| SOLDE1, subst. fém. A. − 1. Vx. Somme d'argent versée à un militaire ou à une troupe (par un état, un gouvernement ou un prince). Les finances étaient épuisées: on n'avait point de quoi payer la solde des gens d'armes (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 333).Quant à la solde des mercenaires, elle emplissait, à peu près, deux couffes de sparterie (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 45). 2. Loc. verb., péj. − (Être) à la solde de qqn. (Être) acheté par quelqu'un pour être dévoué à ses intérêts ou à sa cause. Synon. (être) dépendant de; (être) vendu à qqn.Propagandistes à la solde de l'ennemi ou favorables à la cause de l'ennemi (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 290). ♦ [P. méton.] Être à la solde de qqc. Nos adversaires mêmes, non seulement ceux de Vichy, mais aussi les Doriot et les Déat (...) nous reprochent d'être des mercenaires à la solde des démocraties. Ils ne nous ont jamais reproché de vouloir instaurer en France un pouvoir personnel et antidémocratique (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 384). − Avoir, tenir qqn à sa solde. Rétribuer quelqu'un; exercer une pression ou un ascendant sur quelqu'un pour le tenir au service de ses intérêts ou de sa cause. On a vu des hommes, sans autre mission que le sentiment de leurs talens et de leur courage, tenir à leur solde des corps de troupes, réunir autour de leurs étendards particuliers des guerriers qu'ils dominaient par le seul ascendant de leur génie personnel (Constant, Wallstein, 1809, p. VIII). B. − 1. Traitement versé aux militaires ou à certains fonctionnaires civils assimilés. Percevoir, recevoir, déléguer sa solde; solde du matelot, du soldat; solde mensuelle. Le Gouvernement britannique ouvre au Comité Français, les crédits nécessaires à son activité propre ainsi qu'au règlement de tous traitements, soldes et salaires des militaires et civils qui lui sont rattachés (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 274).Le trésorier paie directement les indemnités et primes payables avec la solde de campagne sur feuille d'émargement mensuelle (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 239). ♦ En compos. Demi-solde*. ♦ Service de la solde. Service de l'intendance chargé des traitements des militaires. Le service de la solde en campagne (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 238). ♦ Solde budgétaire. Partie du traitement d'un militaire correspondant à l'indice du grade. (Dict. xxes.). ♦ Solde à l'air. Indemnité supplémentaire versée aux aviateurs et parachutistes pour des missions en vol (Dict. xxes.). ♦ Congé avec/sans solde. Congé avec ou sans traitement. (Dict. xixeet xxes.). 2. P. ext. Rétribution d'un salarié. Synon. paye, salaire. a) Vx. Nous avons différents corps dans les rédacteurs: il y a le rédacteur qui rédige et qui a sa solde, le rédacteur qui rédige et qui n'a rien, ce que nous appelons un volontaire (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 259). b) [En Afrique noire] Traitement. Les instituteurs n'ont pas touché leur solde depuis trois mois (Invent. Particul. lex. Fr. Afr. n.1983). Prononc. et Orth.: [sɔld]. Homon. et homogr. solde2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1464 soulde « paie versée aux militaires » (doc. 6 juin ds Jean de Reilhac, secrétaire, maître des comptes [...] des Rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII, éd. A. de Reilhac, Paris, 1886, t. 1, p. 165); 1465 solde de gendarmes (Ord. de Louis XI ds Ord. des rois de France de la 3erace, t. 16, p. 395); fin xves. estre à la solde de qqn (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 3, p. 194). Empr., avec adapt. au genre du synon. soldée (infra), à l'ital.soldo « paie, salaire du militaire » (dep. le xives., Fra Giordano ds Tomm.-Bell.), propr. nom d'une monnaie de valeur variable selon les époques (cf. sou). Solde a remplacé l'a. et m. fr. soldee, sou(l)dee « paie que l'on donne aux soldats » (att. de ca 1160, Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 7387, au xvies., v. FEW t. 12, p. 52a), d'abord « ce qui vaut un sou », dér. de l'a. fr. solt, v. sou. Bbg. Hope 1971, pp. 50-51; p. 149. |