| * Dans l'article "-AIN2, -AINE,, suff." -AIN2, -AINE, suff. Suff. coll. formateurs de subst. à partir de numéraux. I.− Suff. masc. -ain [Le dér. est empl. sans compl. déterminatif] A.− Le dérivé désigne une pièce de vers ou une strophe; la base indique le nombre de vers : cinquain « pièce, couplet de cinq vers » dizain « pièce de poésie de dix vers » douzain « pièce de poésie de douze vers » huitain « petit poème de huit vers; strophe de huit vers » neuvain « strophe de neuf vers » (Lar. 20e) onzain « strophe de onze vers » quatrain « petit poème de quatre vers; strophe de quatre vers » seizain « pièce de seize vers » (Littré) septain « poème ou strophe de sept vers » sizain, sixain « petite pièce de poésie, strophe composée de six vers et construite sur deux ou trois rimes » B.− Vx. Le dérivé désigne une monnaie ou un poids, dont la valeur est le multiple − indiqué par la base − d'une monnaie de référence : dizain « pièce de billon qui valait dix deniers tournois » (Lar. 20e) douzain « ancienne monnaie française qui valait douze deniers ou un sou » quatrain « petite monnaie qui valait à peu près un liard » (Littré) quinzain « ancienne monnaie d'or française qui valait quinze livres » (Lar. 20e) seizain « un quart d'écu » (Littré) sixain « poids valant le quart d'une once » (Lar. 20e) treizain, treisain « monnaie du Moyen-Âge, équivalant à peu près à un sou d'argent » (Lar. 20e) C.− Vx. Le dérivé désigne un drap caractérisé par la trame; la base indique le nombre de centaines de fils : quarantain « ancienne sorte de drap (composé de quarante fois cent fils) » (Lar. 20e) quinzain « drap dont la trame est de quinze centaines de fils » (Lar. 20e) seizain « drap dont la trame est de seize centaines de fils » (Lar. 20e) trentain « drap dont la chaîne est composée de trente fois cent fils » vingtain « drap de laine dont la chaîne était faite de vingt fois cent fils » (aussi vingtaine; synon. vingt-cents) (Lar. 20e) Cf. aussi les composés :dix-huitain , subst. masc.« autrefois, dans le Midi de la France, drap dont la chaîne était composée de dix-huit cent fils » (Lar. 20e) trente-deuxain , subst. masc.« ... de trente-deux fois cent fils » (Lar. 20e) trente-sixain , subst. masc.« ... de trente-six fois cent fils » (Lar. 20e) vingt-deuxain , subst. masc.« ... de vingt-deux fois cent fils » (Lar. 20e) vingt-huitain , subst. masc.« ... de vingt-huit fois cent fils » (Lar. 20e) vingt-quatrain , subst. masc.« ... de vingt-quatre fois cent fils » (Lar. 20e) vingt-sixain , subst. masc.« autrefois, dans le Midi de la France, drap dont la chaîne était composée de vingt-six fois cent fils » (Lar. 20e) Rem. Le dér. est également empl. adjectivement : drap seizain, trentain, trente-deuxain, etc. D.− Vx. Le dérivé est un collectif. Il désigne en particulier un ensemble de jeux de cartes : dizain « paquet de dix jeux de cartes » (Lar. 20e) douzain « paquet de douze jeux de cartes » (on dit plutôt double-sixain) (Lar. 20e) sizain « paquet de six jeux de cartes » (on écrit aussi sixain) (Lar. 20e) − Il peut désigner aussi des choses diverses : cinquain « ordre de bataille au xvieet xviies. composé de cinq bataillons ou de cinq escadrons » (Lar. 20e) douzain « dans le Berry et l'Anjou particulièrement, cadeau consistant en douze pièces, douze douzaines ou douze centaines de pièces d'or ou d'argent » (Lar. 20e) septain archéol., « paquet de sept serviettes destinées à servir pendant les sept jours de la semaine » (Lar. 20e) sizain « paquet de six pièces ou demi-pièces de ruban, de fil ou de laine; paquet d'épingles composé de six milliers » (FEW t. 11, s.v. sex) trentain « nombre de trente messes qu'on fait dire pour un défunt » (Littré) Rem. Le dér. peut désigner aussi divers objets caractérisés par le nombre de leurs éléments : onzain « tas de onze gerbes en Normandie » (Lar. 20e) quatrain « nom vulgaire de l'espèce de chardonneret qui a quatre plumes de la queue terminées par une marque blanche » (Littré) septain « corde faite de sept torons » sixain « chardonneret dont la queue n'a que six pennes terminées de blanc » (FEW t. 11, s.v. sex) II.− Suff. fém. -aine Morphol.
A.− Le suff. -ain2se combine princ. avec les finales [t] et [z]
1. Consonne finale [t]
a) [t] est la consonne finale prononcée des bases : sept, huit, trente, quarante, cinquante, soixante.
b) [t] correspond au graphème -t final de la base vingt, cent.
2. Consonne finale [z]
a) [z] est la consonne finale prononcée des bases : douze, onze, quatorze, quinze, seize, treize.
b) [s] > [z] : dix/dizain(e), six/sizain(e)
Dans ce cas, il faut noter la var. [z]/[ks] dans le cas du suff. masc. : dizain/dixain (au xviies.), sizain/sixain (jusque dans la période moderne).
B.− Il semble qu'il y ait eu hésitation dans certains cas sur le genre du suff. :
dizain « portion de chapelet composé de dix grains entre deux gros grains; dizain de chapelet » (Lar. 20e)/dizaine « succession de dix grains de chapelet, entre deux gros grains »
sizain ou sixain « paquet de six jeux de cartes »/sixaine « paquet de six jeux de cartes » (1560, FEW t. 11, s.v. sex)
vingtain « drap de laine, etc.; aussi vingtaine » (Lar. 20e)A.− [Le dér. peut être suivi d'un compl. déterminatif introd. par de (une dizaine d'enfants)] Le suffixe -aine suggère un ensemble d'unités dont le nombre est précisé par le numéral auquel il est accolé. Il s'y mêle généralement une idée d'approximation : centaine « nombre de cent environ » cinquantaine « nombre de cinquante environ » demi-douzaine « moitié d'une douzaine ou six unités; approximativement, six choses de même nature » dizaine « réunion de dix personnes, de dix choses de même nature; p. ext., environ dix » douzaine « réunion de douze choses de même nature ou quantité indéterminée se rapprochant de douze » quarantaine « nombre de quarante environ » quinzaine « nombre de quinze environ » soixantaine « nombre de soixante environ » trentaine « nombre de trente environ » vingtaine « nombre de vingt environ » Rem. La not. d'approximation s'explique peut-être par des raisons extra-linguistiques. Pour demi-douzaine, douzaine, dizaine et quinzaine, l'effet d'approximation tient à l'absence de dér. formés sur le nom de nombre qui précède ou qui suit (onzaine et treizaine signalés dans certains dict. ne sont pas usités). Pour centaine, cinquantaine, quarantaine, trentaine, vingtaine, l'effet d'approximation tient au fait qu'on se situe dans une série décimale sans envisager les unités. B.− [Le dér. n'est pas suivi de compl. déterminatif] 1. Le dérivé indique un laps de temps − Le dérivé indique un laps de temps évalué en jours : huitaine « huit jours » quarantaine « espace de quarante jours » quinzaine « espace de quinze jours » ♦ Avec un sens partic. : neuvaine « série d'exercices de piété et de prières, qu'on fait pendant neuf jours consécutifs » ♦ Avec une base qui n'est pas sentie : semaine « chacun des cycles de sept jours » Cf. aussi les mots vieillis :quatorzaine « terme de pratique ancienne. Espace de quatorze jours, qui s'observait de l'une à l'autre des quatre criées de biens saisis réellement » (Littré) seizaine « espace de seize jours; salaire qu'on paie tous les seize jours » dep. Lar. 1923 (FEW, t. 11, s.v. sedecim) − Le dérivé indique un laps de temps évalué en années : cinquantaine « cinquante ans de vie » dep. Acad. 1694 (FEW t. 2, s.v. quinquaginta) quarantaine « âge de quarante ans » soixantaine « âge de soixante ans » trentaine « âge de trente ans » 2. Vx. Le dérivé désigne un cordage caractérisé par le nombre des fils ou formes qui le composent : centaine « brin de fils reliant ensemble tous les fils d'un écheveau » (Littré) cinquaine « petite corde de 5 fils » (Poitou) (FEW t. 2, 2, s.v. quinque) seizaine techn., « petite corde dont les emballeurs font usage » (Lar. 20e) vingtaine « petit cordage dont les maçons se servent pour conduire les pierres, en les élevant avec le câble... » (Littré) 3. Vx. Le dérivé désigne une troupe, une assemblée : centaine « chez les anciens Germains, groupe de cent personnes organisées dans le dessein de poursuivre les malfaiteurs » (Lar. 20e) cinquantaine « compagnie urbaine de 50 hommes commandés par un cinquantenier » (Lar. 20e) douzaine admin., « depuis le xviies. au moins, la douzaine est dans les îles de Guernesey et d'Aurigny, le nom du conseil administratif de chaque paroisse, dont les douze membres sont élus à vie » (Lar. 20e) quatraine « file de quatre soldats » (FEW t. 2, 2, s.v. quattuor) vingtaine m. fr., « milice dont chaque section se compose de 20 hommes » (Lar. 20e) Rem. 1. Le dér. désigne des choses diverses : onzaine « chandelier à onze branches » (Lar. 20e) seizaine « paquet de seize cerceaux »; de Trév. 1752 à Acad. 1835 (FEW t. 11, s.v. sedecim) sixaine « paquet de six jeux de cartes » (FEW t. 11, s.v. sex) Rem. 2. Noter le sens partic. de dizaine « succession de dix grains de chapelet entre deux gros grains ». Étymol. ET HIST.
A.− Étymol. − Meyer-L. t. 2 1966, § 178 estime que l'orig. du suff. est à chercher, en dépit de la graph. ai, dans le distributif lat. -ēni. Il en voit la preuve dans l'existence du suff. prov. -en et dans le fait que le sens ,,chaque fois n`` ou ,,ensemble de n`` est étranger au suff. -anu(m). Bl.-W.5estime de même que ,,le suff. -ain a remplacé -ein, lat. -ēnus des multiplicatifs`` (s.v. dizain). À propos de l'étymol. de centaine, il écrit : ,,dér. de cent (...) ou plutôt lat. centēna, fém. pris substantiv. du distributif centenus, avec substitution de suffixe en fr.``
1. -aine. Il existe en effet une filiation entre le distributif lat. et le suff. -aine comme en témoignent les graph. -ene, -eine, -enne en a. fr. Ce suff. a pu être étendu p. anal. aux numéraux qui n'existaient pas en lat. :
centaine, fin xiies., centeine (Dauzat 1964) < lat. centena
cinquaine, cinqueine « troupe de cinq hommes », 1593 (FEW t. 2, 2, s.v. quinque)
cinquantaine, xiiies. cinquantene
douzaine, fin xiies. (Dauzat 1964) < lat. ducena (Bl.-W4).
huitaine : uitaine, env. 1190; huitene, 1271 (cf. Gdf.)
neuvaine, vers 1364, nouvenne (Bl.-W.4)
quarantaine, vers 1190, quaranteine (Dauzat 1964)
quinzaine, 1175 (ibid.); FEW t. 2, 2, s.v. quindecim signale quinzenne
sizaine, 1377, sisenne « demi douzaine » (FEW t. 11, s.v. sex)
2. Le suff. -ain. Également du lat. -ēni. Cependant, notamment dans la dénomination des mesures et des pièces de monnaie, il semble qu'il y ait eu confusion avec la termin. -in*, à valeur diminutive (< lat. -inu(m)) :
cinquain, cinquin « fût » xiies. (FEW t. 2, 2, s.v. quinque)
douzain, dosin « mesure » (cf. Littré); Du Cange dosinus
quatrain, quatrin, 1253 « liard » et quadrin en m. fr. (FEW t. 2, 2, s.v. quattuor)
quinzain, quinzin, a. wall., « sorte de monnaie » (ibid., s.v. quindecim)
seizain, sesin, 1640 « 1/4 d'écu » (ibid. t. 11, s.v. sedecim)
B.− Vitalité et productivité
1. Vitalité
a) Le suff. n'est pas senti si la base n'est pas un numéral du système fr. Cf. semaine.
b) La base est obligatoirement un numéral non composé. La formation sur des numéraux composés est restée cantonnée dans un domaine techn. limité (cf. supra I C).
2. Productivité. − Le suff. -aine a été éliminé par -ième pour exprimer la fraction d'une grandeur. Cf. cependant : sisainne « sorte de redevance », anc. flam. (FEW t. 11, s.v. sex); dizaine « subdivision du comté » (Lar. 20e). Ont de même été éliminés les emplois adj. des dér. Cf. fièvre quartaine « fièvre qui revient tous les quatre jours »; fièvre septaine « qui revient tous les sept jours ». Il en va de même pour le suff. -ain, qui le cède à -ième pour exprimer l'ordination : ,,pour former des nombres ordinaux, on s'est aussi servi de la termin. -ain; elle se trouve dans : premerain (Roland, v. 122), tierçain, quartain, sisain (R. de Troie, v. 8165), setain, uitain ou oitain (ib. v. 305), dizain, unzain, douzain, trezain, quatorzain, quinzain, sezain, dis et oitain, vintain. Aucune de ces formes n'a survécu au moyen âge comme adj. numéral.`` (Nyrop t. 2 1936, § 496). Même rem. pour vers huitain (1555, Dauzat 1964); les dict. enregistrent cependant : drap dix-huitain, drap trentain, mais cinquantain « de cinquante jours ». Étant donnée la nature de la base, la productivité du suff. est nulle. La tendance est à une régression dans l'emploi des dérivés. Les sens notés par les dict. concernent souvent des emplois rel. à des techn. désuètes. |