Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SIGNE, subst. masc.
I.
A. −
1. Chose, phénomène perceptible ou observable qui indique la probabilité de l'existence ou de la vérité d'une chose, qui la manifeste, la démontre ou permet de la prévoir. Signe évident, perceptible, visible; signe avant-coureur, prémonitoire, précurseur de qqc.; signe évident, perceptible, visible; signe de brume, de chaleur, de neige, de pluie; savoir, reconnaître, prévoir qqc. à certains signes. Cropette rentre déjà, accentuant son allure déhanchée, ce qui est signe chez lui de profond mécontentement (H. Bazin, Vipère,1948, p. 140):
1. Admis aux honneurs officiels pour les services rendus, enrichi par les gouverneurs et respecté par les tribus, il ne lui manquait rien [à El Mammoun, émir des Trarza], semble-t-il, des richesses visibles. Mais une nuit, sans qu'un signe l'ait fait prévoir, il massacra les officiers qu'il accompagnait dans le désert, s'empara des chameaux, des fusils, et rejoignit les tribus insoumises. Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p. 195.
C'est signe que + ind.C'est la preuve que. Goûtons en silence cette crème épaisse, Que le seigneur soit remercié pour ses dons! Tant qu'il nous laissera celui-ci, ce sera signe qu'il ne nous abandonne pas (Miomandre,Écrit sur eau,1908, p. 252).Le vice-roi ne m'aime plus! Il me donne le gouvernement du Mexique. Il m'éloigne de lui. C'est signe qu'il ne m'aime plus (Claudel,Soulier,1944, 2epart., 1, p. 1044).
En partic.
Chose, phénomène perceptible ou observable considéré comme bon ou mauvais augure, bon ou mauvais présage. Des signes funestes apparaissaient qui troublaient mon père: son encrier se renversait sur sa table, ses plumes perdaient leur bec, le verre de sa lampe éclatait chaque soir (France,Pt Pierre,1918, p. 212).V. signal ex. de Vailland.
Bon, mauvais signe. Bon, mauvais augure. Être (un) bon signe; être (un) mauvais signe; c'est bon, mauvais signe. Ce matin, dès le réveil, j'ai plaisir à me voir dans la glace. Bon signe. Les mauvais jours, je m'y regarde tout de même; mais je m'y parais odieux (Gide,Journal,1902, p. 126).C'est un très mauvais signe lorsque chacun agit et d'abord pense par imitation; lorsque règne l'opinion aux cent bouches, qui n'est que du bruit, sans aucune pensée (Alain,Propos,1921, p. 237).
Gén. au plur. Signe(s) de qqc. Témoignage(s) concret(s) de quelque chose. Donner des signes de faiblesse, de fatigue, d'impatience. Elle donna des signes d'agitation. Son visage était en feu, ses rares cheveux gris, échappés de sa coiffe, collaient sur ses tempes visqueuses. Elle prononçait des paroles entrecoupées mais distinctes (France,Vie fleur,1922, p. 335).Il n'est pas douteux que mademoiselle votre fille n'ait déjà donné les signes évidents de la vocation religieuse (Bernanos,Joie,1929, p. 631).
Ne pas donner (le moindre) signe de vie, d'existence. Sembler mort. S'ils eussent été à proximité du lieu où l'ingénieur avait pu atterrir, les aboiements du chien Top, au cas où Cyrus Smith eût été hors d'état de donner signe d'existence, seraient arrivés jusqu'à eux (Verne,Île myst,1874, p. 19).Adélestan Gomboust (...) était un grand corps paralytique, qui ne donnait, autant dire, nul signe de vie (France,Pt Pierre,1918, p. 152).
Au fig. Ne donner aucune nouvelle. Une lettre de Maurice! C'est le docteur qui vient de me la remettre. Chaque matin, tous deux s'étaient inquiétés davantage, de ce que le jeune homme ne donnait aucun signe d'existence (Zola,Débâcle,1892, p. 496).Ils ne m'ont pas donné signe de vie depuis ton départ. Ils n'ont même pas fait prendre des nouvelles d'Angelica, rien (Bourdet,Sexe faible,1931, I, p. 251).
Signe extérieur de qqc. Démonstration, manifestation. Signes extérieurs de l'amitié, du respect. Elle prendrait vite de très mauvaises habitudes, − surtout manières, signes extérieurs d'éducation et de politesse, plutôt que défauts du caractère (Larbaud,Journal,1935, p. 295):
2. ... cela revient à juger l'homme sur sa mine et son cœur sur ses signes extérieurs de vertu, ce qui manque de sérieux, mais enfin votre camarade a très exactement pour un esprit non prévenu une gueule de faux témoin et d'agent double qui inspirerait sur le champ la méfiance... Nizan,Conspir.,1938, p. 176.
En partic. Signes extérieurs de richesse. Éléments du train de vie considérés par l'administration fiscale comme un indice de revenus élevés. (Dict. xxes.).
Rem. Cap. 1936 mentionne seulement signes extérieurs: ,,Indices retenus par la loi fiscale, soit pour déterminer l'assiette d'un impôt, soit pour contrôler les déclarations du contribuable``.
2. Spécialement
a) MÉD., gén. au plur. Manifestation(s) d'une maladie permettant de la caractériser et d'en établir le diagnostic. Synon. symptôme.Signes diagnostiques, indicatifs, pathologiques. Constatation des signes décisifs du tabès: abolition des réflexes tendineux, signes pupillaires, troubles de la sensibilité profonde, etc. (Ravault, Vignon,Rhumatol.,1956, p. 582).En cas de dégénérescence [d'une tumeur de la parotide], les signes cliniques sont l'augmentation brusque et rapide de la tumeur, l'apparition des douleurs spontanées irradiant vers la face, le cou, les oreilles, l'apparition d'adénopathies du cou de type cancéreux (Quillet Méd.1965, p. 185).
Signe(s) fonctionnel(s). Manifestation(s) d'une maladie subjectivement ressentie par le malade. Le cancer survient en général, sur une lésion préexistante et surtout au niveau d'une plaque de leucoplasie linguale (...): au stade de début, les signes fonctionnels sont très discrets d'où l'importance d'une surveillance régulière de ces leucoplasies (Quillet Méd.1965, p. 183).
Signe(s) physique(s). Manifestation(s) d'une maladie révélée par l'examen clinique. On notait une augmentation de l'appétit, une diminution parallèle de la toux, de l'expectoration, des sueurs nocturnes, même des signes physiques pulmonaires (Mounier,Traité caract.,1946, p. 223):
3. Il était désormais possible d'isoler une seule tuberculose dans la masse imprécise des anciennes phtisies. Sur maint chapitre de la maladie, Laennec mettra le sceau de sa pénétration; les signes physiques, grâce auxquels on peut reconnaître les différents stades des lésions; les symptômes et la marche de la phtisie (...); les modalités anatomiques des cavernes et de leur guérison. Bariéty, Coury,Hist. méd.,1963, p. 605.
P. anal. Le concours de 1838 avait signalé comme causes, ou pour mieux dire comme signes diagnostiques du malaise social, l'oubli des principes religieux et moraux, l'ambition des richesses, la fureur des jouissances, les agitations politiques (Proudhon,Propriété,1840, p. 120).
Signe de + n. propre.[Mode de formation terminol. très productif en méd.] Signe de Babinski, de Becker, de Hertzel, de Vulpian.
b) Dans le domaine relig.
α) [Dans la relig. chrét.] Phénomène perçu comme relevant d'une action divine, comme une manifestation de la puissance divine. Signe de la providence. La guérison des malades était considérée comme un des signes du royaume de Dieu, et toujours associée à l'émancipation des pauvres. L'une et l'autre étaient les signes de la grande révolution qui devait aboutir au redressement de toutes les infirmités (Renan,Vie Jésus,1863, pp. 271-272).Ô mon Dieu (...) manifestez-vous enfin, puisque vous seul pouvez le faire et que je ne suis rien. Comme vous avez montré à Thomas vos plaies sanglantes, envoyez-moi, mon Dieu, le signe de votre présence (Psichari,Voy. centur.,1914, p. 196).
En partic., littér., le plus souvent au plur. Miracle. Signes et prodiges. Comment cet homme [Isaïe] (...) a-t-il pu (...) faire appel à des signes, c'est-à-dire à des miracles, par lesquels Iahvé signalait son action particulière? (Renan,Hist. peuple Isr., t. 2, 1889, p. 483):
4. Les méchants sont pris de tremblement et les hommes véridiques courbent la tête, parce qu'ils ont reconnu la présence de Dieu. Mais moi, je n'ai pas besoin de ces signes et de ces prodiges, parce que je suis ici et que je considère ce monde, et mon âme au milieu de ce monde. Ce miracle me suffit, d'être là, et de me connaître moi-même comme inconnaissable. Psichari,Voy. centur.,1914, p. 164.
Les signes des temps. [Dans le lang. biblique] Phénomènes qui, selon les prophètes, annoncent que les temps messianiques sont arrivés. Face au juifs qui voulaient voir les signes pour se dispenser de croire, Jésus se refuse à en donner de spectaculaires et renvoie à sa prédication: là sont les « signes des temps », c'est-à-dire de « ce temps-ci », qualifié par la présence et l'activité de Jésus, à interpréter à la manière dont on scrute le visage du ciel pour savoir quel temps il va faire (Léon1975).
β) [Dans les relig. anc.] Phénomènes naturels dont l'observation permet de prédire l'avenir et de déterminer la conduite des hommes. Observation des signes; signes défavorables. Le bon présage fait arriver la chose. Que tout soit donc bon présage et signe favorable: « C'est du bonheur, si tu veux, que le corbeau t'annonce », dit Épictète (Alain,Propos,1921, p. 347).
B. −
1. Élément, trait caractéristique d'une personne ou d'une chose permettant de la distinguer. Signe caractéristique. Chaque hôtel parisien a des signes particuliers qui précisent et achèvent son signalement (Fargue,Piéton Paris,1939, p. 237).Signes distinctifs, côté face: un épi au milieu du front et, à fleur de tête, les gros yeux du myope qui ne peut pas ramasser ses lunettes. Signes distinctifs, côté pile: un certain déhanchement et la fesse un peu croulante (H. Bazin, Vipère,1948, p. 39).
Signe particulier. Des signes particuliers mentionnés sur une carte d'identité (Lar. Lang. fr.).Signes particuliers: néant (Rob.).
Signe des temps. V. supra I A 2 b.Au fig. Trait spécifique qui caractérise une époque. On dit communément: Ceci ou cela est un signe des temps. Et, neuf fois sur dix, la chose qu'on croyait nouvelle est en réalité vieille comme le monde (France,Vie littér.,1888, p. 36):
5. ... n'est-ce pas un signe des temps que cette impuissance que nous avouons, que ce recours aveugle à la mesure des appareils? N'est-ce pas aussi la confirmation d'un destin irrésistible? La moyenne caractérisée et typique remplace partout les variations affinés des sensibilités particulières. Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p. 52.
2. En partic. Marque naturelle sur la peau. Dona Teresa avait à la gorge un signe apparent. Ce fut une immense faveur que reçut don Juan la première fois qu'il eut la permission de le regarder (...) Mais ce signe, qui était réellement fort joli, cessa par la satiété de lui paraître tel (Mérimée,Âmes Purg.,1837, p. 338).Un gros signe velu augmentait la bosse du nez proéminent (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 115).
3. Marque faite intentionnellement pour distinguer, reconnaître. Marquer d'un signe; signe d'infamie. Philippe: (...) je la reconnaîtrai. Buridan: Elle s'est donc démasquée? Philippe: Non; mais, avec cette épingle d'or, à travers son masque, je lui ai fait au visage un signe qu'elle gardera longtemps (Dumas père, Tour Nesle, 1832, i, 2e tabl., 5, p. 22).Le préposé aux douanes rabattit le couvercle de la valise, y fit un signe cabalistique à la craie (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 49).
Au fig. Mais épargne l'enfant! le dernier! Quoi! tu veux Qu'il entre ici pur, noble et sans tache, et qu'il sorte Marqué du signe affreux que moi, Caïn, je porte! (Hugo,Burgr.,1843, p. 105).Du fond des temps et de l'espace, accourut vers moi un rayon de lumière personnifiée. Il m'atteignit, me frappa, me marque comme un signe de prédestination (Billy,Introïbo,1939, p. 131).
II.
A. −
1. Objet, représentation matérielle d'un objet (figure, dessin, son, geste, couleur) ayant, par rapport naturel ou par convention, une certaine valeur, une certaine signification dans un groupe humain donné. Signe graphique, sonore, visuel; signe magique; signe de deuil. Le geste ou la mimique émotionnelle sont des « signes naturels », la parole un « signe conventionnel » (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p. 218).La métamorphose des signes imprimés [sur la carte] en vraies routes, en vraies maisons vous donnait ce qu'aucune création ne donne: la réalité (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 219):
6. Picasso a créé des fétiches, mais ces fétiches ont une vie propre. Ils sont non seulement des signes intercesseurs, mais des signes en mouvement. Ce mouvement les rend au concret. Entre tous les hommes, ces figures géométriques, ces signes cabalistiques: homme, femme, statue, table, guitare, redeviennent des hommes, des femmes, des statues, des tables, des guitares, plus familiers qu'auparavant, parce que compréhensibles, sensibles à l'esprit comme aux sens. Éluard,Donner,1939, p. 94.
Spécialement
ASTRON. Chacun des douze arcs de 30 odivisant l'écliptique à partir du point vernal et portant les noms des douze parties du zodiaque; symbole représentant ces arcs. Les astronomes admettent l'usage des signes pour jalonner la course en longitude des planètes, du Soleil et de la Lune; dans certains annuaires, on donne ainsi le moment où l'un de ces corps entre dans un signe ou en sort (Muller1980).
ASTROL. Signe astral, astrologique; signe du zodiaque. Chacune des douze parties de l'écliptique (symbolisées chacune par une figure) que le soleil semble parcourir dans l'intervalle d'une année tropique. Signe de feu, de terre, d'air, d'eau; le signe d'une personne; signe où se trouve une planète. Le soleil, ma belle, traverse le signe de la Balance au moment de ta naissance, ce qui autorise à te considérer comme Vénusienne, ton signe ascendant étant le Taureau dont chacun sait qu'il est gouverné par Vénus (Camus,État de siège,1948, 1repart., p. 201).Le Lion est considéré universellement comme le plus noble, le plus beau, comme le roi des animaux. Son signe zodiacal est, astrologiquement, le domicile du soleil, l'astre majeur (Divin.1964, p. 195).
Être né sous le signe de. Être né pendant la période où le soleil traverse cette partie de l'écliptique. Ceux-là qui sont nés sous le signe de Saturne, Fauve planète, chère aux nécromanciens, Ont entre tous, d'après les grimoires anciens, Bonne Part de malheurs et bonne part de bile (Verlaine,Poèmes saturn.,1866, p. 57).Je suis née le 20 janvier, sous le signe infortuné du Verseau (France,Vie fleur,1922, p. 521).
Sous le signe de. Sous l'influence de; au fig., sous les auspices, dans une atmosphère de. Être né sous le signe de la chance; (qqc. qui a lieu) sous le signe de la bonne humeur, de la franchise. Chateaubriand, catholique et monarchiste, Béranger, napoléonien, républicain et libre penseur, voilà les deux signes sous lesquels je suis né (France,Pt Pierre,1918, p. 13):
7. Si, presque tous [les grands musiciens], la mort les a saisis en pleine jeunesse (...) ce fut la rançon de ce privilège: ils demeurent au milieu de nous plus invulnérables que des anges, et d'en bas nous les contemplons avec un humble amour, nous, pauvres écrivains, dont le destin se déploie sous le double signe de l'outrage et de l'oubli. Mauriac,Mém. intér.,1959, p. 81.
Signe de chance. Indice qui, dans l'horoscope, se place au lieu déterminé par un calcul spécial et est représenté par un cercle et une croix superposés.
MATH. Symbole des opérations arithmétiques; symboles algébriques positifs ou négatifs indiquant des sens ou des directions opposés. Signe plus, moins, multiplié par, divisé par; signe positif, négatif des nombres relatifs; nombres de signe contraire. On peut bien, en étudiant l'électricité ou le magnétisme, parler symétriquement de répulsion et d'attraction. Un changement de signes algébriques y suffit (Bachelard,Poét. espace,1957, p. 18).Une calculatrice algébrique (...) capable d'effectuer les quatre opérations fondamentales, addition, soustraction, multiplication et division, en tenant compte du signe des nombres (Couffignal,Mach. penser,1964, p. 28).
MUS. Signe musical, signe d'expression. Convention graphique représentant les différents caractères des sons musicaux. La musique sérielle est logée à la même enseigne que la musique concrète, elle rompt avec le langage musical, elle n'est même plus de la musique, sauf qu'elle est faite avec des instruments et des signes musicaux, tandis que la musique concrète était faite, au départ, avec des bruits et des signes plastiques (Schaeffer,Rech. mus. concr.,1952, p. 131).
2. Emblème (d'une société, d'une fonction, d'une religion, etc.). Porter un signe à la boutonnière; signe héraldique; signe de ralliement. Un homme de trente-cinq à trente-huit ans, vêtu d'un uniforme d'officier-général, portant cette double épaulette en torsade, signe des grades supérieurs (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 607).
Au fig. Signe de ralliement. Les jeunes gens se déclarèrent énergiquement pour l'indépendance du théâtre, et la Préface de Cromwell devint un signe de ralliement (MmeV. Hugo, V. Hugo,1863, p. 79).
Signe de croix, signe de la croix. Emblème des chrétiens. On a reconnu depuis longtemps que le signe de la croix à branches égales fut un symbole religieux bien avant sa consécration chrétienne (J. Déchelette, Manuel archéol. préhist., celt. et gallo-romaine, t. 2, 1, 1910, p. 460).
P. méton. Geste évoquant le signe de la croix. Le moine fit une demi-douzaine de signes de croix suivant le rite de l'église grecque (About,Roi mont.,1857, p. 68).Par plaisanterie, ils parodiaient le signe de la croix: « Au nom du chose, du contre-appel, du peloton de chasse, ainsi soit-il! » (Courteline, Train 8 h 47,1888, p. 24).Je traçai lentement le signe de la croix en prononçant la brève formule de l'absolution (Billy,Introïbo,1939, p. 195).
B. −
1. Geste, mimique ou mouvement volontaire destiné à communiquer quelque chose à quelqu'un, à manifester ou faire savoir quelque chose. Signe affirmatif; signe d'amitié, de détresse; faire un signe désespéré; communiquer, s'exprimer par signes. J'aurais voulu la consoler, la réconforter, mais je ne trouvais point les mots qu'il fallait sans doute, car, aux premiers que je prononçai, elle me fit un signe désolé et je compris qu'il serait plus charitable de me taire (G. Leroux, Parfum,1908, p. 32).Des têtes jaillissaient par l'entrebaîllement des portes, des têtes qui se balançaient de gauche à droite et de droite à gauche dans un signe négatif (Simenon,Vac. Maigret,1948, p. 85).
[Constr. avec un compl. prép. de désignant la partie du corps qui fait le signe] Signe de (la) tête. Tu devrais aller te coucher, dit Henri en marchant vers la porte. Il fit un petit signe de la main: « Salut (...) » (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 254).
Signe d'intelligence. Mimique, geste par lequel deux personnes (ou plus) marquent leur compréhension réciproque, leur connivence. Grand intellectuel, grand amateur de « récits de voyages », il ne cessait pas de multiplier devant moi les révérences, les signes d'intelligence, les sourires filtrés par son monocle (Proust,Guermantes 1,1920, p. 431):
8. La joie que témoignaient les deux enfants, enchantés de se montrer l'un à l'autre leurs cadeaux, parut importuner le comte, toujours chagrin quand on ne s'occupait pas de lui. Je fis un signe d'intelligence à Madeleine, et je suivis le comte, qui voulait causer de lui-même avec moi. Balzac,Lys,1836, p. 190.
Faire signe (à qqn) que. Faire signe que non. Voilà ce qu'on ne peut obtenir au cabaret, je dis dans les meilleurs: une daube de bœuf où la gelée ne sente pas la colle, et où le bœuf ait pris parfum des carottes, c'est admirable! Permettez-moi d'y revenir, ajouta-t-il en faisant signe qu'il voulait encore de la gelée (Proust,J. filles en fleurs,1918, p. 458).Nica me fait signe qu'elle va monter. Je lui réponds de la main que c'est pas la peine (Vercel,Cap. Conan,1934, p. 99).
Faire signe à qqn de + inf. Moi aussi je te voudrais près de moi, et je ne te dis pas que quelque jour je ne te ferai pas signe de venir (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 121).[Elle] aperçoit dans la cour un cocher (...). Elle lui fait signe de monter (Goncourt,Journal,1887, p. 634).
Faire signe à qqn. Je suis naïf au point d'être Par moments persuadé Que Vénus, à sa fenêtre, M'a fait signe à Saint-Mandé (Hugo,Toute la lyre, t. 2, 1885, p. 101).
Alors, je fis signe au cocher (Nouveau,Valentines,1886, p. 94).
P. ext. Prendre contact ou rendez-vous avec quelqu'un. Je n'ai qu'un filet de vie. Je ne serais plus assez téméraire pour oser l'épreuve du mariage. Ah! autrefois, autrefois!... Si quelqu'un que je connais m'avait fait signe! (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1459).Laissez votre adresse, on vous fera signe (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 386).
Au fig. ou p. métaph. Au-dessous de nous s'étendait la plaine émilienne, le pays d'abondance où tous les plaisirs du monde nous faisaient signe s'annonçant de proche en proche notre arrivée, et où de grandes joies immobiles nous regardaient venir fixement (Larbaud,Barnabooth,1913, p. 257).Dans les musées, toujours nous attireront et nous feront signe à travers les siècles les œuvres mortes qui nous renseignent sur les démarches vivantes − même basses − d'un créateur, sur le piège qui l'enfermait et qui le prolonge (Cocteau,Crit. indir.,1932, p. 115).
En signe de (+ subst.). Pour exprimer, signifier, rendre manifeste. En signe d'adieu, d'amitié, d'hommage, de paix. Si le chef d'une ferme, ou la mère, ou la fille, Si quelque membre enfin décède en la famille, Les ruches qui chantaient aux deux côtés du seuil Sont couvertes de noir, en signe d'un grand deuil (Brizeux,Marie,1840, p. 104).Philippe hausse vaguement les épaules, en signe d'approbation (Bernanos,M. Ouine,1943, p. 1445).
2. Spécialement
a) SÉMIOT. Objet matériel, perceptible, valant pour une chose autre que lui-même qu'il évoque ou représente à titre de substitut. Signe naturel, conventionnel; signe arbitraire, motivé; système de signes. Il arrive (...) que (...) toute expression par des signes discrets arbitrairement institués soit remplacée par des traces des choses mêmes, ou par des transpositions ou inscriptions qui dérivent d'elles directement (Valéry,Variété III,1936, p. 181).Les typologies des signes sont multiples; la distinction fondamentale est celle d'icone, indice et symbole (ReySémiot.1979):
9. Les fantasmes du rêve, ceux du mythe, les images favorites de chaque homme ou enfin l'image poétique ne sont pas liés à leur sens par un rapport de signe à signification comme celui qui existe entre un numéro de téléphone et le nom de l'abonné; ils renferment vraiment leur sens, qui n'est pas un sens notionnel, mais une direction de notre existence. Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p. 329.
b) LING. Signe (linguistique). Unité linguistique constituée d'une partie physique, matérielle, le signifiant, et d'une partie abstraite, conceptuelle, le signifié. Le mythe, précisément, prétend surmonter l'inadéquation du symbole au signifié: le signe linguistique, le mot, est investi, dans le mythe, d'une dignité telle qu'il tend à se substituer au signifié, de sorte que la plénitude de la parole mythique, du verbe créateur, rejoint souvent, et de façon dérisoire, la magie verbale (Traité sociol.,1968, p. 262):
10. [La langue] située à la fois dans la masse sociale et dans le temps, personne ne peut rien y changer, et, d'autre part, l'arbitraire de ses signes entraîne théoriquement la liberté d'établir n'immorte quel rapport entre la matière phonique et les idées. Il en résulte que ces deux éléments unis dans les signes gardent chacun leur vie propre dans une proportion inconnue ailleurs, et que la langue s'altère, ou plutôt évolue, sous l'influence de tous les agents qui peuvent atteindre soit les sons soit les sens. Sauss.1916, p. 110.
3. Dans le domaine de l'écriture.Graphème ou caractère ayant une valeur donnée dans un système d'écriture. Signe alphabétique, diacritique, orthographique, typographique; signe abréviatif; signe de ponctuation. Un héraut ou lecteur, tenant à la main un rouleau couvert de signes hiéroglyphiques, s'avança (Gautier,Rom. momie,1858, p. 219).L'écriture constitue un système de signes dont le contenu est le même que celui des signes linguistiques, et dont l'expression est une combinaison des éléments graphiques différentiels que l'on peut appeler les graphèmes (Langage,1968, p. 523).
Prononc. et Orth.: [siɳ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoit. du xes. signe « miracle » (St Léger, éd. J. Linskill, 209); fin xes. signa « chose remarquable, significative » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 272); fin xes. signes « miracles » (ibid., 457); 1535 les signes des temps « signes, miracles prédits par les prophètes annonçant que les temps ont changé (terme biblique) » (Olivétan, Bible, Mat., 16, 3); b) xiiies. « marque distinctive » (Trénel, p. 544); c) 1564 « ce qui sert à représenter une chose (par exemple un mot pour une idée, etc.) » (Rabelais, Cinquiesme Livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 38, p. 149); 1690 « figure ou caractère différent des lettres et des abréviations et servant à désigner certains objets » (Fur.); d) 1862 signe de ce temps « événement malheureux indiquant la tristesse de l'époque » (Hugo, Misér., t. 2, p. 451); 1881 signe des temps (France, Bonnard, p. 427); 2. a) déb. xiies. signe « démonstration extérieure qu'on fait pour donner à connaître ce qu'on pense ou ce qu'on veut » (Benedeit, St Brendan, 665 ds T.-L.); b) ca 1170 faire signe (Béroul, Tristan, éd. Muret, 3582); 1269-78 faire signe (que) « montrer (que), révéler (que) » (Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 6239); ca 1340 faire (le) signe que « faire semblant de » (Batard de Bouillon, 5097 et 4287 ds T.-L.); c) 1174 « enseigne de pèlerinage » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 5895); d) 1314 « phénomène qui permet de spécifier une maladie » (Henri de Mondeville, Chirurgie, 801 ds T.-L.); 3. 1119 signe « chacune des constellations du zodiaque » (Philippe de Thaon, Comput, 1253, ibid.); 4. 1130-40 [ms. du mil. du xiiies.] signe de croix (Wace, Conception N.D., 280, ibid.); ca 1245 signe de la crois (Philippe Mousket, Chronique, 4113, ibid.); 5. 1362 « marque que chacun en particulier choisit pour marquer les actes auxquels il a consenti » (doc. de Tournai ds Gdf. Compl.); 6. 1690 « marque ou tache naturelle sur la peau » (Fur.). Empr. au lat.signum (cf. le doublet seing* qu'il a remplacé). Fréq. abs. littér.: 11 546. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 16 709, b) 12 447; xxes.: a) 13 966, b) 19 778. Bbg. Arrivé (M.). Le Concept de symbole en sémio-ling. et en psychanal. Doc. Gr. Rech. sémio-ling. 1981, t. 3, n o25, pp. 5-31; 1982, t. 4, n o36, pp. 5-33. − Peirce (Ch. S.). Écrits sur le signe. Trad. par G. Deledalle. Paris, 1978, 262 p. − Pierson (J.L.). Langue-parole? Signifiant -signifié -signe? Studia Linguistica. 1963, t. 17, pp. 13-15. − Saussure (F. de). Cours de ling. gén. Éd. crit. par R. Engler. Wiesbaden, 1968, pp. 147-152. − Stefanini (J.). Tradition gramm. et arbitraire du signe. Cah. de ling., d'orientalisme et de slavistique. 1975, n o5/6, pp. 373-386. − Tamba-Mecz (I.). Fantômes et réalités ling. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1979, t. 17, n o1, pp. 319-335.