| SOIE1, subst. fém. I. A. − 1. Substance filamenteuse, souple, brillante, sécrétée par la chenille du papillon Bombyx du mûrier ou ver à soie, et qui durcit à l'air en fournissant un fil résistant. Culture de la soie. Plusieurs espèces de « bombyx » produisent des cocons qui peuvent être dévidés et qui fournissent les soies plus ou moins sauvages. Entre tous, le « bombyx mori » ou bombyx du mûrier est celui qui fournit le fil le plus précieux. Géographiquement, la distribution de la production de la soie dépend donc d'un animal, le ver à soie, et d'un végétal (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p. 159).V. bombyx ex. 1. 2. P. anal. a) Substance filamenteuse semblable sécrétée par d'autres chenilles de Bombyx ou divers insectes. Presque tout insecte fait de la soie. (...) le bombyx chinois (...) vit sur le petit chêne, dont la soie forte, à bon marché, peut habiller les plus pauvres. Tous dès lors pourront revêtir un habit chaud et léger (...). L'araignée en donnerait une, aussi fine que résistante. Voir l'admirable voile de soie d'araignée que l'on conserve au Muséum (Michelet,Insecte, 1857, pp. 179-180). b) Soie (marine/de mer). Byssus de la pinne. C'est sur les rivages des mers que l'homme trouva (...) la soie de la moule pinnée [de l'espèce pinne] (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p. 197).La soie marine est produite par un mollusque bivalve de la Méditerranée (pinna nobilis), connu sous le nom vulgaire de jambonneau (...). Le byssus (...) est formé d'une touffe de filaments longs et soyeux, très résistants et élastiques. Cette soie, d'un beau jaune brun doré, est filée en Sicile et en Calabre (Lar. mén.1926, p. 1110). B. − P. méton. 1. a) Fibre textile ou étoffe confectionnée généralement avec les cocons du Bombyx du mûrier et caractérisée par sa légèreté, sa douceur, son éclat. Une étoffe de soie, couleur gorge de pigeon, à reflets mauves et bleus, qui bruissait doucement et coulait dans leurs doigts, comme une eau changeante (Moselly,Terres lorr., 1907, p. 201).V. bas2ex. 1, froufrou ex. 1: 1. Ce fut pour lui plaire [à Diane de Poitiers] qu'Henri II porta les premiers bas de soie, et le fin juste-au-corps de soie (...). La soie de tenture, de décoration, de meubles, d'étoffes à fleurs, prit bientôt son essor à Lyon (...). La soie laissée en nature (...) est dans un rapport plus intime avec la femme et la beauté (...). Noble parure, nullement voyante, qui prête un charme de douceur à la trop vive jeunesse, et donne à la beauté pâlie son plus attendrissant reflet (...). La soie n'est pas proprement brillante, mais lumineuse (...). Tissu vivant...
Michelet,Insecte, 1857, p. 173. SYNT. Soie brochée, brodée; soie blanche, bleue, cerise, changeante, claire, cramoisie, écarlate, jaune, mauve, pâle, ponceau, pourpre, puce, rouge, verte, violette; brodé, doublé, tapissé, vêtu de soie; écheveau, fil, pongé, tissu, velours de soie; bonnet, bourse, casquette, ceinture, châle, chaussettes, chemise, corde, cordon, cordonnet, corsage, corset, coussin, cravate, écharpe, filet, foulard, fourreau, gilet, gland, habit, jupe, marchand, mouchoir, nœud, ombrelle, pantalon, papillon, peignoir, revers, rideau, robe (de chambre), ruban, tablier, tapis, tenture, toilette, tunique, veste, vêtement de soie; bruit, froufrou de soie; peinture sur soie; doux, fin, léger comme la soie, comme de la soie. − En partic. ♦ Soie brute/crue/écrue/grège. V. cru2I B 1 c, écru B 1, grège A.La soie grège ou crue est produite immédiatement par le dévidage simultané de plusieurs cocons, sur un même dévidoir formant un fil égal et uni. (...), cette soie n'a subi encore aucune préparation (Comm.t. 21839, p. 2062).Longtemps, les principales usines européennes de soierie avaient acheté de la soie grège aux magnaneries de la vallée du Rhône (...), cette production de soie brute a décliné (Lesourd, Gérard,Hist. écon., 1966, p. 315).V. écru B 1 ex. de Gyp et grège A ex. de Goncourt, de Tharaud. ♦ Soie cuite. V. cuit II A 2.Les soies (...) doivent subir les deux opérations du dégommage et de la cuite; on les appelle soies cuites (Wurtz,Dict. chim., t. 1, vol. 1, 1869, p. 634). ♦ Soie floche. V. floche1et ex. de Gautier. ♦ Soie folle. Soie non torse, très légère, manquant de solidité. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Soie moulinée. V. mouliner A 1 b et ex. de Lefebvre. ♦ Soie naturelle. Soie obtenue à partir des cocons du Bombyx du mûrier. Chaque mouvement révèle, sous une blouse en soie naturelle ivoire imperceptiblement raide, un peu cassante, le jeu de deux seins menus (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 143). ♦ Soie sauvage, soie tussah. Soie tirée des cocons de certains Bombyx d'Inde, d'Extrême-Orient (autres que le Bombyx du mûrier) et d'aspect moins fin que celui de la soie naturelle. Mousseline vert et violet et jupe amovible soie sauvage noire (Le Figaro, 23 oct. 1952, p. 11).V. bonnette1ex. 2 et supra I A 1 ex. de Brunhes. ♦ Soie torse ou soie retorse, tordue. Soie qui a été moulinée. Comme c'est à l'aide du moulin qu'on tord la soie, cette matière textile de grége qu'elle est se change en soie moulinée, (...) ou torse ou tordue, toutes ces qualifications étant absolument synonymes (Luppi1872, p. 433, col. 1). ♦ Soie (chirurgicale). ,,La soie chirurgicale employée comme fil à ligatures est le fil à coudre en soie dit retors: elle est plate, tressée ou ronde tordue`` (Lar. 20e). ♦ Soie en bottes. Soie non teinte, pliée en paquets. Le canut (...) rendant en étoffe la soie qu'on lui pesait en bottes (Balzac,Mais. Nucingen, 1838, p. 637).V. botte1ex. de Balzac. ♦ Bourre de soie. V. bourre B 1 b et ex. de Bourges. ♦ Mousseline de soie. Étoffe ,,formée de fils soyeux croisés en taffetas, et fabriquée avec une régularité mathématique`` (Lar. mén. 1926). On la trouvait dans une robe de chambre de crêpe de Chine, (...) aussi dans un de ces longs tuyautages de mousseline de soie, (...) ces étoffes légères et ces couleurs tendres donnaient à la femme (...) le même air frileux qu'aux roses (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 595). ♦ Voile de soie. ,,Mousseline de qualité forte, ou grenadine teinte en pièce. Elle est assez souvent fabriquée avec des fils de soie schappe bien tordus`` (Lar. mén. 1926). Zohira s'avançait dans ses voiles de soie, avec une lenteur de sultane (Tharaud,Fête arabe, 1912, p. 233). ♦ Route de la soie. Voie empruntée par les caravanes pour transporter principalement la soie depuis la Chine ancienne jusqu'en Occident et qui a favorisé les échanges entre civilisations. L'existence de contacts indirects entre le taoïsme chinois et l'alchimie européenne (...) n'aurait (...) rien d'impossible: n'oublions pas que l'Empire romain était − par la fameuse route de la soie − en relations commerciales avec la Chine (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p. 110). ♦ En compos. Pou-de-soie*. − [La soie comme symbole de richesse, de luxe, de réussite soc.] Toutes ces lumières rayonnaient, (...) exprimant la sécurité au sein des richesses. Les murs tendus de soie moirée vieux rose, les meubles lourds et riches, (...) elle regardait tous ces objets avec complaisance (Larbaud,F. Marquez, 1911, p. 192).V. couvre-chef ex. 1, moire ex. de Taine: 2. Tous les moralistes ont condamné la soie (...). Soie est synonyme de luxe effréné. Pour la soie, le moine rompt son jeûne, le soldat vend son épée, le juge fléchit sa conscience.
Morand,Excurs. immob., 1944, p. 88. ♦ Nid de soie. Appartement garni d'étoffes en soie, douillet, cossu. L'appartement particulier de Renée était un nid de soie et de dentelle, une merveille de luxe coquet (Zola,Curée, 1872, p. 477). ♦ Pop. Péter dans la soie. V. péter I A loc. fig. et ex. de Morand. − [Avec une nuance supplémentaire d'érotisme] Une femme (...) n'a plus aucun pouvoir sur mes sens pour peu qu'elle soit crottée. Ah! vive l'amour dans la soie, sur le cachemire, entouré des merveilles du luxe qui le parent merveilleusement bien, parce que lui-même est un luxe peut-être (Balzac,Peau chagr., 1831, p. 108). ♦ Échelle de soie. Échelle faite en corde de soie et qui, dans les fictions romanesques, permet au soupirant d'escalader le balcon de sa belle. Chaque nuit, une échelle de soie conduisait l'amant dans les bras de sa maîtresse (Dumas père, Tour Nesle, 1832, iii, 6etabl., 5, p. 61). b) Peu fréq. Pièce d'habillement, d'ameublement en soie. Elle tendit la main, en me montrant (...) l'angle délicieux que fermait un rideau de soie (...). La soie soulevée découvrit le lit de plume (Maurras,Chemin Paradis, 1894, p. 82).Tout est frisson, tout est caresse, les soies sont comme de la chair et gardent leur légèreté, les chairs comme de la soie (...). Un bras qui sort du satin (...) emprunte au satin (...) de la perle (Faure,Hist. art, 1921, p. 220). 2. P. anal. a) Soie (végétale), soie de Canton/d'Orient. Duvet des graines de certaines Asclépiadacées et Apocynacées ou fibre de certaines plantes exotiques utilisé(e) comme matière textile. La plante à soie de Syrie, l'apocyn (Kapeler, Caventou,Manuel pharm et drog., t. 2, 1821, p. 655).La Ramie (...), cultivée en Extrême-Orient où le produit qu'elle donne (soie de Canton) remplace le chanvre (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 341). b) Soie artificielle, soie Chardonnet. Textile artificiel évoquant la soie par son brillant et obtenu par traitement chimique de matières cellulosiques (coton et bois). Synon. usuel rayonne.Dès 1889, la soie Chardonnet avait la faveur du public. (...) son tissu était toujours à base (...) de nitrocellulose. (...) deux chimistes entreprirent de dissoudre la cellulose (tirée de déchets de coton) dans de la soude caustique (...). Ainsi la soie artificielle, devenue inoffensive, eut-elle le droit, à partir de 1904, de reconquérir le public, qui la connut, après 1935, sous le nom de rayonne (P. Rousseau,Hist. techn. et invent., 1967, pp. 331-332). c) Fibre de coton. On distingue: a. Les cotons longue soie: la fibre mesure plus de 3 centimètres. b. Les cotons courte soie: la fibre mesure 1 à 3 centimètres (Blanquet,Technol. mét. habill., 1948, pp. 32-33). 3. PÊCHE. Fil de pêche en soie naturelle ou en fibres artificielles. Les soies pour la pêche à la mouche sont établies (...) avec une épaisseur donnée en leur centre qui va en diminuant progressivement vers les deux bouts. Ce genre de soie est appelé « soie fuseau » (...). Avant la guerre de 1939-1945, les soies à mouche étaient faites exclusivement en soie naturelle (...) apprêtée. Actuellement, (...) la soie naturelle est remplacée par le Nylon tissé serré et apprêté (J. Nadaud,La Pêche, 1955, p. 176).Soie à mouche. ,,Soie fabriquée en fibres torsadées de nylon ou de soie recouverte d'un enduit imperméable`` (Schreiner 1975). Supra ex. de Nadaud. C. − P. anal. 1. a) [À propos d'une partie du corps hum.] Ce qui rappelle la soie par sa finesse, sa douceur, son éclat délicat. Cils, peau de soie/d'une finesse de soie. Ses cheveux de blonde soie floche se répandirent avec un doux tumulte sur ses reins (Hugo,Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 92).Tes petites mains tout en soie, dont les soins sont des caresses si douces (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 140). b) [À propos de l'aspect extérieur d'un animal, notamment de son pelage] Ce qui évoque la souplesse, le lustre de la soie. Les papillons s'en vont à leurs brèves amours Sous leurs manteaux de soie et d'or (Cros,Coffret santal, 1873, p. 73).L'épagneule charmante allait encore redresser la souple soie de ses oreilles (Jammes,Rom. du lièvre, 1903, p. 34). c) [À propos d'un végétal] Ce qui a l'aspect lisse et discrètement brillant de la soie. Pivoines Confucius, (...) fleurs de soie rose turc, reflétées de blancheurs indescriptibles (Goncourt,Journal, 1887, p. 678).Jamais elle n'avait vu (...) les liards (...) déplier aussi délicatement la soie de leurs feuilles luisantes (Guèvremont,Survenant, 1945, p. 205). d) [À propos d'un phénomène météor., d'un aspect de la nature, d'une couleur] Ce qui évoque la tendre clarté, la fluidité de la soie. Ciel de soie. Un temps d'ouate et de soie avec une lune qui a comme une collerette de lumière (Barb. d'Aurev.,Memor. pour l'A... B..., 1864, p. 426).Il peint (...) des étangs d'argent et de soie fanée, où somnolent des reflets d'arbres (L. Daudet,Entre-deux-guerres, 1915, p. 123). e) [À propos d'un son] Ce qui évoque le bruit subtil de la soie. Les voix enfantines se déchiraient en un cri douloureux de soie, (...) ces voies claires et acérées mettaient dans la ténèbre du chant des blancheurs d'aube; alliant leurs sons de pure mousseline au timbre retentissant des bronzes (Huysmans,En route, t. 1, 1895, p. 6).Il courait, (...) entr'ouvrant sous son étrave, avec un perpétuel bruissement de soie déchirée, la chair translucide et verte de la mer (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p. 137). 2. TECHNOLOGIE a) Papier de soie. Papier très fin fabriqué avec de la pâte de chiffon et de bois, et qui sert notamment à protéger des choses fragiles. La directrice a fait venir du chef-lieu des ballots énormes de papier de soie, rose, bleu-tendre, rouge, jaune, blanc; (...) allez compter les grandes feuilles légères, les plier (Colette,Cl. école, 1900, p. 262).On avait recueilli dans ce même calepin quelques pétales d'un œillet rouge, recouverts avec soin d'un papier de soie (France,Dieux ont soif, 1912, p. 202). b) Soie de verre. Fibre non textile, obtenue par étirage du verre fondu. Pour éviter éblouissements et reflets, il est utile d'employer une matière translucide, formée d'une couche de soie de verre ou d'amiante placée entre deux plaques de verre, (...) système employé au musée des Beaux-Arts (L. Benoist,Musées, 1960, p. 59). D. − Au fig. [À propos d'une chose abstr., d'une œuvre] Ce qui a le caractère précieux, charmeur de la soie. Natures suaves et fines, âmes veloutées et savoureuses, de miel et de soie, au coloris fondant, au parler mélodieux (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 238).Cette sorte de pluie qui glisse sur le vernis et la soie du bonheur, sans parvenir à les mouiller (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 153). ♦ Littér., gén. au plur. Jours filés/tissés/tissus (d'or et) de soie. Jours de très grand bonheur, de réussite parfaite. Tout va bien jusqu'à présent pour moi... − Je coule donc des jours filés de soie et de coton (Avenel,Calicots, 1866, p. 60).Si l'amour en nos cœurs ses peines introduit, Vos cheveux triomphants que votre main déploie Dispersent loin de nous la tristesse et la nuit Comme ferait un jour tissu d'or et de soie (Muselli,Travaux et jeux, 1914, p. 17).P. ext. Verbe ou subst. + d'or et de soie.De joie et de prospérité. Il faut lui faire, à cette enfant, une existence de soie et d'or (...). D'où je conclus qu'il y a lieu d'augmenter la dot (Labiche,Poudre aux yeux, 1861, ii, 2, p. 388). II. − Gén. au plur. A. − 1. a) [À propos du sanglier, du porc] Poil long et raide. Petits porcs, très semblables à des marcassins, noirs, avec des soies longues et dures (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p. 25).Le sanglier est remarquablement protégé; il a (...) « son armure », plaque de cuir (...) recouverte de soies raides et serrées, qui, en hiver, émergent au milieu d'un feutrage laineux (Vidron,Chasse, 1945, p. 105). ♦ Pop. Habillé, vêtu de soie. Synon. de cochon.C'était un de ses ennuis de n'en pouvoir manger [du boudin] qu'au temps où l'on saigne l'habillé de soie (...). − Au lieu de saigner votre cochon (...) d'une fois, hé! saignez-le-moi en détail (Pourrat,Gaspard, 1922, p. 70).Une ou deux fois l'an chacun demande au tueur de cochon (...) de tuer (...) le goret familial, le « vêtu de sée », de soie (Normandie) (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 1, 1954, p. 28). Rem. Cet empl. joue sur le sens II A 1 a et I C. De même qq. textes où il est davantage question de la peau du cochon que de ses poils: Elle s'émerveillait de leur robe de soie rose [des cochons], d'une fraîcheur de robe de bal, quand il avait plu (Zola, Coquill. M. Chabre, 1884, p. 277). b) P. méton. − Poil de sanglier, de porc, apprêté et utilisé en brosserie. Les pinceaux dont on se sert [dans l'application des vernis] (...) sont en soies de porc très fines (Maugin, Maigne,Nouv. manuel luthier, 1929 [1869], p. 126).Brosse à longues soies pour égaliser la dorure (Gasnier,Dépôts métall., 1927, p. 51). − Au sing., MÉD. VÉTÉR. Maladie du porc, caractérisée par la formation d'une fistule sur le côté du cou, par de la fièvre, des problèmes cardiaques et respiratoires. Les Vétérinaires appellent Soie une maladie des porcs (...). Elle est ainsi appelée de ce que l'on voit dans cette maladie 12 à 15 soies et plus se dresser en touffes derrière et sous les parotides (...). Les porcs qui meurent de la soie doivent être enterrés corps et poils (Bouillet1859). 2. a) [À propos d'autres mammifères] Poil long et souple. Belles chèvres aux longues soies noires et aux oreilles pendantes (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 88).Le chat, doué d'une magnifique robe à longues soies ébouriffées (...) était là (...), grave dans sa barbe (Balzac,Fille Ève, 1839, p. 178). b) [À propos d'une pers.] Synon. de cil, poil.Ses yeux bleu clair, bordés de soies très-épaisses (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p. 19).Il est mal rasé, il a de vilaines soies blanchâtres qui font touffes autour de ses oreilles (Taine,Notes Paris, 1867, p. 32). − Arg. (Tomber, etc.) sur la soie. Synon. de sur le poil.Il a les flics sur la soie (Voy.1956ds Esn. 1966). 3. [À propos d'autres êtres vivants] Phanère, mince appendice, etc. Les soies sont des appendices rigides qui servent chez certaines espèces (...) à exécuter des bonds instantanés, tandis que chez d'autres elles ne sont utilisées que pour l'exercice du tact (E. Perrier,Zool., t. 1, 1893, p. 491).Parmi les mutations somatiques, les Drosophiles qui ont (...) une moitié du corps brune et l'autre jaune, une moitié à soies normales et l'autre à soies fourchues (Cuénot, J. Rostand,Introd. génét., 1936, p. 57). ♦ Soies locomotrices. ,,Poils en bouquets que portent les lobes de chaque segment des annélides polychètes et qui leur servent à se mouvoir`` (Quillet 1965). Vers annelés marins, dont le corps est pourvu de soies locomotrices portées par des mamelons (Coupin,Animaux de nos pays, 1909, p. 453). − Vx. ,,Partie la plus effilée du suçoir de certains insectes`` (Bouillet 1859). L'insecte parfait n'a que deux ailes; son suçoir est armé de soies ou de lancettes (Cuvier,Anat. comp., t. 1, 1805, p. 85). B. − BOT. Appendice végétal porté par certains organes (feuille, enveloppe florale, graine, etc.) de diverses plantes. Le calice qui se libère sous la forme de quatre petits lobes hérissés de soies (Plantefol,Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 447).Ces akènes ne disposent d'aucun moyen autonome de diffusion. (...) les Anémones et les Clématites ont muni les leurs de longues soies plumeuses (J.-M. Pelt, Évolution et sexualité des plantes, Paris, Horizons de France, 1970, p. 151). Prononc. et Orth.: [swa], [-ɑ]. Homon. soi, soit, soie2, forme de être. Littré [ɑ]; Warn. 1968, Lar. Lang. fr., Pt Rob. [a] mais Martinet-Walter 1973 [ɑ], [a]. Voir Buben 1935 § 57 et G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o1 1981, p. 218. Ac. 1694, 1718: soye; dep. 1740: soie. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoit. xiies. « poil long et rude de certains animaux » seie d'asne (Lapidaire de Marbode, 304, éd. P. Studer et J. Evans, p. 39); 2. 1564 subst. fém. plur. « maladie des porcs » (Thierry); 1611 subst. fém. sing. (Cotgr.); 3. bot. a) 1690 soye d'Orient (Fur.); 1791 soie végétale (Valm.); b) 1803 « pédicelle qui porte l'urne des mousses » (Boiste); c) 1812 « poil raide et isolé qui se trouve dans un organe foliacé » (Mozin-Biber); 4. 1805 « partie du suçoir de certains insectes » (Cuvier, loc. cit.); 5. 1812 zool. soie de mer (Mozin-Biber). B. 1. Ca 1140 « fil fait de substance élaborée par les vers à soie » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 85); 1889 soie artificielle (Note de M. de Chardonnet ds C.r. de l'Ac. des sc., t. 108, p. 961); 2. a) 1555 p. anal. cheveux de soye (Ronsard, Nlle Continuation des Amours, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 27a); b) 1630 loc. poét. jours filés de toutes soies (Malherbe, Poés., éd. J. Lavaud, p. 253); 3. 1593 « fil de pêche » (Amyot,
Œuvres mél., II, 141, éd. 1820 ds Gdf. Compl.); 4. 1710 « sécrétion produite par certains insectes » soye des araignées (M. de Réaumur ds Mém. de l'Ac. des Sc. d'apr. Trév. 1721); 5. 1828 papier de soie (Mozin-Biber t. 2); 6. 1871 coton longue-soie (Littré); 7. 1933 soie de verre (Catal. instrum. lab. (Jouan), p. 158). C. Arg. 1. 1867 fil de soie « voleur » (Stamir ds Larchey, Dict. hist. arg., p. 136); 2. 1878 pêter dans la soie (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 257); 3. 1956 sur la soie (Voy. ds Esn. 1966). Du lat. pop. sēta, lat. class. saeta « poil (rude) d'un animal; crins » d'où « tout objet fabriqué en soie ». Fréq. abs. littér.: 3 411. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 956, b) 7 065; xxes.: a) 6 559, b) 3 399. |