubis, Privileg. de la ville de Lyon, p. 76 ds Gdf. Compl.), b) 1601 « mesquinerie » (Charron, Sagesse, III, 2 ds Littré Suppl. 1877), c) 1615 méd. la sordidité de l'ulcere (Loys Guyon, Miroir de la beauté, II, 395 ds Gdf.); de sordide, suff. -ité*, v. -té. BBG. − Gohin 1903, p. 302. − Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 165. |