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SIPHON, subst. masc.
A. − Vieilli. Synon. vieilli de trombe* marine.Les mois de juillet et août, pendant lesquels les mers de Chine sont exposées à des siphons, espèces d'ouragans très-redoutables pour les vaisseaux (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 112).
B. −
1. Tuyau recourbé, à branches inégales, permettant de transvaser des liquides d'un récipient dans un autre situé plus bas. Amorcer un siphon. Le siphon qui amorce un jeu de vases communicants (Gracq, Beau tén., 1945, p. 127).
P. métaph. La rue Monge, siphon puissant qui, vers le soir, suce le centre de la ville et répand un flot grouillant sur les régions du sud (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 60).
2. Installation permettant à une canalisation de franchir un obstacle, une dénivellation, ou de dévier le cours d'une source. Si l'on n'a pas de pont dans le voisinage et qu'on ne puisse (...) faire affleurer la conduite au-dessus de l'eau, on la posera en « siphon », c'est-à-dire qu'on l'enfouira dans une tranchée faite dans le lit de la rivière (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 201).
3. Cour. Canalisation doublement coudée en forme de S, placée à la sortie des appareils (sanitaires, éviers...) et permettant l'évacuation d'eaux usées, tout en évitant la remontée d'air vicié des égouts et canalisations. (Dict. xxes.).
4. Bouteille ovoïde ou cylindrique en verre épais fermée hermétiquement, contenant un liquide ainsi que du gaz y assurant une certaine pression, et munie d'un robinet spécial permettant la sortie du liquide sous pression. Il s'exapérait surtout de leur air placide et satisfait. Il avait envie de les tuer, de leur jeter son siphon d'eau de Seltz (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 621).L'Arabe (...) va commencer un discours à Fanny. Du comptoir, Marius l'inonde d'un jet de siphon (Pagnol, Marius, 1931, I, 2, p. 19).
5. Arg., pop. Tête, cerveau. Recevoir un coup sur le siphon.
C. − Spécialement
1. BOT. [Chez certains champignons et algues] Fin tube ramifié contenant un cytoplasme continu. (Ds Gatin 1924).
2. MÉD. ,,Tube en forme de U renversé, dont les deux branches sont d'inégale longueur, utilisé pour transvaser les liquides ou pour pratiquer l'évacuation d'une cavité naturelle`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
3. SPÉLÉOLOGIE. Conduit naturel noyé ou empli d'eau. Franchir un siphon. V. cote ex. 3.
4. ZOOLOGIE
a) [Chez certains lamellibranches] Organe tubulaire externe protégeant les orifices d'entrée et de sortie de l'eau respiratoire. Siphon buccal (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 104).
b) [Chez certaines coquilles] Canal traversant les cloisons et permettant la communication entre les diverses loges. Wallerius, en parlant des cornes d'ammon pétrifiées, dit que ce sont des coquilles à cloisons séparées les unes des autres, et communiquant entre elles par un siphon (Voy. La Pérouse,, t. 4, 1797, p. 137).La coquille du nautile est formée d'une série de compartiments séparés par des cloisons et reliés entre eux par un tube ou siphon qui contient un prolongement du corps de l'animal (Boule, Conf. géol., 1907, p. 78).
Prononc. et Orth.: [sifɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1798-1878: ,,syphon voyez siphon``. Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 320, 321: syphon. Étymol. et Hist. 1. a) 1343 sifon " rencontre tumultueuse des vents, trombe" (Gestes des Chiprois, éd. G. Raynaud, p. 199); b) 1643 siphon « trombe, nuage creux qui descend sur la mer en forme de colonne`` (Fournier, Hydrographie, p. 694); 2. a) 1546 syphon « sorte de tuyau qui sert à tirer du vin » (Rabelais, Tiers Livre, L, éd. M. A. Screech, p. 331); b) 1639 siphon « tube recourbé qui sert à transvaser les liquides » (Mersenne, Les nouvelles pensées de Galilée, éd. Costabel et Lerner, p. 112, [213]; c) 1876 « tube recourbé placé sur le parcours d'un tuyau de descente de vidange ou d'eaux ménagères se rendant à l'égout, de façon à empêcher la remontée des mauvaises odeurs » (Chabat); 3. 1797 conchyliol. (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 137); 4. 1862 « bouteille d'eau gazeuse » (Barreswil et Girard, Dict. de chimie industrielle, II, p. 187 ds Quem. DDL t. 34); 1863 un siphon d'eau de Seltz (Goncourt, Journal, p. 1364); 5. 1889-1902 « tête, cerveau » (E. Pouget, Le Père Peinard, éd. R. Langlois, p. 56). Empr. au lat.siphon « pompe à incendie, petit tube (gr. σ ι ́ φ ω ν « tube creux pour pomper un liquide, conduite d'eau, trombe d'eau »), d'où en partic. a. ital. sifone (v. FEW t. 11, p. 652b) « trombe » qui a été introd. dans les parlers fr. de l'Orient, d'où 1 a, avant d'être empl. au xviies. par les marins (1 b). Fréq. abs. littér.: 42. Bbg. Gohin 1903, p. 360.