| SERREMENT, subst. masc. A. − [Corresp. à serrer II A] 1. Action de tenir ou de maintenir étroitement en exerçant une pression. Je me rappelle un serrement de mon bras contre son cœur, un mercredi que je lui ai donné le bras pour la mener à la table de la princesse, qui ne pouvait pas être une comédie (Goncourt, Journal, 1887, p. 686).Et ces grimaces de rage, ces serrements du poing sur la muleta quand il reconnaît qu'il ne peut en vouloir qu'à lui-même! (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 542). − En partic. Serrement de main(s). Synon. moins usuel de poignée de main (v. main 1reSection I E 2 c).Nous nous sommes quittés sur un long serrement de mains, sans un mot (Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXVIII). 2. [En parlant d'une partie du corps et, en partic., d'éléments symétriques] Action de maintenir rigoureusement rapproché, fermé. Serrement de dents. En somme, sa physionomie était inintelligente, mais les aspects multiples qu'il savait lui prêter par le serrement des mâchoires, le gonflement des narines, le froncement des sourcils (...) trompaient au premier abord (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 90). 3. Fait d'être contracté, de se contracter. Serrement de gorge, d'estomac. Seul, un petit serrement aux tempes est là pour me rappeler mon angoisse et ma lassitude (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 88).Une fois de plus, j'ai ressenti ce serrement des entrailles, cette chaleur moite dans tous les membres qui n'est pas un indice de crainte, mais que nulle force humaine ne peut dominer (Bourget, Sens mort, 1915, p. 191). − Au fig. Serrement de cœur. Impression de contraction du cœur provoquée par une angoisse, un sentiment de tristesse; p. méton., ces sentiments eux-mêmes. Mais, Lucien, dit Ève avec un serrement de cœur, tu n'assisteras donc pas à mon mariage? (Balzac, Illus. perdues, 1837, p. 155).Je me suis mis à penser à la joie qu'il y aurait à s'asseoir sur le pont du bateau avec quelqu'un dont on serait épris. (...) Je ne peux plus réfléchir sans un serrement de cœur à ce que notre vie aurait pu être (Green, Journal, 1940, p. 35). 4. MINES ET CARR. Barrage qui empêche l'envahissement des galeries par les eaux. Dans les mines profondes, elle [l'eau] jaillit parfois sous forte pression après un long cheminement souterrain. Contre cette venue inopinée, on établit, dans certaines galeries, des barrages ou serrements, qui rappellent les cloisons étanches d'un navire; ces serrements sont en maçonnerie, en béton ou en métal, suivant l'importance du torrent à contenir (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 250). B. − [Corresp. à serrer II C] CH. DE FER. Serrement des freins. Freinage. Synon. serrage (v. ce mot B).Nous arrivions en gare d'Auteuil, le serrement des freins faisait chanceler mon compagnon sur ses jambes courtes (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 178). Prononc. et Orth.: [sε
ʀ(ə)mɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1509 sarrement des mains (Le Proces des deux amans, Anc. poés. fr. des xve-xvies. t. 10, p. 185); 2. 1671, 17 juin serrement de cœur (Mmede Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 272); 3. 1812 terme de mine (Relation des évenemens mémorables arrivés dans l'exploitation de houille de Beaujonc, p. 3 ds Quem. DDL t. 30). Dér. de serrer*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 391. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 438, b) 1 405; xxes.: a) 508, b) 229. |