| SENSATIONNEL, -ELLE, adj. A. − [Corresp. à sensation II C] Qui fait sensation, qui produit une forte impression, un effet de surprise sur le public. Ma vieille voisine rageuse (...) plaça ses bras en croix sur sa poitrine pour montrer qu'elle ne se mêlait pas aux applaudissements des autres et rendre plus évidente une protestation qu'elle jugeait sensationnelle, mais qui passa inaperçue (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 50).Il y lisait [sur la manchette d'un journal], en gros caractères, comme c'est l'habitude pour les nouvelles sensationnelles: Assassinat du député Auguste Dréard (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 126). ♦ En partic. Destiné à faire sensation, à provoquer des remous ou le scandale dans le public. Synon. à sensation.Être l'auteur d'un scoop sensationnel est l'idéal de tout correspondant d'agence (Civilis. écr., 1939, p. 40-11).Péj. Les franches et amicales explications de l'Espagne avaient ramené à ses proportions véritables l'incident du consul Boisset, si étrangement grossi par quelques journaux « sensationnels » (Jaurès, Eur. incert., 1914, p. 356). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui fait sensation. La présentation des quotidiens est dominée par la recherche du sensationnel, au moyen du titre et de la photographie (Civilis. écr., 1939, p. 42-11).Notre littérature (...) n'exigerait pas avec tant de soin le sensationnel, la surenchère et l'audace, si elle ne voulait nous faire oublier qu'elle est littérature, qui use de mots et de phrases (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 55). B. − Qui est remarquable, qui suscite l'intérêt. Sur Van Gogh, je prépare un ouvrage qui comportera des révélations sensationnelles et des renseignements scientifiques (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 52).C'est bien l'apparition d'éléments nouveaux qui va marquer le début de l'époque moderne; mais nous n'allons pas nous trouver ici en présence d'un fait unique et sensationnel comparable à la naissance de l'algèbre (Gds cour. pensée math., 1948, p. 237). C. − Fam. [Avec une valeur d'intensif] Synon. de extraordinaire, fabuleux, formidable.C'est un médicament sensationnel qui peut faire votre fortune (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 123).Tout le monde dit qu'à l'écran elle sort d'une manière sensationnelle (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 472).V. rouf(f)laquette ex. de Montherlant. REM. Sensas(s), sensa,(Sensas, Sensass) adj. inv.,fam., abrév. de sensationnel. C'est sensass! J'ai vu un film sensass (Riv.-Car.1969). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃sasjɔnεl]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1837 « qui se fonde sur la sensation » (Balzac, Corresp., p. 293); 2. 1889 « qui attire l'attention du public » procès sensationnels (Bourget, Disciple, p. 32); 1927 empl. subst. (Benda, Trah. clercs, p. 216); 3. 1924 « remarquable, extraordinaire » (Montherl., Olymp., p. 310: sensationnel! MmePeyrony est venue voir son fils au stade). Dér. de sensation*; suff. -el (v. -al). Fréq. abs. littér.: 103. DÉR. 1. Sensation(n)alisme,(Sensationalisme, Sensationnalisme) subst. masc.Goût, recherche du sensationnel. Life, à qui son caractère de monument national interdit tout sensationnalisme gratuit, a publié récemment deux articles qui, dans un magazine non américain, seraient considérés comme une grossière affabulation (Paris-Match, 6 août 1966, p. 16, col. 2).− [sɑ
̃sasjɔnalism̭]. Lar. Lang. fr.: -nn-, Rob. 1985: -nn- ,,on écrit aussi sensationalisme``. Plutôt n simple devant -al (v. Thim. 1967, p. 55 et Gak 1976, p. 197). − 1reattest. 1909 (A. Raffalovitch, in L'Abominable vénalité de la presse, p. 222 ds Quem. DDL t. 21); dér. sav. de sensationnel, suff. -isme*. 2. Sensation(n)aliste,(Sensationaliste, Sensationnaliste) adj.Qui recherche le sensationnel. Il court, il court, le « Che » [Che Guevara]. Il est passé par ici, il est passé par là. Ce n'est plus le serpent de mer, c'est le furet des journaux sensationnalistes (Le Nouvel Observateur, 4 oct. 1967, p. 4, col. 1).− [sɑ
̃sasjɔnalist]. V. supra sensation(n)alisme. − 1reattest. 1967, 4 oct. id.; dér. sav. de sensationnel, suff. -iste*. BBG. − Gall. 1955, pp. 46-47; p. 92, 118, 454. − Quem. DDL t. 12, 13. |