| SIGNATURE, subst. fém. A. − Action de signer. Fixer la signature d'un contrat. Simond allait le trouver le jour même de l'entrevue avec Waldeck-Rousseau et à force d'obsessions lui arrachait la signature de la nomination (Goncourt, Journal, 1890, p. 1271).Les projets définitifs de l'accord militaire franco-britannique à conclure à l'issue de la conférence seront soumis, avant signature, à l'approbation du Président du Gouvernement provisoire de la République (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 641). − Envoyer, proposer, remettre, soumettre à la signature. Remettre (un papier) à la personne qui doit le signer. Le décret de révocation a peut-être été soumis hier à la signature présidentielle (Courteline, Client sér., 1897, 1, p. 7).Dès demain je soumettrai à la signature du général une ordonnance de non-lieu en faveur du capitaine Conan (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 223). − Être à la signature. [À propos d'un acte, d'un papier] Être entre les mains de la personne qui doit signer pour approbation. Sa nomination d'officier de la légion d'honneur était à la signature chez l'Empereur (Goncourt, Journal, 1856, p. 264). − DR. Délégation de signature. V. délégation I B 1 a. − Avoir la signature. Avoir une délégation de signature. Cette femme avait depuis trente ans donné, soit à son mari, soit à ses fils, des preuves de capacité qui faisaient d'elle un associé-gérant, car elle avait la signature (Balzac, Mmede La Chanterie, 1850, p. 236). B. − 1. Inscription de son nom, sous une forme particulière et reconnue, ou d'une marque spécifique, apposée par une personne sur un écrit afin d'en attester l'exactitude, d'en approuver le contenu et d'en assumer la responsabilité. Signature claire, élégante, griffonnée, illisible, soulignée; fausse signature; signature légalisée; signature au bas d'une page, d'une lettre; signature en marge; chèque sans signature; apposer, faire, mettre sa signature; contrefaire, imiter une signature; légaliser une signature. Il était Rousseau de Genève. Il y tenait. « Citoyen de Genève », ç'avait été sa signature chaque fois qu'il avait voulu donner aux hommes l'idée de ce que pouvaient la vertu et la liberté (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 130): 1. François feuilletait le dossier, voyait apparaître la signature longue et pâlie de son grand-père, terminée d'un paraphe tortillé d'homme prudent, et l'épaisse signature de son père, au prénom bien détaché du nom, auxquelles allait s'ajouter désormais sa propre signature.
Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 40. − DR. Signature sociale. Signature engageant une société, confondue avec la raison sociale dans les sociétés de personnes et correspondant, dans les sociétés par actions, à la signature de certaines personnes ayant reçu une délégation spéciale du Conseil d'Administration. M.A. aura la signature sociale et aura seul qualité pour engager la société (Un Contrat de société, 1928ds Doc. hist. contemp., p. 162).Lorsque le journal est constitué en société par actions, (...) [le] responsable légal est, soit l'administrateur délégué dans la société anonyme, soit le gérant au sens technique du mot dans la société en commandite, soit enfin le mandataire qui a la signature sociale (Civilis. écr., 1939, p. 44-14). − Au fig. Ensemble de traits caractéristiques et reconnaissables permettant d'attribuer quelque chose à quelque chose ou à quelqu'un. Le baron embrassa tout d'un coup d'oeil, vit la signature de la médiocrité dans chaque chose, depuis le poêle en fonte jusqu'aux ustensiles de ménage (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 88).Une pareille machination porte la signature d'Hitler. Il est de l'essence même de ce diabolique génie d'utiliser pour sa guerre la dégradation des autres (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 422).Je craignais que l'on pût lire sur mon visage les signatures éclatantes du plaisir, en ombres sous mes yeux, en relief sur ma bouche, en tremblements (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 122). 2. En partic. Nom de l'auteur, ou marque, apposé sur une œuvre. Authentifier, expertiser une signature. Un sacristain le scandalisa fort, quand il ne put le retenir de grimper sur l'autel pour lui montrer, démarche superflue! la signature du Greco dans la tête du lion sous la main de sainte Técla (Barrès, Greco, 1911, p. 110).Simon lut: « Récit des derniers instants ». Son œil courut en bas de page; il éprouva une chaleur bienfaisante dans la poitrine: sa signature était là, en caractères noirs trois fois plus gros que la typographie du texte (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 89). − P. méton. Une signature. [Dans la presse] Collaborateur important (d'apr. Voyenne 1967). Où mettez-vous les grandes signatures, alors? demanda Lartois. − Ici, répondit Noël en ouvrant le journal et en montrant le haut de la seconde page (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 153).[Dans la vie artistique ou littéraire] Artiste, auteur de renom. Ce sont là les plus prestigieuses signatures de la littérature française (GDEL). − Au fig. Ensemble des caractères, des qualités spécifiques et reconnaissables qui révèlent la personnalité d'un auteur, d'un artiste. Les bleus et les citrons de Vermeer n'appartiennent qu'à lui. C'est sa signature (Estaunié, Rom. et prov., 1942, p. 198): 2. Le nom du peintre était autrefois écrit dans la couleur du ciel, dans l'expression des têtes; la signature du Vinci était un paysage bleuâtre hérissé de pointes de rochers et perdu dans l'azur d'un lac; celle de Michel-Ange était la stature des muscles robustes; celle du Corrège, le demi-jour flottant d'un clair obscur.
Mussetds Le Temps, 1831, p. 110. 3. P. méton. Engagement signé. Donner sa signature; faire honneur à sa signature; honorer sa signature. Il fallait payer, jamais le comte n'aurait laissé protester sa signature (Zola, Nana, 1880, p. 1417).Tu ne supposes tout de même pas que je vais déshonorer ma signature parce que le simoun t'a donné sur les nerfs? (Lenormand, Simoun, 1921, 13etabl., p. 152). C. − ARTS GRAPH. Repère (chiffre, lettre) placé au bas de la première page de chaque cahier d'un ouvrage permettant de les classer avant l'assemblage; p. méton., cahier d'un ouvrage. La signature, indispensable pour l'assemblage, indique au brocheur de quelle manière doit se plier la feuille, et comment doivent en être détachés et classés les différents cartons, s'il y a lieu (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 221): 3. On tire épreuve de ces pages assemblées en imposition simulée; ce sont les feuilles ou signatures, généralement de 16 pages chacune. Au bas de la première page de chaque feuille, et à droite, figure un numéro d'ordre appelé signature − d'où le nom donné à la feuille − qui, avant de guider le brocheur pour l'assemblage du volume, sert de repère pendant les travaux de composition.
Gouriou, Mémento typogr., 1961, p. 9. Prononc. et Orth.: [siɳaty:ʀ]. L'anc. prononc. est ds Fér. 1768: si-natûre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1430 « action d'écrire son nom à la fin d'une lettre, d'un contrat; nom d'une personne écrit de sa main à la fin d'une lettre, d'un contrat, etc. » (doc. ds Bibl. Éc. Chartes, t. 74, p. 522); 2. a) 1660 « réunion de petits rubans placés entre les feuillets d'un bréviaire, etc. pour marquer les endroits qu'on veut retrouver » (Oudin Fr.-Esp.); b) 1669 « lettre ou chiffre qu'on met au bas des feuilles imprimées pour en reconnaître l'ordre quand on veut les assembler » (Widerhold Fr.-all.). Dér. de signer*; cf. lat. jur. signatura (Du Cange), dér. du lat. class. signator « signataire ». Fréq. abs. littér.: 1 201. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 684, b) 2 024; xxes.: a) 1 604, b) 1 620. |