| SERINER, verbe trans. A. − 1. Seriner un oiseau. Apprendre à chanter à un oiseau. Le bourgeois (...) interrompant une quittance de loyer pour seriner un canari (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 108).Sa maîtresse (...) dont le parlage ne le choquait pas plus que les notes d'un oiseau qu'on n'a pas seriné (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 219). 2. Seriner un air à un oiseau. Apprendre un air à un oiseau. Seriner un air à son serin (Lar. 19e). B. − P. anal., fam. Apprendre quelque chose à quelqu'un en le lui répétant souvent. 1. Seriner qqn.Il s'agit de lui (...) tracer un plan de conduite (...). Avant son interrogatoire il doit avoir été seriné (Balzac, Splend. et mis., 1846, p. 381).Tout à fait extraordinaire (...) le besoin qu'il [un acteur] a d'être seriné par un directeur, par un metteur en scène (Goncourt, Journal, 1885, p. 421). − P. méton. ♦ Endoctriner. Ta femme a bien aidé à notre refroidissement; elle était serinée par sa mère, à qui elle écrivait deux lettres dans la semaine (Balzac, Contrat mariage, 1835, p. 343). ♦ Importuner en répétant souvent la même chose. Écoute, Babette, laisse-la faire ses cours. Ne nous serine pas avec tes questions (Y. Hureaux, La Prof, 1972, p. 198 ds Rob. 1985). 2. Seriner qqc. à qqn.Seriner les déclinaisons latines à des élèves. Il m'a seriné mon rôle (...) j'ai mis du temps à l'apprendre, parce que je ne suis pas très-forte sur la mémoire (Kock, Compagn. Truffe, 1861, p. 117).Cette pauvre petite qui me serine ma danse depuis une heure un quart, je ne voudrais pas être à sa place! (Colette, Music-hall, 1913, p. 153).V. dixième ex. 3. ♦ Rare. [Avec une complétive] C'est cependant un phénomène singulier qu'un garçon de vingt ans (...) se sente subitement une conviction royaliste − alors qu'on lui a seriné, à l'école ou au lycée, qu'il n'y aura jamais plus de roi (L. Daudet, Vers le roi, 1920, p. 110). − P. ext. Répéter, émettre souvent. Un poste de radio (...), après avoir seriné en sourdine des mélodies sentimentales, annonça que (...) la peste avait fait cent trente-sept victimes (Camus, Peste, 1947, p. 1338).Contre les notions vagues et synthétiques qu'on nous serinait, soir et matin (...), il nous fallait [pendant l'occupation] réveiller le vieil esprit d'analyse seul capable de les mettre en pièces (Sartre, Sit. II, 1948, p. 258). Prononc. et Orth.: [sə
ʀine], (il) serine [sə
ʀin]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1555 « chanter agréablement (en parlant des oiseaux) » (P. Belon, Nature des oyseaux, 354 ds R. Philol. fr. t. 43, p. 202), attest. isolée; b) 1808 « instruire un oiseau au moyen de la serinette » (Boiste); 2. 1831 « répéter souvent quelque chose à quelqu'un » (Sue, Atar-Gull, p. 17). Dér. de serin*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 40. DÉR. Serinage, subst. masc.,fam. Action d'apprendre quelque chose à quelqu'un en le lui répétant souvent. Aucun serinage, aucune dure école n'ont pu enseigner à ce faune-enfant [un jeune artiste] l'art de marteler les mots (Colette, Jumelle, 1938, p. 60).− [sə
ʀina:ʒ]. − 1reattest. 1867 (A. Azevedo, Opinion nationale, 2 avr. ds Littré Suppl.); de seriner, suff. -age*. |