| SERVILITÉ, subst. fém. A. − [Corresp. à servile B] Soumission excessive, bassesse. Synon. obséquiosité.C'est sur l'ignorance bien plus que sur la servilité que sont fondés tous les despotismes (Cousin,Philos. Kant, 1857, p. 379).La presse française d'obédience hitlérienne fut si basse, sa servilité si répugnante et ses mensonges si grossiers, que le bon sens des prisonniers en fit très vite justice et que finalement Paris-Soir, Les Nouveaux Temps, L'Œuvre et Le Petit Parisien servirent d'une excellente contre-propagande (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 138). − P. méton. Comportement qui manifeste cette soumission. Dans une démocratie accoutumée à toutes les servilités, celle des généraux-ministres réussit à scandaliser les avocats (Bernanos,Journal curé camp., 1936, p. 1220).Un homme las qui avait rêvé jadis d'être un grand musicien, qui depuis quarante ans avec une servilité méprisante et lucide raclait son violon devant toutes les sortes de couples qu'organise la richesse (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 80). B. − [Corresp. à servile C] Caractère de ce qui n'a pas d'autonomie par rapport à un modèle, de ce qui manque d'originalité. Servilité naïve. Les Italiens, il est vrai, craignent les pensées nouvelles, mais c'est par paresse qu'ils les redoutent, et non par servilité littéraire (Staël,Corinne, t. 1, 1807, p. 325).Le prestige de l'art rouennais incite à l'imitation, et c'est la région du nord qui cède le plus facilement à cette attraction (...). Ceci ne veut pas dire que les autres régions seront exemptes de cette servilité (G. Fontaine,Céram. fr., 1965, p. 68). Prononc. et Orth.: [sε
ʀvilite]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1542 « caractère de ce qui est servile » (Dion historien, trad. Cl. Deroziers, 81a ds Rom. Forsch. t. 32, p. 162), rare jusqu'au xviiies. 1740 (Le Sage, Valise trouvée d'apr. Brunot t. 6, p. 1131, note). Dér. de servile*; suff. -ité*; cf. le lat. médiév. servilitas, -atis « servitude » dep. ca 1332 ds Latham. Fréq. abs. littér.: 158. Bbg. Gohin 1903, p. 273. |