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SEIN, subst. masc.
I. − [Chez l'homme]
A. − Vx ou littér.
1. ANAT. Partie antérieure du thorax humain qui s'étend de la base du cou jusqu'au creux de l'estomac et où se trouvent situées les mamelles. Synon. poitrine.Bercer, serrer (qqc./qqn) contre/sur son sein; sein qui palpite, se soulève; se couvrir, se frapper le sein. Il prend Coelina et Stéphany dans ses bras et les presse contre son sein (Guilbert de Pixer.,Coelina, 1801, iii, 12, p. 54).Un fils ne dirigera pas la sienne [une lance] contre le sein paternel (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p. 287).
P. métaph. [Le sein en tant que siège du cœur, foyer de la sensibilité, des sentiments] Sein angoissé, tremblant; porter un secret dans son sein. Ma fille, déposez dans mon sein l'aveu de vos fautes, et (...) que je sauve au moins votre âme (Dumas père, C. Howard, 1834, v, 8etabl., 4, p. 309).Hélène sentait bien remuer dans son sein ému quelque chose d'étrange qu'elle n'avait jamais éprouvé en présence de son beau fiancé; mais comment aurait-elle pu deviner l'amour aux tressaillements de son être (...)? (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 193).
Loc. fig. Enfoncer le poignard dans le sein, mettre à qqn le poignard dans le sein. Affliger profondément quelqu'un, lui causer un extrême déplaisir. On a mis à quelqu'un le poignard dans le sein (...) on a mis le poignard dans le sein de quelqu'un (Ac.1798).Se plonger le poignard dans le sein. Se causer à soi-même un extrême déplaisir. V. poignard A 2 a ex. de France.
RELIGION
Le sein d'Abraham. Lieu de repos où se trouvaient les âmes des justes avant la venue du Messie; p. ext., le paradis. Reposer dans le sein d'Abraham. Jusqu'à ce que le seigneur Dieu nous fasse signe de venir et que nous dormions en paix dans le sein d'Abraham (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p. 25).P. plaisant. Le Calife eut le temps de fuir, mais les furieux se lancèrent à ses trousses, et l'ayant rejoint (...) l'envoyèrent dans le sein d'Allah, s'éclairer sur les mystères de la métaphysique (Tharaud,Mille et un jours Islam, i, 1935, p. 194).
Le sein de Dieu. Le séjour des élus, le paradis; l'intimité avec Dieu. [La religieuse:] Je vis ici pour vous, pâle et flétrie, dans le sein de Dieu! (Balzac,Langeais, 1834, p. 214).Le destin des mélancoliques pasquins de mon espèce est de poursuivre, leur vie durant, quelque vain fantôme de passion, d'art ou de philosophie, puis de s'endormir dans la sainte et unique réalité du sein de Dieu (Milosz,Amour. init., 1910, p. 237).
Le sein de l'Église. La communauté de l'Église catholique. Rentrer dans le sein de l'Église. On fait rentrer dans le sein de l'Église ceux qui en étaient tout à fait sortis: par exemple, l'hérétique qui abjure, l'excommunié qui se soumet, etc. (Sardou1877).
2. Espace entre la poitrine et les vêtements; vêtements qui couvrent la poitrine. Cacher, dissimuler, mettre un billet/une lettre dans son sein. Èthel, tirant de son sein de petits ciseaux d'or, coupa une boucle de ses beaux cheveux noirs (Hugo,Han d'Isl., 1823, p. 117).Il tire de son sein la médaille miraculeuse, qu'il couvre de baisers et de larmes (Philos., Relig., 1957, p. 34-1).
Loc. verb. fig. Nourrir, réchauffer un serpent* dans son sein.
B. − En partic.
1. Au sing., vx. Poitrine de la femme. Synon. buste1, corsage (vx), gorge (vieilli).Sein blanc; sein maigre, plat, tombant; sein naissant; sein couvert, découvert, nu. Catherine, grande et forte, en tout point semblable aux filles que les sculpteurs et les peintres prennent, comme jadis la République, pour modèles de la Liberté, charmait la jeunesse de la vallée d'Avonne par ce même sein volumineux, ces mêmes jambes musculeuses (Balzac,Paysans, 1844, p. 204).
Rem. V. poitrine I B 2 rem.
2. Au sing. ou au plur., mod.
a) Chacune des mamelles de la femme. Synon. fam. ou pop. lolo, néné, nichon, robert, rotoplot, tété (hypocor., rem. s.v. téton), téton.Bouts, boutons, pointes des seins; contour, rondeur d'un sein; beaux, superbes seins; seins plats, gros, ronds; seins en poires, en pommes; seins naissants; seins fermes, flasques, tombants; sein droit, gauche; soutenir les seins; sein borgne (v. borgne1). Une poitrine enfantine, deux soupçons de seins, si insuffisants que la respiration au galop les soulève à peine (Laforgue,Moral. légend., 1887, p. 230).À Nice, M. Jacques Médecin a ouvert la saison estivale 1974 par un arrêté qui autorisait officiellement la pratique des seins nus sur les plages de la ville (L'Express, 4 août 1975, p. 56, col. 1).V. nu2I A 2 ex. de Farrère.
P. métaph. Les seins bombés des premières falaises de Maineville (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 933).
α) [Le sein en tant qu'organe glandulaire sécrétant le lait] L'enfant avait faim et s'attachait avec une ardeur ravissante au sein de sa nourrice (Janin,Âne mort, 1829, p. 188).Elle a découvert son sein pour donner à téter à un bébé tout rond et rose (Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p. 13).V. mamelon ex.
P. métaph. La lune dans le ciel nocturne s'étalait Comme un sein chaste et nu, sein de bonne nourrice Tendu pour les songeurs de qui c'est le caprice De boire sa clarté blanche comme du lait (Rodenbach,Règne sil., 1891, p. 213).
Loc. verb.
Donner le sein (à un enfant). Allaiter, faire téter, nourrir au sein. Aussitôt leur délivrance, elles se plongent dans l'eau, et elles y lavent même leurs enfans. Elles leur donnent le sein aussi long-tems qu'ils le veulent, et souvent ils sont déjà grands qu'ils tètent encore (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p. 87).
Prendre, sucer le sein. Téter. Je voyais dernièrement un enfant qui, né avant terme, prenait pourtant le sein avec avidité (Cadet de Gassicourt,Mal. enf., 1880, p. 111).
− Domaine de la méd.Aréole, mamelon du sein; ablation, inflammation du/des sein(s); crevasses des seins. Le cancer du sein si fréquent chez les Israélites est à peu près inconnu chez les Japonais (Hist. sc., 1957, p. 1394).Nous ne verrons que quelques-uns des aspects les plus courants des tumeurs du sein bénignes ou malignes (cancer). Tumeurs bénignes. Adénofibrome. Ce sont les plus fréquentes des tumeurs bénignes (...). Elles se développent à partir de la glande sécrétant le lait (Quillet Méd.1965, p. 502).
− Domaine de la psychol.[Le sein maternel en tant que première relation d'objet du désir pour l'enfant] La mère est d'abord le sein (Choisy,Psychanal., 1950, p. 49).Dans les travaux de Fairbairn et Klein, qui estiment tous deux que toute psychopathologie a son origine dans la relation avec la mère, « le sein » est souvent « le premier objet » avec une implication uniquement théorique que c'était (c'est) une partie du corps de la mère (Rycr.1972).
[Le sein en tant que symbole de la maternité, lieu de refuge, de sécurité] Quand tu aimes il faut partir Ne larmoie pas en souriant Ne te niche pas entre deux seins Respire marche pars va-t-en (Cendrars,Du Monde entier, Le Formose, 1924, p. 171).P. métaph. V. mamelle I C ex. de Chateaubriand.
β) [Le sein en tant qu'objet érotique] Synon. appas (v. appât C), avantages (v. avantage II A).Ô seins, poires de chair, dures et savoureuses, Monts blancs où vont brouter mes caresses fiévreuses (Rollinat,Névroses, 1883, p. 117):
Jadis, les modèles érotiques du mâle américain moyen arboraient des seins comme des outres trop pleines, des citernes à lait, des pastèques adipeuses (...). Le sein était aliéné, dévoyé de sa fonction culturelle admise, pour devenir signe extérieur d'abondance et fétiche œdipien. Le Nouvel Observateur, 19 oct. 1966, p. 30, col. 3.
Faux sein(s). Sein(s) postiche(s) que les femmes adaptent à leur poitrine pour la faire paraître plus volumineuse ou prothèse(s) obtenue(s) par la chirurgie par souci esthétique, généralement pour remédier à l'ablation d'un ou des deux seins. Si on était obligé de m'enlever les seins, j'allais être obligée d'en mettre de faux (...) moi, dans ma chambre, enlevant mes faux seins alors que Lui... Il n'y a pas trente-six solutions (...) mes seins ? Ou la vie ? (Le Point, 10 mars 1975, p. 122, col. 2).
b) Rare. Mamelle de l'homme. La main posée sur le sein gauche, il dit: C'est la vérité vraie! (Courteline,Train 8 h 47, 1888, p. 247).Le vieux gardien de prison aux seins nus et suants (Larbaud,Barnabooth, 1913, p. 197).
C. − Vieilli ou littér. Partie du corps de la femme où se développe l'enfant de la conception à la naissance. Synon. entrailles, flanc (littér.), utérus, ventre.Sein maternel; porter un enfant dans son sein. Mon frère me précéda dans le sein de ma mère; il habita le premier ces mêmes et saintes entrailles dont je sortis après lui (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 426).Fleur du Paradis, Vierge immaculée, Puisque ton chaste sein conçut le dernier Dieu, Règne auprès de ton fils, rayonnante, étoilée (L. Ménard,Rêv. païen, 1876, p. 208).
P. métaph. C'est elle [la terre] qui les nourrit [les métaux], les fait croître, fructifier, et leur permet de se multiplier; c'est, enfin, en retournant dans le sein maternel qui les avait jadis formés et mis au jour, qu'ils renaissent et recouvrent les facultés primitives dont l'industrie humaine les avait privés (Fulcanelli,Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 221).
D. − P. anal. ou au fig. [Le sein est comparé à la poitrine, au cœur ou aux entrailles] Centre, milieu, partie interne d'une chose. Synon. fond, giron, tréfonds.Le sein des flots, des nues. La première racine (...) est destinée par les lois de la nature à s'implanter perpendiculairement dans le sein de la terre (Baudrillart,Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 39).Mer, en ton sein garde-moi de périr (Béranger,Chans., t. 3, 1829, p. 157).
Loc. prép.
Au sein de. [Le compl. désigne une chose phys.] Au plus profond, au milieu de. J'aperçois un enfant qui dort au sein des flots, Comme on dort au sein de sa mère! (Hugo,Odes et ball., 1828, p. 258).Retourner au sein de la terre équivaudrait à un désir de rentrer au sein maternel (Béguin,Âme romant., 1939, p. 17).Au sein de. [Le compl. désigne une chose gén. abstr.] Dans, parmi. Au sein du bonheur, de la misère, de l'opulence, du plaisir. Comment resterions-nous invariables au sein de l'agitation, calmes au milieu des orages (...)? (Senancour,Rêveries, 1799, p. 65).Ces derniers − Albanie, Bulgarie (...) − ne remplissent pas les conditions voulues pour être accueillis au sein de l'O.N.U. (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 3, col. 5).
Du sein de. Du plus profond, de l'intérieur, du milieu de. Ma fille, si du sein de sa demeure elle laissoit échapper un mot de repentir, tout ne seroit pas perdu encore (Cottin,Mathilde, t. 2, 1805, p. 228).
II. − Spécialement
A. − GÉOGR., vx. Golfe ou petite mer qui n'a de communication avec la grande mer que par un étroit passage. Le sein Persique (Ac.).
B. − MAR. ,,Partie la plus proéminente lorsque la voile est gonflée par le vent`` (Gruss 1978).
REM.
Sénologie, subst. fém.,méd. Science médicale spécialisée dans les problèmes du sein. La sénologie est née ici, à l'hôpital civil de Strasbourg, dans les années 60, grâce à mon père, le professeur Charles Gros, qui en est l'inventeur. Il a voulu que cet organe, écartelé entre le pédiatre, le gynécologue et le cancérologue, soit l'objet de soins regroupés et spécialisés (D. Grosds Télé 7 jours, 26 sept. 1987, p. 19, col. 1).
Prononc. et Orth.: [sε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1121-34 sein « partie du vêtement qui recouvre la poitrine » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 404); 2. a) ca 1160 « partie antérieure du thorax humain (ici au fig.: siège des sentiments) » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8351, var.: il lo [mon cuer] m'a de mon sein anblé); b) 1121-34 le sein d'Abraham (Ph. de Thaon, op. cit., 3162: El sein seient Saint Abraam!); 1580 le sein de Dieu (Montaigne, Essais, II, 12, éd. Villey-Saulnier, p. 541); 1681 sein de l'Église (Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, p. 134); 3. 1160-74 p. métaph. « partie intérieure, intime » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 493: la terre [...] me norri en son sain); 1558 loc. au sein de (J. Du Bellay, Regrets, CXXX, 4, éd. E. Droz, p. 116); 4. ca 1200 sain spéc. « poitrine (de la femme) » (Chevalier cygne, éd. C. Hippeau, 6716: li baise la bouche et les iex et le sain); 1802 donner le sein « allaiter » (Baudry des Loz., loc. cit.); 1959 psychanal. relations avec le sein maternel (M. Klein, La Psychanal. des enfants, trad. J. B. Boulanger, p. 220); 1968 relation au sein maternel (Id., Envie et gratitude, trad. V. Smirnoff, S. Aghion, M. Derrida, 1983, p. 15); 5. déb. xvies. « mamelle » (Testament Pathelin, éd. J.-C. Aubailly, 361, p. 227: ces femmes qui ont si grans sains), rare au plur. av. le xixes. 1803 (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 192: ses deux seins); 1740 (Ac.: sein droit ... sein gauche); 6. 1682 littér. « partie du corps de la femme où elle porte l'enfant qu'elle a conçu » (I. L. Lemaistre de Sacy, La Genèse trad. en fr., chap. 30, 2). II. 1. 1534 géogr. « golfe » (G. Affagart, Relation de Terre Sainte, p. 181 ds Fonds Barbier: Mer Rouge [...] le Sein Arabique); 2. 1702 sein « partie de la voile qui est gonflée et arrondie par le vent » (Aubin, Dict. de marine, p. 689: sein d'une voile). Du lat. sinus « courbure, sinuosité, pli; plis d'une voile de navire; concavité; golfe, anse; pli de la toge en travers sur la poitrine (servant de poche, de bourse) »; fig. « la partie du corps couverte par ce pli de la toge: sein, poitrine; poitrine (en tant que siège des pensées et des émotions); partie intérieure, cœur (d'une ville) »; lat. chrét. in sinum Abrahae « dans le sein d'Abraham » (Luc 16, 22), sinus ecclesiae « le sein de l'Église ». Fréq. abs. littér.: 7 771. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 20 247, b) 9 184; xxes.: a) 7 011, b) 6 632. Bbg. Triacca-Sarnelli (M.). Champs sém. du mot sein... Nancy, 1979, passim.