| SONNER, verbe A. − Empl. intrans. 1. Qqc. sonne a)
α) Vx. [Le suj. désigne un instrument de mus.] Produire le son qui lui est propre, une suite de sons musicaux. La corde sonne à la quinte au dessus (D'Indy,Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 97).
β) En partic. [Le suj. désigne un instrument à vent, un cuivre] Produire le son qui lui est propre. Le cor, la trompe sonne. Bientôt les Anglais s'avancèrent en bel ordre, jetant d'horribles clameurs, et faisant sonner leurs clairons et leurs trompettes (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 73).Dans la plaine du triage, noir de wagons, les cornes de manœuvre sonnaient sans cesse (Hamp,Marée, 1908, p. 41). b)
α) [Le suj. désigne une matière, un corps sonore, un objet ou un lieu] Produire un son en vibrant, retentir sous l'effet d'une percussion, d'un choc, d'une vibration. Synon. résonner, tinter.Pieds, talons, pas qui sonnent sur le pavé. Parmi les sentiers et les routes sonnaient des fers de chevaux et des roues de charrettes (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 135).Il la fit sonner d'un coup de doigt [la soupière] (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 118).V. bois ex. 1 et bourrée2ex. de Pourrat. ♦ [P. méton.; le suj. désigne un son, un bruit] Un tintement de pluie à la vitre fêlée Fait sonner doucement le timbre de cristal Du verre (Régnier,Sites, 1887, p. 136).Dans le couloir de souterrain, le même bruit de souliers ferrés et de toux sonnait sous la voûte plâtrée (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 211). − En partic. Faire sonner des pièces de monnaie (pour en vérifier le bon aloi). Le nom de banquier vient du banc sur lequel ils siégeaient, et qui leur servait à faire sonner les pièces d'or et d'argent (Balzac,Cath. de Médicis, Introd., 1843, p. 25). − P. anal. ♦ Loc. verb., fam. Les oreilles sonnent à qqn, les oreilles de qqn sonnent. L'ouïe est le siège d'une sensation auditive analogue à un bourdonnement, à un sifflement. Synon. les oreilles bourdonnent, cornent, sifflent à qqn (v. oreille I B 1 a).Mes oreilles sonnent, et je sens des douleurs dans les fausses côtes, le temps changera (Balzac,Béatrix, 1839, p. 191).Les oreilles ont dû vous sonner. On a parlé de vous en votre absence. Synon. les oreilles ont dû vous tinter (v. oreille I B 1 a).Les oreilles ont dû vous sonner tout le temps de votre voyage (Sand,Corresp., t. 4, 1863, p. 358). ♦ [Le suj. désigne une partie du corps] Résonner. Puis l'essoufflement de la course vous vide la pensée, le cœur vous sonne contre les côtes, on n'entend plus que le bruit de gong de ses tempes (Vercel,Cap. Conan, 1934, p. 237).C'est une voix d'homme qui m'a tiré de l'inconscience. Ma tête sonnait (Genevoix,Avent. en nous, 1952, p. 104).
β) [Suivi d'un adj. à valeur adv. désignant une qualité partic. du son produit] Rendre tel type de son. Sonner mat, net, vide. [Les] anciennes salines (...) semblent présenter la rigidité de l'asphalte, et sonnent dur sous le talon (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 175).Le clocheton (...) domine un toit sans couleur à force d'ensoleillement, avec les tuiles (...) qui sonnent sec sous le bec des pigeons blancs (Morand,Homme pressé, 1941, p. 33). ♦ Sonner creux. V. creux I A 1.Sonner plein. V. plein III A 3 a.Sonner faux. V. faux1II A 3 a.Rire qui sonne faux (au fig.). − MUS. [Le suj. désigne un instrument de mus. ou p. méton., une oeuvre mus.] Avoir telle musicalité. Certains instruments sonnent mieux une fois enregistrés (Serrière,T.N.P., 1959, p. 131). − Au fig. Produire un effet, donner une impression (juste ou fausse, en accord ou non avec le son juste). À la bonne heure! avec toi, ça sonne juste! Chez la petite, ç'avait l'air d'une tradition dans la bouche d'une doublure! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, ii, 9, p. 52). − [Suivi d'un adj. subst. ou d'un subst.] Sonner le creux. V. ce mot II A 1.Sonner le fêlé. Déserté par le dernier carré des sans-guides, l'hôtel du « Mont-Cervin » sonnait le vide (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 247).P. métaph. Je crains que ceci ne vous semble sonner un peu l'hérésie philosophique (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1855, p. 244).
γ) En partic. − [Le suj. désigne une cloche, des cloches] Produire le son qui lui est propre, en vibrant, en étant mis en branle. Synon. tinter, carillonner.Les cloches sonnent au clocher, à l'église; entendre sonner une cloche, les cloches; les cloches sonnent à toute volée. Ils nous firent remarquer la cloche de la vallée, Campana de Vasse, celle qui doit, à ce qu'ils croient, sonner un jour pour réveiller leurs patriarches endormis (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 272). − [Le suj. désigne un appareil, un mécanisme] Faire retentir une sonnerie. Le téléphone, la pendule sonne; faire sonner son réveil. Toutes les demi-heures, ou tous les quarts d'heure, les horloges sonnaient chacune avec un timbre distinct (Fromentin,Dominique, 1863, p. 62). c) [Le suj. désigne un événement, une action, ce qu'indique une sonnerie] Être annoncé ou marqué par une sonnerie particulière (de cloches, de cuivres ou d'un mécanisme électrique). Les vêpres sonnent; entendre sonner l'angélus. Le catéchisme sonne, Iann, peignez vos cheveux (Brizeux,Marie, 1840, p. 11).La messe quotidienne sonnait à la tour de l'église (...). Le tintement cristallin martelait l'air limpide (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 73). − En partic.
α) [Le suj. désigne l'heure qu'il est] Midi, minuit sonne (au clocher, à l'horloge). Neuf heures sonnaient aux Carmes (...) et semblaient donner charivari à la nuit tombante (Borel,Champavert, 1833, p. 19).Nous éprouvions un vif mouvement de recul en entendant sonner ces huit heures que nous croyions passées depuis longtemps (Proust,Sodome, 1922, p. 1096). ♦ Littér. Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure (Apoll.,Alcools, 1913, p. 45). − À la forme impers. Il sonnait onze heures du soir au campanile de Saint-Marc, lorsque j'abordai à Venise (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 145).
β) [Le suj., gén. heure déterminé, évoque un événement, un moment] Arriver. Sa dernière heure a sonné. La cinquantaine avait sonné, et rien ne lui résiste. L'âge était inscrit dans la chair, et rien ne lui résiste. L'âge était inscrit dans la chair, qui se corrompt sous la peau encore belle (Bazin,Blé, 1907, p. 163).Nous sommes à cette heure de la vie (elle sonne pour chacun) où la vérité s'impose par elle-même d'une évidence irrésistible, où chacun de nous n'a qu'à étendre les bras pour monter d'un trait à la surface des ténèbres et jusqu'au soleil de Dieu (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p. 133). ♦ [Avec l'auxil. être, pour indiquer un état] Quand on tue un tyran, lui fait-on voir le fer? Sois tranquille, ton heure encor n'est pas sonnée (Hugo,Cromwell, 1827, p. 133). d)
α) [Le suj. désigne un phonème, un mot] Être nettement articulé et pleinement prononcé à l'intérieur ou à la fin d'un mot, d'une phrase. Il m'explique avec volubilité la situation, faisant sonner les déclinaisons grecques au bout de chaque phrase comme s'il me récitait un poème (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 168).
β) [Suivi d'un adv. qualitatif; le suj. désigne un mot, une appellation, une prop.] Sonner bien (à l'oreille). Être agréable à l'ouïe, harmonieux, bien choisi. Sonner mal (à l'oreille). Être désagréable à l'ouïe. Dans le calice d'une fleur La guêpe un jour voyant l'abeille, S'approche en l'appelant sa sœur. Ce nom sonne mal à l'oreille De l'insecte plein de fierté (Florian,Fables, 1792, p. 190).« Le Comte de X. », comme cela sonne mieux que « de l'Académie française »! (Larbaud,Journal, 1931, p. 253). − Loc. verb., au fig., fam. Faire sonner (des qualités, des défauts). Faire valoir. Faire sonner bien haut qqc. V. haut1II C 1 b.Les parents (...) font sonner leurs droits à nos empressements et se préoccupent moins de nous rendre justice (Amiel,Journal, 1866, p. 306). 2. Qqn sonne a) Mettre en branle une cloche, des cloches, faire retentir le son, la sonnerie de cloches, en particulier par le battement des deux côtés de la cloche, p. oppos. à copter, piquer. Les cloches (...) saint Odilon les aimait; il recommande de sonner longuement (Barrès,Cahiers, t. 5, 1907, p. 306).Empl. abs. Sonner pour les morts, pour un baptême. Le lundi matin, on avait donc commencé à sonner pour les morts; l'enterrement devait avoir lieu à dix heures. On a commencé à sonner une première fois tout de suite après le lever du jour (Ramuz,Gde peur mont., 1926, p. 256).Sonner en branle. V. branle A. b) Actionner un signal sonore tel qu'une sonnette, un timbre ou une sonnerie, pour appeler, avertir, faire venir quelqu'un ou pour se faire ouvrir. Sonner à la porte, à la grille, au portail; entrez sans sonner; sonnez et entrez; sonner chez qqn; sonner pour appeler un domestique, l'infirmière. Il sonnait. Il pressait longtemps le timbre électrique (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 165).V. carillonner I B 2 ex. de Aragon: 1. Il allongea la main vers un cordon de sonnette, qu'il tira trois fois. (...) quand je sonne une fois, c'est pour mon valet de chambre; deux fois, c'est pour mon maître d'hôtel; trois fois, c'est pour mon intendant.
Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 492. c) Jouer d'un instrument à vent, d'un cuivre; exécuter une sonnerie particulière pour donner le signal d'une action militaire ou de chasse. Ces piqueurs sonnent bien (Ac.).Il piquait derrière le « Zélé »... tout en sonnant dans son petit bugle (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 456). − [Suivi de la prép. à + subst. désignant l'action annoncée] Sonner à cheval. V. sonnerie A 2 ex. de Zola.Sonner aux champs. V. champ1I B 1.[P. méton.; le suj. désigne l'instrument] La cloche de la halle proche sonna au hareng (Hamp,Marée, 1908, p. 19). B. − Empl. trans. indir. [Le plus souvent avec l'art. déf., le compl. prép. désignant un instrument] Sonner de + subst. déterminé 1. Vx. Faire rendre des sons à, jouer de (un instrument de musique). Le pâtre David dissipait la royale mélancolie en sonnant de la harpe (Levinson,Visages danse, 1933, p. 107). 2. Jouer de (un instrument à vent, un cuivre). Sonner du cor (synon. donner* du cor), du clairon, de la corne, de la trompette. Cependant un héraut sonne de la buccine sur la tour du logis du duc. Il signale dans la plaine les chasseurs lançant leurs faucons (Bertrand,Gaspard, 1841, p. 52): 2. ... brusquement enveloppé d'un long coup de fouet, l'attelage se lança au galop dans la descente. Le postillon sonna de la trompe pour faire ouvrir la route; la fanfare éclata aux oreilles d'Angelo et il se sentit emporté.
Giono,Angelo, 1958, p. 57. C. − Empl. trans. dir. 1. Qqn sonne qqc. a)
α) Vx. Faire résonner (un métal, un objet métallique) en faisant vibrer. (Dict. xixeet xxes.).
β) En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne une cloche, des cloches] Faire rendre à une cloche le son qui lui est propre, faire retentir une sonnerie de cloches en actionnant les battants de plusieurs cloches (p. oppos. à copter, piquer). Synon. tinter.La directrice prend le parti de sonner la cloche du déjeuner (Colette,Cl. école, 1900, p. 282).À Germenay, ils sonnent encore les cloches pour éloigner l'orage. Leur prouver, Flammarion en main, que le sonneur risque d'être foudroyé (Renard,Journal, 1900, p. 590). − Loc. verb., au fig., fam. Sonner les cloches à qqn; se faire sonner les cloches. V. cloche1ex. 1. − [P. méton. du compl. d'obj.] Rare, littér. Il serait inouï que cette altière France (...) Après avoir sonné les sublimes beffrois, Et mis les nations hors du cachot des rois (...) Fût de la liberté des autres prisonnière (Hugo,Légende, t. 5, 1877, p. 1101). b)
α) Vx. Jouer (un air, une danse). Un jour que M. Gédéon passait ici, il a entendu mademoiselle Vallier qui sonnait des airs (Sand,M. Sylvestre, 1866, p. 104).[P. méton.;] [le suj. désigne un instrument] Les binious bretons sonnaient un air rapide et monotone du temps passé (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 287).
β) [Le compl. introd. par l'art. déf., désigne un instrument à vent, un cuivre] Sonner le clairon, la trompette, la trompe de chasse. [Dans un cont. métaph.] Mais dans ton cher cœur d'or (...) La fauve passion va sonnant l'olifant!... Laisse-la trompeter à son aise, la gueuse! (Verlaine,Poèmes saturn., 1866, p. 63). c) Loc. verb., vx. Ne pas sonner mot. Synon. ne pas souffler mot.V. mot II A 2. d)
α) [Le compl. d'obj. désigne une sonnerie particulière signalant un événement, une action] Faire entendre. Sonner le glas; sonner le tocsin. − [Le compl. d'obj. désigne un événement, une action à accomplir] Annoncer par une sonnerie particulière de cloches. Sonner les matines, l'angélus, la messe, les vêpres, un baptême. ♦ P. anal. Annoncer un événement par une sonnerie d'instruments à vent. Sonner le réveil, le rappel, la victoire, la retraite; sonner l'alarme, l'alerte, le couvre-feu, l'extinction des feux. Dans la cour, le trompette de garde sonna la sortie du pansage: les quatre mesures du demi-appel (Courteline,Train 8 h. 47, p. 46).Vers le milieu du repas, on entend sonner « la générale ». Serait-ce un incendie? Ils sont fréquents dans ce pays où l'indigène met le feu à la brousse (Gide,Voy. Congo, 1927, p. 758).CHASSE. Sonner le débucher, la diane, l'hallali, la curée. M. de Pyrènes sonna la vue. Le cerf venait de traverser l'allée du midi (Vialar,Rendez-vous, 1952, p. 202).Sonner la charge. V. charge I B 1. − Loc. verb., au fig. (avec la prép. de). Sonner le glas de qqc. V. glas ex. de Vailland.Sonner l'hallali* de qqn, de qqc. − P. anal. MmeRezeau sonne le branle-bas (...). Sarcloirs, raclettes et râteaux nous sont distribués. Que les allées soient impeccables! (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 234). − [P. méton.; le suj. désigne l'instrument] La cloche sonne l'angélus. Il aimerait mieux entendre, au point du jour, la trompette sonner le boute-selle pour monter à cheval que la cloche tinter matines pour courir à l'église (Bertrand,Gaspard, 1841, p. 166).J'entends les tambours, les clairons et la petite sonnette des gourmettes qui sonne l'élévation (Audiberti,Ampélour, 1937, p. 90).
β) En partic. [Pour indiquer l'heure; le suj. désigne un mécanisme d'horlogerie; le compl. d'obj. dir. désigne l'heure, les heures (chiffrées)] Annoncer par le retentissement de la sonnerie. La pendule sonne midi, minuit, la demie de telle heure, x heures. Comme les petits villages sonnaient huit heures, les deux bataillons se mirent tout à fait en retraite (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 190).La vieille horloge des Beauchemin sonnait les heures à coups grêles et précipités (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 66).[Suivi du nombre de coups] Frapper. La cloche sonne un coup. Il demeurait dans cette situation, et y fût peut-être resté indéfiniment jusqu'au lever du jour, si l'horloge n'eût sonné un coup, − le quart ou la demie (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 124).
γ) [P. méton. du compl.; le compl. d'obj. désigne l'événement, l'action que signale la sonnerie] Annoncer l'heure arrivée de. Sonner la fin de la classe. Un cinéma aux feux verts et roses, dont le timbre aurait sonné l'entr'acte (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 203).V. dîner2ex. 2. 2. Qqn sonne qqn a) Appeler ou avertir en actionnant un signal sonore tel qu'une sonnette, une sonnerie ou un timbre, pour faire venir quelqu'un, en particulier un domestique, un subordonné. Sonner un domestique, sa femme de chambre, l'infirmière. Attends! grognonna ma grisette qui bisquait, on me sonne! (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 323).Le directeur sonna tous les chefs de service (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 94). − Expr. pop., fam. On ne vous a pas sonné. On ne vous a pas demandé votre avis, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Synon. occupez-vous de vos oignons (v. oignon A 2 c).− J'aime mieux le riz, dit la veuve Monaque. − On vous a pas sonnée, dit Zazie (Queneau,Zazie, 1959, p. 225). b) Fam., pop.
α) Assommer en heurtant violemment contre le pavé ou une surface dure; p. ext. donner une râclée; en boxe, étourdir en assénant des coups répétés. Instant aussi facile à discerner pour le médecin, que l'est, pour les spectateurs, l'instant où un boxeur est « sonné » (Montherl.,Lépreuses, 1939, p. 1483).M. Alfred Mortier (...) veut faire croire partout qu'il m'a publiquement secoué d'importance, qu'il m'a « sonné » à trois reprises contre un mur (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1943, p. 317). ♦ [P. méton. du compl. d'obj., celui-ci désigne une partie du corps] Je lui sonne le cassis sur les dalles (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 389). − En partic. Marteler par des bombardements. C'était un pilonnage régulier, inexorable, où les obus se suivaient sans répit (...) Ricordeau écoutait les arrivées. − (...) Qu'est-ce qu'ils nous sonnent! (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 279).
β) Au fig. Abattre, épuiser physiquement ou psychologiquement par une rude épreuve. Le vieux s'était-il suicidé? avait-il été sonné par son procès? (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 333).Remettre vertement quelqu'un à sa place, réprimander ou punir sévèrement. Se faire sonner. Si Arnaud t'aperçoit, je vais me faire sonner (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 333). c) Arg. Sonner qqn aux bacantes*. REM. 1. Sonnage, subst. masc.,ch. de fer, mécan. Opération consistant à vérifier la bonne qualité d'une pièce ou la bonne adhésion entre deux pièces métalliques, en le(s) frappant à l'aide d'un marteau pour écouter le son rendu. (Dict. xxes.). 2. Sonne, subst. fém.,arg., vieilli. Police. Où qu'vous m'emm'nez, Messieurs d'la sonne? (Richepin, Chans. gueux, 1881, p. 165).Le bétail humain, racolé en bloc, reflue à présent vers le poste (...), sous la garde des agents de toute la sonne, secrète ou non, qui rapplique ; une rangée de voitures cellulaires attend à la poste; le départ ne traînera pas! (Bruant, Les Bas-Fonds de Paris, 1885-90ds France 1907). 3. Sonnement, subst. masc.,rare. Action de sonner. Synon. sonnerie.Frénésie du muscle et sonnement d'or (Flaub.,Corresp., 1853, p. 216). 4. Sonnez, subst. masc.,vx, jeu de tric-trac. Coup de dés qui amène le double six. Si les dés sont parfaitement réguliers et homogènes (...) le nombre des sonnez amenés dans un grand nombre de coups (...) sera sensiblement un 36edu nombre total des coups (Cournot,Fond. connaiss., 1851, p. 48). Prononc. et Orth.: [sɔne], (il) sonne [sɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. trans. « faire entendre, prononcer » soner mot (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 214: Jesus li bons mot noˑl soned [à Hérode]); 2. 1155 id. « signifier, vouloir dire » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 1663: Leïcestre l'apeloms ore, Cité Leïr chescuns nons sone); ca 1165 intrans. (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23128); 3. 1531 bien soner en la bouche « être convenable de prononcer (de telles paroles) » (Perceforest, IV, éd. G. Roussineau, 805, 77); ca 1590 « [d'un mot] faire une impression à l'oreille » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 496). B. 1. Ca 1100 trans. « faire entendre un son (sur un instrument à vent) » (Roland, éd. J. Bédier, 1051: kar sunez vostre corn; 1059: l'olifan car sunez; 2110: sunez vos grasles); id. intrans. en parlant d'un instrument (ibid., 1832: Sunent cil graisle); 2. « faire entendre, rendre un son sous l'effet d'une vibration, d'une percussion » a) α) id. intrans. « résonner, retentir (en parlant de montagnes qui renvoient l'écho) » (ibid., 2112: Sunent li munt e respondent li val);
β) ca 1140 en parlant d'un tambour, d'une cloche (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 359);
γ) 1erquart xiiies. en parlant de l'argent, fig. (Renclus de Molliens, Carité, éd. A. G. Van Hamel, IX, 3: Papes ne set com argens sone); xiiiepart. prés. adj. borse sonant (Onques jor de ma vie, 48 ds K. Bartsch, Romances et pastourelles, I, 37); 1718 especes sonnantes (Ac.); b) ca 1100 trans. faire suner ses taburs (Roland, 852); 1160-74 faire sonner les sainz (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, Append. 668); 3. « (faire) retentir (musique, heure, appel) » a) α) ca 1140 trans. faire suner le glas (Voyage de Charlemagne, 197);
β) ca 1170 « appeler à, annoncer en sonnant » soner la messe (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 6826); ca 1223 sonner complie (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, 1 Mir 40, 267);
γ) déb. xiiies. sonner la comune (Raoul de Houdenc, Vengeance Raguidel, 2642 ds T.-L., s.v. comune); 1216 sonner la mute (Guillaume Le Clerc, Fergus, 47, 12, ibid., s.v. muete); b) 1160-74 intrans. (Wace, Rou, III, 9225: A l'ore que prime sona); ca 1165 oïr matines soner (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 75); fin xiies. part. prés. adj. tierce sonant (Floovant, 872 ds T.-L.); 1216 part. passé adj. nonne sonnee (Guillaume Le Clerc, Fergus, 145, 1, ibid.). C. 1. 1486 pop. trans. « battre, assommer » estre sonné a grosse cloche (Jean Michel, Passion, éd. O. Jodogne, 2303); 1939 sports part. passé adj. boxeur ,,sonné`` (Montherl., loc. cit.); 2. 1916 pop. « accabler de reproches » (arg. des soldats d'apr. Esn.); 3. 1927 id. part. passé subst. « un peu fou » un sonné du vélo (arg. des cyclistes, ibid.). Du lat. sonare intrans. « rendre un son, résonner; renvoyer un son, retentir; avoir tel accent, telle intonation », trans. « faire entendre, émettre par des sons; faire sonner, vanter; (de mots) faire entendre, signifier ». Fréq. abs. littér.: 5 626. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 147, b) 10 288; xxes.: a) 11 570, b) 7 062. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 600. − Quem. DDL t. 27. − Schneiders (H.-W.). Der Frz. Wortschatz zur Bezeichnung von Schall. Genève, 1978, pp. 74-78. |