| SONGE-CREUX, subst. masc. inv. Personne qui vit, se plaît dans les rêveries, les chimères. Il s'ennuyait d'ailleurs dans cette retraite, convenable à un songe-creux de mon espèce (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 268).Or, à cette même table (...) un homme d'imagination et de rêverie, un de ces songe-creux en qui il y a du philosophe et du poète, restait silencieux (Coppée,Contes rap., 1889, p. 83).− Péj. Idéaliste, utopiste. Un songe-creux idéaliste. Il se donne pour un grand penseur; mais ce n'est qu'un songe-creux (Ac.1935).Ces songe-creux de révolutionnaires pouvaient bien démolir la société et en rebâtir une autre, ils n'ajouteraient pas une joie à l'humanité (Zola,Germinal, 1885, p. 1440).Ces songe-creux (...) qui habillent le réel d'inutiles oripeaux parce qu'ils se refusent à le contempler dans sa nudité (Chr. Charrière, La Forêt d'Iscambe, 1980, p. 52).V. gousset ex. 2. − Empl. adj. C'était une mécanique bonne à pas grand'chose, une espèce de joujou, une rêverie d'inventeur songe-creux, une utopie (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 152). Prononc. et Orth.: [sɔ
̃
ʒkʀø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. inv. Étymol. et Hist. 1. Ca 1527 nom propre ([Jean de l'Espine du Pont-Alais, dit Songecreux], La Pronostication de maistre Albert Songecreux, Biscain d'apr. Cioranescu 16e, 13588), v. aussi Rec. poés. fr. XVe-XVIes., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. 12, pp. 168-171; 2. [ca 1500 subst. d'apr. FEW t. 12, p. 87b] 1554 « qui réfléchit beaucoup » (Ol. de Magny, Gayetez, A Jan de Lomenie ds Gdf. Compl.); 1580 « qui médite profondément » (Montaigne, Essais, I, XX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 87: Je suis de moy-mesme non melancholique, mais songecreux. Il n'est rien dequoi je me soye [...] plus entretenu que des imaginations de la mort); 3. 1611 péj. « rêveur, mélancolique, distrait » (Cotgr.). Forme du syntagme verbal m. fr. songier creux [songer* et creux* à l'empl. adv.] (1480, Guillaume Coquillart, Nouveaulx droitz, 1499 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 206). Fréq. abs. littér.: 25. |