| * Dans l'article "SOCRATIQUE,, adj. et subst. masc." SOCRATIQUE, adj. et subst. masc. PHILOSOPHIE I. − Adj. Qui est relatif à Socrate ou qui lui est propre. Argumentation, esprit, méthode, pensée, philosophie socratique. La célèbre formule socratique: « Nul n'est méchant volontairement », dont on dénonce si souvent le caractère paradoxal sans jamais la comprendre (J. Brun, Socrate, Paris, P.U.F., 1960, p. 94).La sagesse socratique se défie et de la connaissance de soi et de la connaissance du monde, et aboutit au savoir de sa propre ignorance (Jankél., L'Ironie, Paris, Flammarion, 1964, p. 17). − [P. méton.;] [p. allus. au physique de Socrate ou aux événements célèbres de son existence] Cette figure socratique à nez camus était couronnée par un très-beau front (Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 31).Le masque socratique, instituant le chiasme de la laideur physique et de la beauté morale, initie l'homme à sa propre modernité; laid comme un bouc au dehors, sage comme un dieu à l'intérieur (Jankél., L'Ironie, Paris, Flammarion, 1964, p. 125). − En partic. ♦ Amour socratique. [P. réf. aux mœurs supposées de Socrate] ,,Amour d'un homme adulte pour des jeunes garçons`` (GDEL). Synon. pédéraste. ♦ Démon socratique. Le génie inspirateur de Socrate. Le démon socratique, le génie qui inspire Homère ou Shakespeare, c'est en vain qu'on a voulu le définir par telle ou telle combinaison de facultés: il est indéfinissable, rebelle à toute explication rationnelle (Béguin, Âme romant., 1939, p. 53). ♦ Dialogue socratique. Conversation propre à mettre en évidence la contradiction et à mener l'interlocuteur à la vérité. Synon. maïeutique.Pascal (...) dans ses petites lettres (...) combine l'éloquence, la finesse, l'enjouement; on parle à tout moment de Platon et de dialogue socratique à son sujet (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 57). ♦ Équation socratique. Équation établissant l'égalité entre la raison, la vertu et le bonheur. (Ds GDEL). ♦ Ironie* socratique. Paradoxe* socratique. II. − Subst. masc. Disciple contemporain ou non de Socrate. [L'inconnu] lui apprit [à Justin] (...) qu'un socratique dont il avait suivi les leçons à Argos lui avait dit de respecter toujours le manteau du philosophe (Renan, Église chrét., 1879, p. 379). − HIST., PHILOS., au plur. ,,Philosophes qui ont entendu poursuivre l'enseignement de Socrate: Platon, Xénophon, Aristote`` (Morf. Philos. 1980). ♦ Petits socratiques. Fondateurs d'écoles philosophiques tels que ,,les Mégariques (Euclide), les Cyniques (Antisthène, Diogène), les Cyrénaïques (Aristippe)`` (Morf. Philos. 1980). ♦ Grands socratiques. Platon et Aristote (d'apr. J. Brun, op. cit., p. 5). REM. 1. Socratiser, verbe.a) Intrans. Philosopher à la manière de Socrate. Étendu sur le canapé de Rachel, il « socratise » avec autorité et confond ses interlocuteurs par le radicalisme forcené de ses idées (Pourtalès, Wagner, 1932, p. 165).b) Trans. [P. réf. aux mœurs supposées homosexuelles de Socrate] P. plais. Sodomiser. Je suis un homme mort. Je ribote avec l'eau de fleurs d'oranger, je me fous des bosses de pilules, je me fais socratiser par la seringue (Flaub., Corresp., 1844, p. 148). 2. Socratisme, subst. masc.Enseignement de Socrate ou aspects éthiques de cet enseignement. Ce qui chassa cette sombre vision du monde, cette primitive théogonie de l'effroi, ce fut la morale, le « socratisme » de la morale. Les Dieux cruels furent vaincus par le progrès spirituel de l'homme à la recherche de Dieu (Massis, Jugements, 1923, p. 158).Le socratisme chrétien (...) reste (...) un élément commun au socratisme de Socrate et à celui qu'en ont tiré les pères de l'Église ou les philosophes du Moyen Âge, c'est leur antiphysicisme. (...) la connaissance de soi-même est beaucoup plus importante pour l'homme que celle du monde extérieur (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 6). Prononc. et Orth.: [sɔkʀatik]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Subst. 1540 « disciple de Socrate » (trad. de J. Boemus, Rec. de div. hist. touchant les situations de toutes religions ds Quem. DDL t. 21). B. 1. Adj. xvies. parler socratique (Ep. du chev. gris, Poés. fr. des XVeet XVIes., III, 274 ds Gdf. Compl.); 2. ca 1590 (Montaigne, Essais, III, 13, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 1107: Platon est bien plus Socratique que Pythagorique). Empr. au lat.socraticus, empr. au gr. Σ
ω
κ
ρ
α
τ
ι
κ
ο
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ς « de Socrate ou de son école ». Fréq. abs. littér.: 51. Bbg. Quem. DDL t. 14, 18 (s.v. socratiser), 31. |