| SOMNOLER, verbe intrans. A. − Être dans un état de demi-sommeil, de somnolence. Synon. sommeiller.C'est l'une de ces veillées sans visites, où, rassemblés autour de l'âtre, les parents somnolent un peu (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 237).Dans les pâturages, le long des haies encore tièdes, les taureaux normands à l'encolure courte, qui ont somnolé tout le jour, dressent lentement leur tête crépue et, frissonnant de plaisir du garrot à la croupe, aspirent cruellement cet air épais, en retroussant leurs lèvres noires (Bernanos, Joie, 1929, p. 628). ♦ Somnoler sur.Être à demi endormi, s'endormir en faisant quelque chose. Ensuite il somnole sur le Candide de Voltaire, ce qui est peut-être la première fois que pareille aventure arrive à ce petit livre (Green, Journal, 1950, p. 42).Il fait songer (...) à ces habitués de la Bibliothèque nationale, à ces copistes professionnels, au linge douteux, qui somnolent à midi sur leur in-folio après avoir déjeuné d'un croissant (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1360). B. − P. anal. Être inactif, être temporairement inutilisé. Et la parade languissait, et la grosse caisse somnolait, et le cuivre de la baraque faisait des couacs enrhumés (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 94). − Être sans animation, s'engourdir. À qui la contemplait d'un œil non prévenu, la ville pouvait sembler parfois somnoler au grand jour, comme captive d'un réseau chaque jour plus difficilement renoué d'habitudes lasses (Gracq, Syrtes, 1951, p. 59).La campagne française somnolait dans le silence de l'hiver (Druon, Poisons couronne, 1956, p. 133). C. − Au fig. [Le suj. est une qualité affective ou intellectuelle] Ne pas s'exprimer, ne pas se manifester; exister à l'état latent. Sous son impassibilité d'hidalgo castillan, somnolait une gouaillerie perpétuelle (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1020).Mais ce répit permet la réflexion et cette réflexion, au lieu de nous pousser aujourd'hui à réveiller des haines qui somnolent, devrait nous conduire au contraire à mettre les choses et l'Allemagne à leur vraie place (Camus, Actuelles I, 1947, p. 133). REM. Somnolant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui sommeille à demi. Synon. somnolent.Tout ce temps, malaise, incapacité de travail, faiblesse et l'ennui, à la fois vague et somnolant, de la faiblesse (Goncourt, Journal, 1882, p. 154).Je reste couché presque tout le jour, somnolant, hébété, aucunement curieux de vivre (Gide, Journal, 1931, p. 1059). Prononc. et Orth.: [sɔmnɔle], (il) somnole [-mnɔl]. Étymol. et Hist. Av. 1846 (Töpffer ds Guérin). Dér. de somnolent; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 176. |