| SONNETTE, subst. fém. A. − 1. a) Petite cloche de métal munie d'un manche, qui sonne quand on l'agite, et servant à appeler ou à avertir quelqu'un. Sonnette d'argent, de bronze, de cuivre; agiter, secouer une sonnette; la sonnette tinte; la sonnette du président d'une assemblée; bruit, tintement de sonnette. J'ai sonné, avec une sonnette enfilée de perles, un garçon pour une autre chambre. Une mine de Jocrisse a passé par la porte (Goncourt,Journal, 1860, p. 799).La sonnette s'agita par trois fois, annonçant la communion du prêtre (Estaunié,Empreinte, 1896, p. 9). − En partic. Instrument métallique suspendu à la porte d'entrée ou actionné à distance servant à appeler ou à se faire ouvrir la porte. Cordon, gland de sonnette; tirer la sonnette; mettre la main sur, à la sonnette; étendre la main, aller vers la sonnette. La petite sonnette, au-dessus de la porte, grelottait au moindre souffle du vent (Roy,Bonheur occas., 1945, p. 63).Loc verb., fam. Se pendre à la sonnette (de qqn). V. pendre I B 1 b β. − Coup de sonnette. Fait d'actionner une sonnette ou un timbre; p. méton., résultat produit, sonnerie ainsi déclenchée. Un coup de sonnette très inattendu le fit tressaillir (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 406).P. anal., HIPP. Coup violent imprimé à la bride d'un cheval par le cavalier pour corriger l'animal. Il corrigeait son cheval par des coups de sonnette terribles de haut en bas (Hermantds Lar. Lang. fr.). b) MUS. Instrument composé de plusieurs rangs de clochettes de taille et de timbre différents. L'administration, pour un modique traitement, chargea Schmucke des instruments qui ne sont pas représentés dans l'orchestre des théâtres du boulevard, et qui sont souvent nécessaires, comme le piano, la viole d'amour, le cor anglais, le violoncelle, la harpe, les castagnettes de la cachucha, les sonnettes et les inventions de Sax (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 23). c) Au plur.
α) Vieilli. Clochettes de harnachement. Synon. sonnailles.Sonnettes du bétail. Seuls, montaient dans l'air pur et léger le bruit des gourmettes et le tintinnabulement clair des sonnettes attachées au col des petits chevaux longs, poilus, de Finlande (G. Leroux,Roul. tsar, 1912, p. 45).
β) Grelots. Sur le plancher, un chapelet et un petit livre d'heures gisaient pêle-mêle avec des filets et des sonnettes de faucon (Mérimée,Chron. règne Charles IX, 1829, p. 155).Il frappait les pavés avec sa haute canne garnie de sonnettes au pommeau (Flaub.,Salammbô, t. 1, 1863, p. 147). d) P. anal.
α) Sonnerie électrique, avertisseur sonore. Synon. timbre.Coup, bruit de sonnette; la sonnette retentit. Elle avait posé son doigt sur le bouton de la sonnette électrique placée au chevet de son lit (Bourget,Disciple, 1889, p. 205).Drôle de cabinet! Il est vide et serait morose si j'employais une plume d'oie. Heureusement que retentit le cliquetis de ma machine à écrire et sonne sa sonnette au bout de chaque ligne, très sportivement (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 333). ♦ Sonnette de nuit (d'un médecin, d'un pharmacien). Sonnette d'alarme. V. alarme II.
β) Dispositif servant à déclencher la sonnerie. Corte appuie sur la sonnette (Camus,Cas intéress., 1955, 2etemps, 7etabl., p. 672). e) HERPÉTOL. Serpent à sonnettes. Synon. usuel de crotale.Sandy, un magnifique bleu d'Écosse, qui avait été mordu par un serpent à sonnettes le matin même à la chasse (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 355). 2. P. méton. a) Son, suite de sons produit(s) par une sonnette que l'on agite. Un oiseau chantait sous la voûte des arbres (...). Et on aurait dit la sonnette de l'élévation dans une église abandonnée (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 55). b) Son produit par le timbre d'un avertisseur sonore ou d'une sonnerie électrique. La sonnette de l'entrée; entendre la sonnette; sonnette de vélo. Et du côté de Saint-Séverin J'entends Les sonnettes acharnées des tramways (Cendrars,Du monde entier, Dix-neuf poèmes élastiques, 1919, p. 85).Une sonnette avait annoncé la fin de l'entr'acte (Radiguet,Bal, 1923, p. 29). B. − P. anal. 1. Vx, arg. Boulette de boue séchée qui pend aux vêtements d'une personne ou aux poils d'un animal. Synon. vx gringuenaude.Très vite ils furent secs, pareils à des chiens crottés, retirés d'une mare, plaisantant des sonnettes de fange durcie qu'ils emportaient à leurs pantalons rouges (Zola,Débâcle, 1892, p. 76). 2. Spécialement a) BÂT. Charpente en bois ou en métal servant au guidage du mouton dans le battage des pieux. Sonnette à main, à déclic, à pilon. Il fallut donc enfoncer des pieux dans le lit de la rivière, afin de soutenir le tablier fixe du pont, et établir une sonnette pour agir sur les têtes de pieux (Verne,Île myst., 1874, p. 274). b) MINES ET CARR. Appareil de sondage formé d'un treuil, servant à perforer la roche (d'apr. Lar. Lang. fr.). c) TISS. Repère situé à la lisière d'une pièce de tissu et servant à signaler un défaut de tissage. Le tissu est soumis à un examen attentif destiné à déceler les défauts de tissage dont l'emplacement est marqué par un bout de fil, dénommé sonnette (P. de Calan,Le Coton et l'industr. cotonnière, 1961, p. 51). Prononc. et Orth.: [sɔnεt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) 1234 « petite cloche, grelot servant à avertir » sonnestes et campenelles (Huon de Mery, Tournoiement Antechrist, 681 ds T.-L.); ca 1235 (Lai de Tyolet, 330, ibid.: Une sonnete d'or Pendüe au col du blanc brachet); 1794 tirer la sonnette (Chamfort, Caract. et anecd., p. 166); 1836 coup de sonnette du facteur (Gozlan, Notaire, p. 7); 1889 p. anal. bouton de la sonnette électrique (Bourget, loc. cit.); b) 1836 « son produit par une sonnette » (Gozlan, op. cit., p. 104: la sonnette ébranla [...] la maison); 2. 1520-27 « instrument de musique; musique produite par cet instrument » (Cl. Marot, Complaintes, I, 34 ds
Œuvres lyriques, éd. C. A. Mayer, p. 129: Du Luz sonnoit motetz et chansonnettes. Dancer sçavoit avec et sans sonnettes); 1552 (Rabelais, Quart Livre, LII, éd. R. Marichal, p. 215, 118: feurent dansées plusieurs moresques aux sonnettes et timbous); 3. 1680 serpent à sonnettes (Rich., s.v. serpent). II. 1. 1676 « machine servant à enfoncer des pilotis » (Félibien); 2. 1800 « marteau de graveur » (Boiste). Dér. de sonner*; suff. -ette (-et*). II p. anal. entre ce dispositif et celui d'une sonnerie de cloche. Fréq. abs. littér.: 1 044. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 061, b) 2 429; xxes.: a) 1 526, b) 1 314. Bbg. Hasselrot 1957, p. 171. |