| * Dans l'article "SERRER,, verbe trans." SERRER, verbe trans. I. − Vieilli ou région. Qqn serre qqc.Mettre à l'abri en lieu sûr, ranger. Serrer du linge dans un placard, du vin dans une cave; serrer des sous dans un mouchoir; hangar où l'on serre des outils; serrer des papiers dans un coffre-fort. Tout l'ameublement d'une famille arabe consiste en un ou deux coffres où l'on serre les hardes et les bijoux (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 227).Papadakis (...) serre les miches de pain frais dans sa cambuse (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 170). II. − Qqn/qqc. serre qqc. A. − 1. Tenir ou maintenir étroitement en exerçant une pression. a) Qqn serre qqc.1(contre, dans, entre, etc. qqc.2) − [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé concr.] Serrer un morceau de fer dans un étau, avec une tenaille; serrer qqc. dans sa main, contre son flanc; serrer sa pipe entre ses dents, son stylo entre ses doigts. Il tient son bâton, il serre son bâton dans son poing « pour si on cherchait à l'arrêter » (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 211).Laure serre entre ses doigts une tige d'herbe (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 179). ♦ En partic., vieilli. Presser, écraser pour exprimer un liquide. Un troisième [voisin], qui avait un pressoir, serrait le marc (Zola, Terre, 1887, p. 355). − [Le compl. d'obj. dir. désigne un animé ou une partie du corps] Serrer le bras, la taille de qqn. La fermière, sur un escabeau, serrait entre ses jambes une dinde qu'elle empâtait avec des gobes de farine (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 22).Trois fois, en vue d'immobiliser ma main pour allumer sa cigarette à la mienne, elle me tient et me serre le poignet (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 656). ♦ Empl. pronom. réfl. indir. Le vieux Rebbe (...) imitait la façon de rire de Kobus avec des grimaces si grotesques que (...) Fritz lui-même dut se serrer l'estomac pour ne pas éclater (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 33). ♦ Loc. verb. Serrer qqn (dans ses bras, contre soi, contre son cœur). Prendre quelqu'un dans ses bras et le tenir contre soi. Synon. étreindre.Petite fille qui serre une poupée. Il serre Mathilde dans ses bras; elle frémit et le repousse (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 296).Prends-moi dans tes bras, mon bien-aimé, et serre-moi de toutes tes forces (Sartre, Mouches, 1943, ii, 2etabl., 8, p. 83).Serrer le cou, le kiki (fam.) à qqn. V. kiki, quiqui I B.Serrer la main, la cuiller (pop.), la pince (fam.) à qqn. V. main 1reSection I E 2 c.Serrer les pouces à qqn (au fig.). V. pouce I B 2. b) Loc. verb. fig. ♦ Serrer le cœur (à/de qqn). Provoquer de l'angoisse ou une profonde tristesse chez quelqu'un. Chagrin, douleur, émotion, souvenir qui serre le cœur. Il ne sentait que le profond isolement qui serre le cœur quand vous entrez dans une ville étrangère, quand vous voyez cette multitude de personnes à qui votre existence est inconnue (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 48).Il y a des gens qui en sont tourmentés [d'être treize à table]. Moi-même, cela me serre le cœur (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 156). ♦ Serrer la gorge de/à qqn. V. gorge I B 2 a. 2. a) Maintenir vigoureusement appliqué; assujettir fortement. − IMPR. Serrer (une forme). Assujettir solidement la composition dans la forme à l'aide de coins de bois ou de métal. Empl. abs. On serre également à l'aide de (...) coins mécaniques qui se meuvent avec une clef sur ou dans une crémaillère (Des.-MullerImpr.1912). − MAN. Serrer l'éperon (à un cheval). ,,Lui donner de l'éperon`` (Littré). Serrer la botte (à un cheval) (vx). V. botte2. b) Rapprocher les bords, les extrémités de quelque chose. On utilise des agrafes métalliques spéciales que l'on place à cheval sur la fente et que l'on serre à la pince (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 165): 1. Il ployait la maille à la pince, la serrait d'un côté, l'introduisait dans la maille supérieure déjà en place, la rouvrait à l'aide d'une pointe (...) la chaîne s'allongeait peu à peu...
Zola, Assommoir, 1877, p. 426. 3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps et, en partic., des parties symétriques] Maintenir fortement rapproché ou fermé. Serrer les épaules, les genoux, les mâchoires, les paupières. Il est bien décidé à tout affronter. Il prend une pose raide, serre ses jambes et s'enhardit, au mépris d'une gifle (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 140): 2. Tu ne sais même pas très bien dire papa. Tu retires à la consonne p une grande part de sa force explosive. P... P... Serre les lèvres, puis desserre-les brusquement.
Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 35. − Loc. fig. Serrer les dents. V. dent C 5.Serrer les fesses. V. fesse A 1 b.Serrer les poings. V. poing A 4 a. − En partic. [Le suj. désigne un animal] Serrer la queue. Porter la queue entre les jambes, en signe de peur, de soumission, de désappointement. (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Diminuer le volume d'une chose en rapprochant les différents éléments qui la constituent, et les maintenir étroitement assemblés à l'aide d'un lien. Serrer un bouquet, un fagot, un paquet. − MAR. Serrer (une voile). Plier une voile et l'assujettir le long d'une vergue ou d'un mât. En haut, dans la mâture, on essayait de serrer les huniers (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 131). 2. Tendre un lien ou en réduire la longueur pour qu'il s'applique étroitement autour de quelque chose. Serrer une courroie; serrer un câble sur un treuil, une corde avec un garrot; serrer les lacets de ses chaussures. Il serre chaque jour, d'un cran, son ceinturon (Rostand, Cyrano, 1898, v, 2, p. 206).Serre un peu ta cravate, ça te fera venir le sang aux joues et on croira que tu es heureux (Montherl., Songe, 1922, p. 52).V. garrot ex. de Barrès. ♦ Empl. abs. Il entortille son poignet d'un chiffon, serre tant qu'il peut. Les doigts sont violets maintenant (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1280). − Serrer un nœud. Tirer sur l'extrémité ou les extrémités d'un nœud pour le rendre plus solide, plus difficile à défaire. Un nœud qu'on serre en voulant le délier (Renan, Avenir sc., 1890, p. 370). − Loc. verb. fig. Serrer le bouton à qqn (vx). V. bouton C 2 a.Serrer, tenir serrés les cordons de la bourse. Être très économe ou manquer de générosité. (Dict. xxes.). Se serrer la ceinture (fam.). V. ceinture I A 1. 3. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un vêtement] Appliquer étroitement contre le corps; réduire l'ampleur d'un vêtement et le maintenir près du corps. − Qqn serre qqc.1(avec, au moyen de, etc. qqc.2).Serrer un peignoir autour de la taille. On serre son manteau contre soi, vu que le froid vous pince fort (Flaub., Corresp., 1849, p. 135).Tiens bon! serre tes jupes! méfie-toi du salopiaud, derrière toi!... Sacré tonnerre, la voilà culbutée, et ces mufes [mufles] qui rigolent! (Zola, Assommoir, 1877, p. 698). ♦ Empl. pronom. réfl. Celle-ci se serre pauvrement dans son châle (Claudel, Feuille Saints, 1925, p. 629). − Qqc.2serre qqc.1Des épingles de bicyclette serrent le bas de son pantalon (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 283).Il me reçoit vêtu d'une longue blouse bleue que serre à la taille une ceinture de cuir (Green, Journal, 1946, p. 78). ♦ P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne la chevelure] Une bandelette où s'implantaient deux plumes d'autruche divergentes serrait leur épaisse chevelure (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 216).La vieille femme était là, toute seule. Un bonnet rond, immaculé, serrait ses cheveux en arrière (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 236). b) [Le compl. d'obj. dir. désigne le corps ou, souvent, une partie du corps] − Qqn serre qqc.1(avec, dans, au moyen de, etc. qqc.2).Maintenir à l'étroit, comprimer. On serra dans des guêtres de soie rouge ses jambes (About, Roi mont., 1857, p. 227).Comme toute véritable femme elle avait serré ses charmes dans un corset majestueux (Jouve, Scène capit., 1935, p. 36). ♦ Empl. pronom. réfl. Se serrer la taille dans une ceinture. La belle Lisa se serrait davantage dans ses corsets (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 675). ♦ Empl. pronom. réfl. indir., au fig., pop., fam. Se serrer la ceinture, le ventre. Se priver par souci d'économie. Quand on n'avait pas su mettre un sou de côté, on faisait comme les camarades, on se serrait le ventre (Zola, Assommoir, 1877, p. 523). − Qqc.2serre qqc.1Épouser (trop) étroitement la forme du corps. Robe, veston qui serre la taille; large ceinture qui serre les hanches; chaussure qui serre le pied. Un corsage de soie bleue qui serre et marque la taille et remonte un peu entre les deux seins (Taine, Notes Paris, 1867, p. 152).Nous raccourcirons les manches, dit le tailleur (...): le pantalon ne vous serre pas trop? (Green, Moïra, 1950, p. 71). C. − Agir sur une pièce mobile, un dispositif de fixation ou de fermeture, de manière à rapprocher deux éléments l'un de l'autre pour obtenir un blocage plus ou moins complet. Serrer un écrou, une vis; serrer un joint; serrer un robinet; serrer un frein à fond. Un bruit sourd, (...) comme en voiture lorsque l'on serre les freins des roues! (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 133): 3. Pour le serrage correct d'un joint (...), on rapproche les deux pièces l'une de l'autre, puis on serre modérément deux boulons d'assemblage opposés. Ensuite, perpendiculairement à ceux-ci, on serre également deux autres boulons opposés et ainsi de suite jusqu'à mise en place de tous les boulons d'assemblage.
Ambroise, Monteur mécan., 1949, p. 47. − Au fig. Serrer la vis* à qqn. D. − Disposer des choses, placer des personnes le plus près possible les unes des autres; rapprocher. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une ou plusieurs choses] Je serre ma chaise tout près de la sienne, et je pose ma tête sur son épaule (Colette, Cl. école, 1900, p. 37).On serre les planches en longues chaînes bossuées qui permettront de rouler ensuite le foin (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 81). − En partic. Serrer les lettres (en écrivant); serrer son écriture. Leuwen eut soin de ne pas serrer ses mots et ses lignes, et fit si bien qu'il supprima les sept lignes relatives au général Fari sans qu'il y parût (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 252).Pour apprécier la valeur de la philologie, il ne faut pas se demander ce que vaut (...) telle note que l'érudit serre au bas des pages de son auteur favori (Renan, Avenir sc., 1890, p. 144).Empl. abs. Serrez, tout doit tenir sur une seule page. (Dict. xxes.). − Spécialement ♦ IMPR., empl. abs. ,,Diminuer l'espacement, restreindre les blancs afin de gagner de la place dans la page`` (Comte-Pern. 1974). ♦ JEUX (tric-trac). Serrer son jeu. Ne pas étendre son jeu, pour ne pas se découvrir. (Dict. xixeet xxes.). Au fig. Serrer son jeu. Se montrer prudent. Ah! il faut serrer son jeu dans les affaires (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 446). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une ou plusieurs pers.] Serrer des convives autour d'une table. Réponds, le Borgne, combien peut-il tenir de noirs... en plus dans la goëlette? − Mais, en les serrant un peu... trente... − Pas plus?... − Non, car ils n'auraient pas même leurs coudées franches (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 21).Il faudrait élever la barricade de cinquante centimètres, moins serrer les tireurs, et en mettre aux fenêtres (Malraux, Espoir, 1937, p. 537). − Empl. pronom. Se serrer (contre qqn ou qqc.).Se presser, se blottir. Satin s'était serrée contre Nana, dans un petit frisson (Zola, Nana, 1880, p. 1374).Elle se serre contre le grand poêle de fonte, et bien que la chaleur du feu la pénètre elle continue à frissonner en pensant au pays glacé qui l'entoure (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 152). ♦ Se serrer (autour de qqn/qqc., l'un contre l'autre, entre deux personnes). Se rapprocher de quelqu'un/les uns des autres pour occuper le moins d'espace possible. Serrez-vous, pour que tout le monde puisse entrer; se serrer autour d'une table. Les cuisiniers nous dévisagent, (...) d'un même mouvement, on se serre autour d'eux et des demandes se bousculent: − T'en es sûr? Mais on devait être relevés demain... (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 79).J'eus droit (...) à me serrer sur la banquette, entre le douanier mal réveillé et quelques bureaucrates (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 146). − Loc. verb. fig., empl. pronom. réciproque indir. Se serrer les coudes. V. coude I B 1 a. − En partic., dans le vocab. milit. Serrer les rangs. V. rang A 1 b α. 3. Au fig. Parler ou écrire d'une manière concise. Serrer son style; serrer l'expression. Serre, serre les dialogues, on parle trop, et tes personnages parlent un peu tous de la même façon (Flaub., Corresp., 1858, p. 293).Empl. abs. Ne te laisse pas tant aller à ton lyrisme. Serre, serre, que chaque mot porte (Flaub., Corresp., 1852, p. 9). E. − 1. Passer au plus près de quelque chose. a) [Le suj. désigne une pers. ou un moyen de locomotion] Longer, passer au plus près de (quelque chose). Voiture qui serre le bas-côté; serrer le trottoir en garant sa voiture. (Dict. xxes.). ♦ Serrer sa droite/sa gauche. Marcher, conduire un véhicule en se tenant le plus près possible du côté droit ou gauche de la route (Dict. xxes.). Empl. abs. Serrer à droite, à gauche (Dict. xxes.). − MAR. Serrer la côte, la terre. Naviguer aussi près que possible de terre. Ils évitèrent les bancs de sable (...), puis ils se rabattirent sur la droite, à serrer la côte, pour chercher le courant (Queffélec, Recteur, 1944, p. 51).Serrer le vent [Dans la navigation à voiles] Naviguer aussi près que possible du lit du vent (d'apr. Le Clère 1960). Bientôt la Hyène orienta ses voiles, et, serrant le vent au plus près, mit le cap au sud (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 12).Papadakis (...) redonnait un coup de barre, serrait le vent, remontait grand large, plein nord (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 215). b) P. anal. (sans mouvement). Serrer de près. Border étroitement. Montagne qui serre de près une côte. À Blois finit la jetée. La route serre de moins près la Loire (Michelet, Journal, 1831, p. 102).À Nantes la barre de granit serre de près le fleuve et la ville (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 321). c) Au fig. Serrer (de près). Analyser, définir, saisir (quelque chose), rendre compte (de quelque chose) avec exactitude et précision. Serrer de près un sujet, un problème, une notion, une question; serrer un texte, une traduction; serrer les idées de plus près. Pour M. Zola, le roman doit serrer la réalité du plus près qu'il se peut (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 250).L'opinion (...) selon laquelle tout nouveau concept mathématique a son interprétation dans la nature, (...) serre la vérité de très près (Gds cour. pensée math., 1948, p. 325). 2. Qqn serre qqn a) Serrer qqn (contre, dans,... qqc.).Pousser, presser quelqu'un contre un obstacle de manière à lui couper la retraite ou à gêner ses mouvements. Automobiliste qui serre un cycliste contre le bas-côté d'une route; serrer qqn dans un coin; serrer l'ennemi contre le fleuve, la montagne. (Dict. xixeet xxes.). − Spéc. et p. anal. ♦ ART MILIT. Serrer une place, une ville. L'entourer, en couper les communications. (Dict. xixeet xxes.). ♦ ESCR. Serrer la botte. Presser vivement son adversaire (Dict. xixeet xxes.). b) Serrer qqn de près. Se rapprocher de quelqu'un, le talonner. Les Prussiens nous suivaient (...). On mit huit pièces en avant du village de Roedelheim, et l'ennemi (...) fut reçu par quelques décharges à mitraille, qui le dégoûtèrent de nous serrer d'aussi près (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 85).Après quatre jours de courses dans la neige (...), j'arrive me réfugier ici. Je n'ai ni bu ni mangé ces quatre jours. Bougrelas me serrait de près (Jarry, Ubu, 1895, v, 1, p. 83). − En partic. Serrer une femme de près. Lui faire une cour pressante. Votre monsieur ne vous a jamais proposé la chose? (...) Même, la matinée où il vous serrait de si près, dans le jardin? (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 168).Un peu plus loin, je dépasse Conan qui serre de près une belle fille rieuse (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 45). c) Arg. Serrer qqn.Incarcérer. Donnez-moi cinq cents francs, et, demain matin, votre homme est serré, car nous l'avons couché hier (Balzac, Comédiens, 1846, p. 312). REM. 1. Serrante, subst. fém.,arg. Serrure (d'apr. Esn. 1966). 2. Serreur, subst. masc.,rare, technol. Ouvrier chargé de serrer quelque chose (supra II C). L'ancienne équipe de laminage est ainsi une équipe fortement structurée: autour du premier lamineur, le serreur de vis et les machinistes obéissent à ses ordres et agissent de concert (Traité sociol., 1967, p. 455). Prononc. et Orth.: [sε
ʀe], [se-], (il) serre [sε:ʀ]. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Martinet-Walter 1973 [sε-], [se-], Martinet-Walter dans la proportion de 7 à 11. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. a) ca 1155 « fermer avec le verrou » (Wace, Brut, 5516 ds T.-L.); b) déb. xiiies. « enfermer, mettre en lieu sûr » (Audefroi li Bastars, Bartsch, Rom. et Past., I, 57, 67 ds Gdf.); c) ca 1485 « ranger, remiser » (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 5783: ou on serre les sciences par nous escriptes); 1507 (Eloy, Diablerie, 172, 17 ds IGLF: Fauche son foin ou le serre); 2. déb. xiies. « saisir vigoureusement » (Benoît de Ste-Maure, St Brendan, 498 ds T.-L.); 1616 serrer la main (d'Aubigné, Histoire, II, 272 ds Littré); 3. ca 1160 « joindre » part. passé (Eneas, 3999 ds T.-L.: menu serrees ot les denz); 1176 en parlant de soldats part. passé (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1667); d'où a) 1636 serrer son écriture, serrer les lignes (Monet); b) id. serrer les rangs du bataillon (ibid.); 1807 fig. (Staël, Corinne, t. 3, p. 164); 4. a) 1276 « rapprocher vigoureusement » (Rutebeuf, Voie de Paradis, 237, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, 349: Que toz jors sont ses denz serrees, Qui ja ne seront desserrees Se n'est por felonie dire); 1548 serrant de rage les dens (N. Du Fail, Baliverneries, p. 149 ds IGLF); b) 1480 genoulx serrez (G. Coquillart, Monologue, 135, éd. M. J. Freeman, p. 279); c) id. serrer les fesses (Id., Nouveaulx Droitz, 1757, p. 218); 5. 1527 « tenir à l'étroit en rapprochant à l'aide d'un lien » (1eroct.-30 mars, Compte d'ouvrages, 6esomme de mises, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 6. a) 1540 « pousser, presser quelqu'un contre un obstacle de manière à gêner ses mouvements » (Amadis de Gaule, p. 207 ds IGLF: à force de le serrer l'ayant embrassé estoit tombé du cheval à terre); b) 1648 « longer, passer au plus près de » (Scarron, Virgile travesti, V ds Littré); 1678 terme de mar. serrer le vent (Guillet 3epart., p. 307); c) id. terme d'équit. serrer la demy-volte (ibid. 1repart., p. 207); d) 1679 terme d'escr. serrer les mesures ici fig. (Cardinal de Retz, Mémoires, éd. A. Feillet et J. Gourdault, t. 3, p. 145); 7. 1690 « faire mouvoir un élément mobile de manière à rapprocher deux choses l'une de l'autre » (Fur.). B. Verbe intrans. ca 1165 « être contracté par la tristesse (en parlant du cœur) » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 15851). C. 1. Ca 1165 « s'approcher de très près » (Id., ibid., 22804); 2. 1170-83 « se contracter par une émotion douloureuse (en parlant du cœur) » (Wace, Roman de Rou, 3epart., 2372, éd. A.-J. Holden); 3. a) 1593 « se comprimer la taille à l'aide d'un bandage » (G. Bouchet, Serées, XXV ds Gdf. Compl.); b) 1825 (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 45: se serrer le nez); 4. 1678 équit. « ne pas prendre assez de terrain (d'un cheval) » (Guillet 1repart., p. 207). Du lat. pop. *serrare, altér. du lat. tardif serare « fermer » (dér. de sera « serrure », à l'orig. « barre de bois qu'on fixait derrière la porte »), peut-être sous l'infl. de ferrum « fer » ou barra « barre » (v. FEW t. 11, p. 507a). Fréq. abs. littér.: 7 474. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 035, b) 14 868; xxes.: a) 13 308, b) 9 814. Bbg. Kemna 1901, p. 91 (s.v. serreur). − Quem. DDL t. 7 (s.v. serreur). − Sculpt. 1978, p. 628 (s.v. serreur). |