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SOLSTICE, subst. masc.
A. −
1. Chacune des deux périodes de l'année où, le soleil se trouvant, au cours de sa trajectoire apparente sur la sphère céleste, à sa plus grande distance angulaire, au Nord ou au Sud, par rapport au plan de l'équateur, l'inégalité des jours et des nuits est la plus grande sur toute la terre. Les équinoxes et les solstices; observer les solstices; célébrer les solstices. La fête du Feu Sacré, qu'on célèbre en ce samedi de Pâques, n'est pas une fête latine, mais une fête orthodoxe (...). Est-ce une réminiscence lointaine des fêtes païennes du solstice qui célébraient la fuite de l'hiver et le retour du soleil printanier? (Tharaud,An prochain, 1924, p. 7):
1. ... il promena l'orange à l'entour d'une bougie, en faisant observer que tous les points de la surface n'étaient pas éclairés simultanément, ce qui produit la différence des climats, et pour celle des saisons, il pencha l'orange, car la terre ne se tient pas droite, ce qui amène les équinoxes et les solstices. Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 161.
a) Solstice d'été, de juin. Période de l'année où les jours sont les plus longs, phénomène traditionnellement célébré par des réjouissances en rapport avec le soleil, le feu, la lumière; p. méton., jour le plus long de l'année, marquant le début de l'été (dans l'hémisphère Nord). Je suis engagé depuis près d'un an dans un long poëme composé, sur le mode du bréviaire, de dialogues et de cantiques et consacré à la nuit du Solstice d'été (trois voix de femmes) (Claudel,Corresp.[avec Gide], 1912, p. 199).V. juin A ex. de Mauriac et infra A 1 b ex. de Maurain.
Empl. abs. Le soleil du solstice. Une prairie d'asphodèles sous la nuit fécondante de juin. Nous nous sommes couchés en rond comme un bétail pacifique, l'esprit divinement vide rendu à la méditation de la terre, du solstice proche, des saisons (Gracq,Beau tén., 1945, p. 46).V. été A 1 ex. 1.
P. méton. Date de l'été, jour le plus long de l'année. Le soir, la ville est suspendue dans l'attente du canon de sept heures; et nous croyons remarquer que tous les jours il avance de quelques minutes, bien que nous soyons à huit jours à peine du solstice (Fromentin,Été Sahara, 1857, p. 202).C'était l'été. Depuis le solstice, de grands cygnes naviguaient très haut entre les astres (Giraudoux,Amphitr. 38, 1929, ii, 6, p. 138).
b) Solstice d'hiver, de décembre. Période de l'année où les jours sont les plus courts, donnant lieu à des fêtes traditionnelles coïncidant avec des fêtes païennes ou religieuses en rapport avec la lumière; p. méton., jour le plus court de l'année, marquant le début de l'hiver (dans l'hémisphère Nord). À mesure qu'on s'élève en latitude se fait sentir de plus en plus l'inégalité des jours et des nuits, en même temps que l'obliquité moyenne du rayonnement se modifie; les deux maxima tendent à se rapprocher en s'accentuant; (...) il n'y a plus qu'un maximum, au voisinage du solstice de juin, un minimum au solstice de décembre (Maurain,Météor., 1950, p. 31):
2. ... mais les jours s'allongent au moment où Jésus naît; le Soleil de Justice dissipe les ombres; c'est le solstice d'hiver et il semble que la terre, délivrée de persistantes ténèbres, se réjouisse. Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 244.
Empl. abs. Les pluies du solstice. Il était logique de compter les jours de l'année à partir de celui-là [le solstice d'hiver]; mais en considération de la lune, toujours puissante sur les esprits, on décida d'attendre la nouvelle lune, qui suivait le solstice de quelques jours, et cet usage s'est conservé (Alain,Propos, 1921, p. 247).
Littér. Période, saison correspondant à ces dates, envisagée du point de vue des phénomènes climatiques ou symboliques influant sur les êtres et les choses. L'âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié! (Valéry,Charmes, 1922, p. 148).
2. Au fig. [À partir de l'image du soleil qui semble avoir achevé sa course ascensionnelle et rester stationnaire à son apogée avant de redescendre en apparence vers l'équateur] Degré le plus haut. Synon. apogée, zénith, comble, pinacle, sommet, summum.Il suffit, pour qu'un ancien monde s'évanouisse, que la civilisation, montant majestueusement vers son solstice, rayonne sur les vieilles institutions, sur les vieux préjugés, sur les vieilles lois, sur les vieilles mœurs (Hugo,Nap. le Pt, 1852, p. 227):
3. Mais certains défauts, certaines qualités sont moins attachés à tel individu, à tel autre, qu'à tel ou tel moment de l'existence considéré au point de vue social. Ils sont presque extérieurs aux individus, lesquels passent dans leur lumière comme sous des solstices variés, préexistants, généraux, inévitables. Proust,Temps retr., 1922, p. 970.
B. − ASTRON. Chacun des deux points situés aux extrémités du diamètre mené perpendiculairement à la ligne des équinoxes; chacun des deux points de l'écliptique où le soleil atteint sa déclinaison angulaire maximale; époque où le soleil passe par chacun de ces points, marquant le début de l'été et de l'hiver et le jour le plus long ou le plus court de l'année (d'apr. Villen. 1974). Point(s) des solstices; observer les solstices. Pour n'avoir point de nuit le jour du solstice, il faut être placé sous le cercle polaire, c'est-à-dire, à 66 degrés 32 minutes (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 87).Aux solstices, les marées peuvent également être assez fortes (Quinette de Rochemont,Trav. mar., t. 1, 1900, p. 10).V. colure ex.
Prononc. et Orth.: [sɔlstis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1284 (Jean de Meun, Art de chevalerie, éd. L. Löfstedt, III, 36). Empr. au lat.solstitium « id. » (de sol « soleil » et sistere « s'arrêter, retenir » parce que le Soleil semble rester stationnaire pendant quelques jours à ces périodes de l'année, avant de se rapprocher à nouveau de l'équateur); cf. 1119 solsticium Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 3262. Fréq. abs. littér.: 110.