| SOLUTION1, subst. fém. I. A. − CHIMIE 1. Action de dissoudre un corps, une substance dans un solvant; processus par lequel s'élabore cette action. Synon. dissolution.Solution complète, rapide; solution à chaud, à froid. Le phosphate de zirconium, qui précipite en solution faiblement acide, entraîne l'activité. Il est donc probable qu'il s'agit bien d'un isotope du phosphore (Joliot, Curie,Radioact. artif., 1935, p. 15).La première opération est d'obtenir cette alumine aussi pure que possible. C'est, en effet, cette alumine qui, mise en solution dans un bain de cryolithe fondue, sera soumise à l'électrolyse (Guillet,Techn. métall., 1944, p. 77). 2. Mélange liquide homogène d'une ou plusieurs substance(s) solide(s), liquide(s) ou gazeuse(s), le soluté, et d'un liquide, le solvant. Solution concentrée, diluée, étendue, titrée; chaleur, pression de solution; solution mère; solution de formol, de camphre, de permanganate; solution électrolytique, nitrique, chimique; solution acide, alcoolique, ammoniacale, aqueuse, basique, carbonatée, huileuse, salée, sucrée. Le vinaigre acquiert une saveur amère calcaire, et donne, quand on y verse quelques gouttes de solution de potasse, un précipité blanc que l'acide muriatique dissout (Kapeler, Caventou,Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 94).Le gaz chlorhydrique est dégagé dans le flacon laveur A qui contient une solution de ce gaz dans laquelle on fait tomber goutte à goutte de l'acide sulfurique provenant du vase B (MmeP. Curie, Isotopie, 1924, p. 190).Si maintenant, à une suspension d'argile sodique, on ajoute une solution de chlorure de sodium, tout se passe comme si l'on provoquait une contraction du nuage de cations échangeables, et l'on diminue la charge (Caillère, Hénin,Minér. argiles, 1963, p. 71). Rem. Les dict. révèlent une évolution de la synon. de solution et dissolution. Au déb. du xixes., ils s'appliquent indifféremment à « l'action de dissoudre » et au « résultat de cette action » puis progressivement la synon. n'est plus notée que pour « l'action de dissoudre ». Dans la docum. les ex. de solution au sens « action de dissoudre » sont rares excepté dans la mise en solution: Ce traitement produit également la mise en solution de ciments ferrugineux ou alumineux, mais elle est beaucoup moins intense que celle obtenue à l'aide des techniques qui viennent d'être décrites (Id., ibid., p. 67) et mettre en solution (v. Guillet, loc. cit.). Dans le sens « résultat de l'action de dissoudre » il n'y a plus d'équivalence auj. entre solution et dissolution sauf à propos de la colle pour pneumatique (v. dissolution B 2). a) [Solutions de propriétés phys. particulières] ♦ Solution colloïdale. Solution dans laquelle le solvant est un liquide et le soluté un solide disséminé de manière homogène sous forme de très fines particules, la préparation étant soit un sol, soit un gel. Synon. suspension; anton. solution vraie.Les solutions colloïdales sont formées d'une suspension de fines particules (granules ou micelles) (Gasnier,Dépôts métall., 1927, p. 185). ♦ Solution vraie. Solution dans laquelle le ou les soluté(s) sont à l'état de division moléculaire dans le solvant. Synon. cour. solution; anton. solution colloïdale.Ces produits sont transportés dans l'air à l'état solide, et, dans l'eau, à l'état de suspensions, de solutions colloïdales ou de solutions vraies (Brajnikov,Pétrogr. et rayons X, 1936, p. 9). ♦ Solution solide. Mélange de plusieurs corps extrêmement visqueux intervenant dans la formation de certains alliages et de certains composés minéraux qui, après solidification, offre une structure parfaitement homogène. Synon. syncristallisation.Mais, de fait, cela n'est pas si simple, à cause de la formation d'une « solution solide » du radium dans le précipité gélatineux (J. Chim. Phys., 1905, p. 619).Solution solide de substitution. Système où les atomes dissous se substituent aux atomes solvants, le système cristallin du produit de base étant conservé. L'alliage est stable aux températures élevées sous la forme d'une solution solide de substitution désordonnée; aux basses températures, il se trouve sous une forme ordonnée qui peut être considérée comme un composé défini (Encyclop. univ.t. 11968, p. 776).Solution solide d'insertion, d'addition. Système où les atomes dissous occupent les interstices du réseau cristallin du produit de base. Dans le cas des solutions solides d'addition, les atomes subtitués occupent des positions interstitielles dans le réseau de l'hôte. Ces solutions solides sont fréquentes dans les phyllosilicates et tectosilicates: minéraux des argiles et zéolites (Encyclop. univ.t. 111971, p. 49). b) [Solutions de titre ou de dosage particulier] ♦ Solution saturée. Solution contenant autant de soluté que le solvant peut en dissoudre pour arriver à la limite de saturation. Le polissage terminé, on attaque la surface traitée par des solutions acides (...). On emploie également l'acide picrique en solution saturée dans cet alcool (Barnerias,Aciéries, 1934, p. 24).V. saturé II A 1 a ex. de Fromh.-King 1968. ♦ Solution normale. Solution contenant une valence-gramme (poids atomique divisé par la valence du corps) de substance dissoute par litre. Dans la solution de ce résidu on dosait le chlore par comparaison avec une solution normale (MmeP. Curie, Isotopie, 1924, p. 198). ♦ Solution molaire. Solution contenant une molécule-gramme de substance dissoute par litre. La solution molaire est équivalente à la solution normale lorsque les ions formés par dissociation de la molécule de substance dissoute n'ont qu'une charge électropositive et une charge électronégative (Méd. Biol.t. 31972). ♦ Solution standard. Solution contenant une quantité déterminée d'une ou plusieurs substances dissoutes. Les colorimètres étaient employés pour comparer la couleur de certains échantillons avec celle de solutions standard (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 414). ♦ Solution idéale. Solution dont les constituants ont un poids moléculaire normal et qui se mélangent sans dégagement de chaleur, sans changement de volume et sans altération chimique. Dès 1875, Gibbs avait introduit la notion de « potentiel chimique » (...). Or, pour un gaz parfait, ou une solution idéale, ce potentiel chimique peut se calculer (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 229). c) [Solutions de propriétés actives particulières] ♦ Solution-tampon. Solution dont l'acidité ou l'alcalinité demeure inchangée après dilution ou ajout d'acide ou de base, servant à doser le PH d'un milieu par comparaison ou à régler celui-ci par addition de cette solution. Solutions-tampons commodément préparables avec une teneur pratiquement constante en électrolytes (J. Phys. et Radium, Chim. phys., 1934, p. 301). ♦ Solution extractive. Solution préparée à partir d'un corps incomplètement soluble dans le dissolvant utilisé, servant à séparer un corps entre deux dissolvants ou pour extraire une substance active à partir de végétaux (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ Solution isotonique. Infra I B. B. − PHARM. Préparation liquide composée d'un principe actif ou d'une substance médicamenteuse dissous dans un solvant. Synon. soluté.Solution injectable, stérile; solution hypertonique, anesthésique, anticoagulante. Localement, nettoyer l'oreille par les lotions d'eau savonneuse pour décoller les croûtes. Puis lotionner plusieurs fois par jour avec des solutions astringentes (eau de feuilles de noyer ou thé de foin) (Garcin,Guide vétér., 1944, p. 45): 1. Le traitement de la carie (...) consiste à traiter la carie responsable, à décongestionner l'articulation en employant des procédés tels que pointes de feu, teinture d'iode, à lutter contre la douleur par des calmants généraux, à prescrire des bains de bouche avec des solutions antiseptiques.
Quillet Méd.1965, p. 178. ♦ Solution physiologique. Synon. sérum physiologique*.Au fond d'un vase rempli d'une solution physiologique, on place un petit fragment d'organiseur, et l'on dépose, par-dessus, un morceau d'épiderme ventral prélevé sur un jeune embryon (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 41).Solution physiologique salée, et p. ell., solution salée. Solution isotonique stérile à 9 g de chlorure de sodium pour un litre d'eau distillée, utilisée comme solvant de médicaments injectables ou en perfusion et comme agent nutritif. Le rapport de la surface d'une colonie vivant dans du sérum à celui d'une colonie identique vivant dans une solution salée est appelé indice de croissance (Carrel,L'Homme, 1935, p. 198).Solution physiologique sucrée et, p. ell., solution sucrée. Solution isotonique stérile à 50 g de glucose pour un litre d'eau, utilisée en injection intraveineuse ou comme agent nutritif. De tels appareils ne peuvent être utilisés que pour des solutions sucrées (Catal. instrum. lab. (Prolabo), 1932, p. 136). ♦ Solution isotonique BIOL. Solution ayant la même pression osmotique qu'un milieu organique donné, le plus souvent, le sérum sanguin. L'injection d'une solution isotonique n'entraîne aucune modification, tandis que l'injection d'une solution hypertonique dans le péritoine provoque une augmentation de poids par absorption d'eau pour rétablir l'équilibre moléculaire compromis dans le péritoine (Stocker,Sel, 1949, p. 84).Solution dans laquelle on peut maintenir intact des éléments cellulaires. Dans un milieu simplement protecteur, sans matériaux nutritifs, tel qu'une solution isotonique de Ringer, des fragments de tissus divers peuvent demeurer vivants à la glacière des temps assez longs (J. Verne,Vie cellul., 1937, p. 6).CHIM. ,,Solution développant, en présence du solvant pur, une pression osmotique égale à celle d'une solution de référence: les deux solutions sont isotoniques`` (Méd. Biol. t. 3 1972). C. − AGRON. Solution du sol. ,,Ensemble des éléments nutritifs dissous dans l'eau du sol`` (Habault Agric. 1983). ♦ Solution nutritive. Liquide dans lequel sont dissous la totalité des éléments nutritifs nécessaires à la culture des plantes en particulier en milieu artificiel: culture sans sol. Voici, à titre d'exemple, la composition d'une solution nutritive apportant au végétal vert les principaux éléments chimiques nécessaires, y compris les éléments catalytiques (Camefort, Gama,Sc. nat., 1960, p. 319). ♦ Solution azotée. Produit qui contient comme composants essentiels, en solution dans l'eau, des substances apportant de l'azote sous une ou plusieurs formes, et utilisé comme engrais (d'apr. Lar. agric. 1981). D. − Lang. cour. Produit liquide contenant une ou plusieurs substances dissoutes. Solution d'encre de Chine; solution d'alun. Il avait des secrets à lui qu'il cachait, des solutions d'ambre, du copal liquide, d'autres résines encore, qui séchaient vite et empêchaient la peinture de craquer (Zola,L'Œuvre, 1886, p. 269).On fait bouillir vingt minutes un mélange de vert de gris et de sel d'ammoniac dans du vinaigre. On trempe la pièce à brunir dans cette solution et on porte à ébullition pendant un quart d'heure (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 28). − P. métaph. Autrefois mes douleurs étaient comme trempées; elles sont devenues arides. Les amertumes contenaient quelques gouttes d'un baume en solution dans leur flots; aujourd'hui la liqueur toute pure ne dépose plus rien de doux à goûter secrètement et longuement (M. de Guérin,Journal, 1835, p. 230). II. − Solution de continuité. Séparation, division de parties d'une chose abstraite ou concrète. Synon. hiatus, rupture. A. − MÉD., vieilli. Division anormale, totale ou partielle (plaie, fracture) se produisant dans un tissu, un organe dont les éléments constitutifs sont habituellement continus. Ces plaies, en effet, intéressent à la fois les parties molles et les os sur les articulations, et la présence d'une surface osseuse au centre de la solution de continuité les distingue éminemment des simples coupures (Nélaton,Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 221).Peut-être la maladie procède-t-elle d'une infection directe par des germes répandus dans les litières ou dans les sols, la pénétration s'opérant à travers le tégument, au niveau d'une solution de continuité (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux, 1896, p. 624). ♦ Solution de contiguité. Séparation de parties anatomiques habituellement en contact (d'apr. Man.-Man. Méd. 1980, Méd. Biol. t. 3 1972). B. − Littéraire 1. Rupture intervenant dans la continuité d'une chose concrète. Le pilier nord-ouest de la coupole [de Saint-Savin] (...) présentait de nombreuses fissures verticales qui indiquaient une solution de continuité dans la maçonnerie (Mérimée,Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 132).[Dans les dépôts métalliques directs] si la couche protectrice [du support] ne présente pas de solutions de continuité, il est évident que l'ensemble possédera une résistance à la corrosion supérieure à celle du métal primitif (Gasnier,Dépôts métall., 1927, p. 29). − P. plaisant. Déchirure, accroc. Mon pantalon, en un certain endroit, avait été affligé d'une solution de continuité (Fabre,J. Savignac, 1863, p. 13). 2. Au fig. Interruption survenant dans la continuité d'une chose abstraite. Avec l'établissement du suffrage universel, avec la réforme de la Chambre des Lords, (...) l'Angleterre du XXesiècle, arrivait ainsi, sans révolution ni véritable solution de continuité, à donner le modèle du type des démocraties occidentales (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 40): 2. En un mot, dans les sciences physiques, en chimie par exemple, le surcroît de complication tend à combler les distances, à manifester les analogies, à effacer les solutions de continuité, à favoriser l'induction philosophique en affaiblissant par cela même l'importance des caractères différentiels qui servent de base à la détermination et à la classification scientifiques...
Cournot,Fond. connaiss., 1851, p. 204. Prononc. et Orth.: [sɔlysjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. solution2. |