| SERPE, subst. fém. Outil formé d'une large lame tranchante et recourbée en son extrémité, muni d'un manche en bois, et servant à élaguer, à émonder, à tailler les branches de moyenne grosseur. L'autre était rémouleur; il partait après la moisson avec sa meule de grès montée sur quatre fins montants de sapin, et avec sa manivelle de fer sur son dos. Il allait aiguiser les serpes, les faux et les couteaux devant les maisons pendant l'automne et pendant l'hiver (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p. 450).Tel qui sera parfaitement indifférent devant les sceaux de tant de rois, de grands seigneurs et de grands prélats, sentira peut-être une singulière émotion devant la serpe grossière d'un paysan normand gravée hâtivement au XIIIesiècle dans une matrice de plomb, ou devant le marteau d'un forgeron du XIVesiècle (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 420).− Loc. adv. À, en coups de serpe. Sans soin, sans application, grossièrement. Simon s'amusait à comparer les écritures sur la cheminée, les signatures entortillées (...) les paraphes en coups de serpe (Druon,Chute corps, 1950, p. 91). ♦ [En parlant d'un visage, d'un corps] Coupé, taillé à la serpe, à/ en coups de serpe. Aux lignes rudes, aux traits grossiers, anguleux. Le berger, très grand, très maigre, avec un visage long, coupé de plis, comme taillé à la serpe dans un nœud de chêne, répondit lentement (Zola,Terre, 1887, p. 101).Celui-là c'était un cheval! un athlète coupé à la serpe, une masse de muscles (Vialar,Éperon arg., 1952, p. 50). REM. 1. Serper, verbe trans.Couper à la serpe. Il aura entendu dire aux femmes qu'on manquait de claies pour les vers à soie, et il sera venu serper des roseaux à la première heure (A. Daudet,Arlésienne, 1872, II, tabl. 2, 2, p. 386). 2. Serpillière, subst. fém.,entomol. Insecte qui coupe les racines des plantes. Synon. cour. courtilière.Le Jardinier: (...) j'ai passé ce matin ma maison à la chaux de manière qu'aucune trace n'y demeure des mulots et des serpillières (Giraudoux,Électre, 1937, I, 4, p. 73). Prononc. et Orth.: [sε
ʀp]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « outil formé d'une large lame en forme de croissant et muni d'un manche court » (Renart, éd. E. Martin, br. IX, 1088); 1674 « couteau » (ds Esn.); 2. 1694 fait à la serpe « fait d'une manière grossière, d'un travail manuel ou d'un ouvrage de l'esprit » (Ac.); 1718 fait avec une serpe « mal bâti, d'un homme » (ibid.); 1865 taillé à coups de serpe (d'un corps) (Taine, Philos. art, t. 1, p. 233). D'abord a. fr. serpe, d'un lat. pop. *sarpa, de sarpere « tailler (la vigne), émonder ». Fréq. abs. littér.: 106. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 242. − Simoni-Aurembou (M. R.). Le Travail de la vigne dans l'Orléanais... R. Ling. rom. 1974, t. 38, pp. 498-499. |