| SEMOULE, subst. fém. ALIMENTATION A. − 1. Produit alimentaire fait de grains de céréales concassés plus ou moins finement par mouture et généralement débarrassés de leur enveloppe. Semoule de froment, de maïs, de riz. Le dîner des hôtes, car l'on appelait au cloître le déjeuner dîner et le dîner souper, était composé d'un bouillon épaissi par des îles réunies de semouille (Huysmans, L'Oblat, Paris, Plon, 1911 [1903]ds Rob. 1985).Les semoules de blés durs sont très riches en gluten. Elles sont classées en plusieurs catégories, selon leur grosseur: les très grosses servent de semoules à potages, les autres sont utilisées dans la fabrication des pâtes alimentaires (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 14).V. infra dér. semoulerie ex. de Marseille. ♦ P. métaph. Ce sens asiatique de la continuité, est-ce qu'il ne s'éclaire pas (...) si nous y mêlons cette image (...) je veux parler de cette rotative américaine fabriquant à toute vitesse une semoule humaine de grains durs et pareils (Claudel, Convers. Loir-et-Cher, 1935, p. 210). − Semoule blanche. Semoule de riz. Semoule jaune. Semoule de froment colorée avec du safran. La meilleure semoule est celle de Gênes, où l'on en fabrique de deux sortes, savoir: la semoule blanche, qui se fait avec de la farine de riz, et la jaune qui se fait avec de la fleur de froment dans laquelle on ajoute de la teinture de safran, de la coriandre et des jaunes d'œufs (Dumas1873). 2. En partic. Semoule de blé. Gâteau, paquet de semoule; entremets, potage, soupe à la semoule; semoule pour le couscous, pour les pâtes alimentaires. − (...) As-tu seulement du vermicelle (...)? La Pierronne se désespéra bruyamment. − Rien du tout, ma chère. Pas ce qui s'appelle un grain de semoule (Zola, Germinal, 1885, p. 1360).On mange de la galette aux pruneaux (...), à la semoule, ce qui me vaudra trois jours de migraine (Renard, Journal, 1906, p. 1085). 3. P. anal. Semoule de pomme de terre. Pâte alimentaire tirée de la pomme de terre. La maison Chollet et Cie fabrique en grand de la farine granulée ou de la semoule de pomme de terre, dont l'Angleterre exporte des masses considérables pour nourrir les émigrants qu'elle transporte aux colonies (J. Girardin, Leçons de chim. élém., t. 5, 1875, p. 178). B. − P. anal. 1. En appos. Sucre semoule. Sucre en poudre, à grains plus gros que le sucre en poudre. Napper [les poires Belle-Hélène] au moment de servir d'une sauce au chocolat préparée en faisant fondre 100 g de chocolat à cuire au bain-marie avec 1 dl de lait et 20 g de beurre; lorsque le mélange est homogène, ajouter 30 g de sucre semoule et 1 grosse cuillerée de crème fraîche (S. Girard, Guide du chocolat et de ses à-côtés, 1984, p. 134). 2. Loc. arg., pop. a) Lâcher, envoyer la semoule. Éjaculer. Nous v'là obligés d'faire des kilomètres avec le micheton au cul pour trouver une piaule. Faut t'estimer heureuse quand, rendue au gourbi, tu t'retournes et que le mec t'a pas fait la malle! Because qu'il a envoyé la semoule durant l'parcours! (J. Cordelier, La Dérobade, 1976, p. 33 ds Cellard-Rey 1980). b) Pédaler dans la semoule. V. pédaler B 1. Prononc. et Orth.: [səmul]. Littré: [-muλ], DG: [-mul] et vieilli [-muj]; Passy 1914: [-muj] ou [-mul]; dep. Barbeau-Rodhe 1930: [-mul]. ,,Souvent écrit et prononcé semouille sous l'influence du suffixe -ouille; malgré l'orthographe qui a fixé la forme -oule, la prononciation mouillée s'est maintenue comme archaïsme`` (Buben 1935, § 163). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1505 symole « gruau de froment passé au four et concassé » (D. Christol, Platine en francoys, f o63 v oa d'apr. R. Arveiller ds Mél. Séguy (J.), p. 81); 1583 semole « fine farine importée d'Italie » (J. Liébault, L'Agriculture et maison rustique, f o302 v o); 1701 semoule « pâte faite de fine farine et d'eau, et réduite en petits grains » (Fur.). Empr. à l'ital.semola « son » (dep. 1remoit. xives., G. Villani ds Tomm.-Bell.), du lat. tardif simola (Isidore d'apr. FEW t. 11, p. 623a; aussi simula au xiiies., v. Du Cange et Latham), forme dissimilée du lat. class. simila « fleur de farine ». Fréq. abs. littér.: 14. DÉR. 1. Semoulerie, subst. fém.,technol. a) Atelier, usine où l'on fabrique de la semoule. Semoulerie de Marseille, de Nice; semoulerie d'une usine de pâtes alimentaires. Décortiqués de leur enveloppe les grains de blé dur riches en gluten sont concassés et triturés à la semoulerie, et c'est la semoule ainsi obtenue qui sert à fabriquer les pâtes (Marseille, mai-août 1955, p. 33).b) Industrie de la semoule. Semoulerie marseillaise, napolitaine. Les deux industries de la semoulerie et des pâtes alimentaires dépendent étroitement l'une de l'autre, la première fournissant à la seconde sa matière première, et la seconde à la première son principal débouché (Marseille, mai-août 1955, p. 33).− [səmulʀi]. − 1reattest. 1930 (Lar. comm., s.v. pâtes alimentaires); de semoule, suff. -erie*. 2. Semoulier, -ière, adj. et subst.,technol. a) Adj. Qui a rapport à la semoule. Industrie semoulière. 97 % de la production semoulière est absorbée par la fabrication des pâtes (Marseille,mai-août 1955, p. 38).b) Subst. Personne qui fabrique de la semoule ou qui travaille à la fabrication de la semoule. Vers 1815 semouliers et vermiceliers avaient les mains liées par l'échelle mobile et à peine achetaient-ils 3.000 hectolitres de blé dur; tant que les droits d'importation sur les blés d'Italie dépassaient un certain niveau, ils chômaient, ou se contentaient d'une petite semoule, provenant de blé tendre (Marseille,mai-août 1955, p. 36).− [səmulje], fém. [-jε:ʀ]. − 1reattest. 1955 (Mét.); de semoule, suff. -ier*. BBG. − Hope 1971, p. 221. |