| SERVIABLE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] Qui est toujours prêt à rendre service. Synon. complaisant, obligeant.Tous deux, assez obligeants dès qu'il ne s'agissait que de leur personne ou de leur temps, étaient serviables à la manière des pauvres gens, qui se prêtent eux-mêmes avec une sorte de cordialité (Balzac, Curé vill., 1839, p. 9).Pendant que Thérèse jouait (...) la comédie de l'ennui et de l'accablement, Laurent avait pris le rôle d'homme sensible et serviable (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 160). ♦ Serviable à qqn.Serviable aux voisins, travaillant pour tous, il montait et démontait les poêles, raccommodait la vaisselle cassée (France, Pt Pierre, 1918, p. 162). B. − [En parlant d'une chose] Qui se montre toujours de la plus grande utilité. Synon. utile.Serviable à qqc. La leçon du développement intellectuel de l'humanité est pourtant claire: les sciences se sont toujours montrées d'autant plus fécondes et, par suite, d'autant plus serviables, finalement, à la pratique − qu'elles abandonnaient plus délibérément le vieil anthropocentrisme du bien et du mal (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 71). Rem. Pour rendre ce trait de caractère ou cette aptitude, notons que Giono invente un mot: serviciable, et que Gide préfère utiliser un mot angl.: serviceable. Je suis serviciable plus qu'un autre (Giono, Regain, 1930, p. 131). Je considère ce livre comme le plus important et le plus serviceable (nous n'avons pas de mot, et je ne sais même si ce mot anglais exprime exactement ce que je veux dire: de plus grande utilité, de plus grand service pour le progrès de l'humanité) de mes écrits (Gide, Journal, 1946, p. 287). Prononc. et Orth.: [sε
ʀvjabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 « empressé à servir » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3563). Réfection d'apr. amiable* de servisable « id. » 1130-40 (Wace, Vie Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, ms. A, 41) − déb. xves., Eustache Deschamps,
Œuvres compl., éd. G. Raynaud, Balade, 1476, t. 8, p. 180, 7: servissable, répertorié par Ac. Compl. 1842 comme « v. lang. », dér. de servise, forme anc. de service*. Fréq. abs. littér.: 132. DÉR. 1. Serviabilité, subst. fém.Caractère d'une personne serviable. Le duc quittait ses hommes d'écuries, venait à mon père dans la cour, lui arrangeait le col de son pardessus, avec la serviabilité héritée des anciens valets de chambre du Roi, lui prenait la main (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 33).− [sε
ʀvjabilite]. − 1reattest. 1859 (L. de Carné ds R. des Deux Mondes, t. 19, p. 857); dér. sav. de serviable, suff. -ité*; cf. en 1530 serviableté « id. » (Palsgr., p. 269b). − Fréq. abs. littér.: 12. 2. Serviablement, adv.,rare. De manière serviable. Il fait ici pieusement et serviablement tiède (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 267).− [sε
ʀvjabləmɑ
̃]. − 1resattest. ca 1200 (Guillaume de Saint-Pathus, Vie de Saint Louis, éd. H.-Fr. Delaborde, p. 106), 1611 (Cotgr.); de serviable, suff. -ment2*. BBG. − Verreault (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, p. 192, 226, 227. |