| SEMBLANCE, subst. fém. Vieilli ou littér. A. − Au sing. Apparence, aspect sous lequel se présente quelqu'un ou quelque chose et qui évoque quelqu'un ou quelque chose de comparable. Il était devenu tout à fait joli homme, ayant (...) toute une semblance d'ange du ciel, qui le différenciait d'un paysan (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p. 137).Comment saurai-je quelle semblance là-dedans se trouve, vérité ou contes des femmes à faire peur et pétarade d'étincelles? (Claudel,Choéphores, 1920, p. 938). − [En rapport avec sembler (v. ce mot I B 4) p. oppos. à être] L'art de sembler glisse dans l'art de simuler, le simili devient pseudo: autrement dit, l'homme secret et discret ne fait pas que sembler, il fait semblant! Mais, au lieu que la semblance tantôt révèle l'être, en le laissant affleurer à la surface (car il arrive, après tout, que le vrai soit aussi vraisemblable!) tantôt ne diverge d'avec lui qu'innocemment, la simulation maquille volontairement le réel pour tromper (Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 14). ♦ Faire semblance de + inf.(pop.). Donner l'impression de. Synon. usuel faire semblant*.Les soupçons venant de plus en plus à Brulette, elle fit semblance d'insister là-dessus, et Joseph même fut obligé d'y dire son mot, à savoir que Brulette s'ennuyait à ne rien faire (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p. 159).Je faisais semblance d'aller tomber de l'eau, et je gagnais en douce les granges (M. Stéphane,Ceux du trimard, 1928, p. 202). − [En rapport avec semblable (v. ce mot I A)] À la semblance de + subst.En présentant l'aspect de (quelqu'un ou quelque chose). Synon. usuel à l'image de, à la ressemblance de.Je vois (...) trois démons qui (...) s'apprêtent à saisir cet homme. Ils sont à la semblance d'une tour, d'une femme et d'un nuage (France,Thaïs, 1890, p. 336).Il ne s'apercevait pas qu'il en était déjà le prisonnier [du personnage qu'il jouait], qu'il se guindait un peu plus chaque jour à la semblance de ce héros factice (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 159). B. − Au sing. ou au plur., suivi de de + subst. sans art.Ce qui a l'aspect, l'apparence de (quelqu'un ou quelque chose). De rares feuilles jaunies, poussiéreuses et bruissantes, filaient dans les rafales (...), puis, semblances de chauves-souris, disparaissaient dans l'ombre (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 215).Peut-il s'amorcer une semblance de délibération appréciative du fait qu'une néantisation plus profonde sépare la conscience réflexive de la conscience réfléchie ou mobile et du fait que le mobile est en suspens (Sartre,Être et néant, 1943, p. 528). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃blɑ
̃:s]. Att. ds Ac. 1694-1740. Étymol. et Hist. 1. 1119 « similitude, ressemblance » (Philippe de Thaon, Comput, 2529 ds T.-L.); 2. ca 1150 « apparence, forme extérieure » (Wace, Vie St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 353). Dér. de sembler*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér.: 18. Bbg. François (A.). La Désinence « ance » ds le vocab. fr. Genève-Lille, 1950, pp. 70-71. − Renson (J.). Les Dénom. du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp. 436-441. |