| SEMAILLES, subst. fém. plur. A. − Action de semer (surtout des céréales), d'ensemencer la terre. Faire les semailles; les semailles d'automne, de printemps; l'époque des semailles; semailles en ligne, à la volée. Les petites semailles commencent chez nous au mois de mars (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 446).P. métaph. Car, enfin, il n'y a pas à douter: l'école maternelle tente le premier labourage et la première semaille (Frapié, Maternelle, 1904, p. 44). − Au sing., rare. Faire la semaille. Pourquoi pas un contrôle de la semaille, de la moisson, de la vendange (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 309).C'est au printemps et pendant les travaux qui précèdent la semaille qu'on donne le complément d'azote sous forme de nitrate de soude, en vue de donner une poussée énergique à la levée et au développement des feuilles (Rouberty, Sucr., 1922, p. 32). − Expr., loc. fig. Être à l'état de semailles. N'être encore qu'une ébauche. Tout livre, dans sa première édition, est à l'état de semailles (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1841, p. 424).Au sing., rare. En semaille. À la façon dont on sème le grain. Synon. à tous vents, à la volée.Depuis dix-huit ans qu'il jetait ses idées en semaille dans le Paris de la jeunesse, plus d'un (...) avait fait le meilleur de sa gloire des bribes insouciamment dispersées à tous les coins de table où ce singulier garçon s'asseyait (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 68). B. − P. méton. 1. Vieilli. Époque où l'on sème les grains. Pendant les semailles (Ac.). 2. Graines que l'on va semer ou que l'on a semées. Ainsi tout s'envenimait de jour en jour. Le temps s'était mis à la pluie en février. Plusieurs disaient que les semailles pourrissaient dans la terre (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 447). − P. métaph. Et Dieu semble s'être moqué d'elle! Il lui a formellement assuré qu'après de pénibles épreuves ses semailles donneraient une abondante moisson de nonnes (Huysmans, Cathédr., 1898, p. 136).La merveilleuse fructification des semailles de l'hypocrisie bourgeoise et de l'athéisme philosophique (Bloy, Journal, 1892, p. 65). ♦ Au sing., rare. Je vous remercie, Claudel, d'avoir écrit l'Ode aux Muses. Cette nourriture m'a vraiment soutenu, cet hiver. Je l'ai donnée et fait lire, ainsi que l'Arbre, à quelques Allemands (entre autres) et me réjouis de voir à présent déjà ma modeste semaille germer (Gide, Corresp.[avec Claudel], 1905, p. 51). Prononc. et Orth.: [səmɑj], [-aj]. Ds Ac. dep. 1694: semaille, ,,il se dit surtout au pluriel``. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « graine semée » (Li Dialoge Gregoire, 125, 12 ds T.-L.: destruire cascunes semmailhes); 2. 2emoit. xiiies. « action de semer, travail du semeur » Poitou faire semenailles (Livre liturg., éd. L. Gautier ds Bibl. Éc. Chartes, t. 38, 1877, p. 489); 1549 faire semailles (Est.); 3. 1326 « temps où on sème » (doc. Arch. nat. ds Gdf. Compl.). Soit dér. de semer* (suff. -aille*), soit, plus prob., directement issu du b. lat. seminalia, subst. plur. neutre « moissons, terres ensemencées » (Tertullien). Fréq. abs. littér.: 134. |