| SECOUSSE, subst. fém. A. − Mouvement brusque qui ébranle. Synon. cahot, choc, commotion, ébranlement, heurt, saccade.Une forte secousse nous bouscule. L'ancre a mordu (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Voy. Horla, 1887, p. 1329).La secousse de la décharge ébranla son épaule, l'étourdit (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 248). SYNT. Forte, grande, petite secousse; secousse brusque, brutale, douloureuse, violente; secousse électrique, nerveuse; secousse de la tête, d'épaule, de l'épaule; secousses d'une voiture, d'un wagon; donner, recevoir une/des secousse(s); imprimer une secousse à qqc.; se dégager d'une secousse. − En partic. ♦ Secousse musculaire. Contraction brusque d'un muscle. Les excitations successives atteignent le muscle en phase de relâchement et empêchent le retour du muscle à la longueur normale. Cette contraction soutenue faite de secousses incomplètement fusionnées est un tétanos imparfait ou oscillant (Camefort, Gama,Sc. nat., 1960, p. 191). ♦ Secousse sismique, tellurique, d'un tremblement de terre. Chacun des mouvements brusques de l'écorce terrestre occasionnés par un séisme. Région soumise à des secousses telluriques. Des ondes élastiques (...) émergent sur une partie de surface extérieure d'autant plus étendue que la secousse a été plus intense ou que le foyer a été plus voisin de l'écorce (Rothé,Géophys., 1943, p. 297).Pensé aujourd'hui à la secousse sismique de 1938. (...) j'entendis un bruit pareil à celui que fait le métro. Je (...) vis remuer les girandoles des chandeliers (Green,Journal, 1946, p. 81). − Fam., vieilli. Activité intense. Avec (...) ses lambinages maladifs, Cyprien devait (...) travailler, les jours de secousse, dans un coup de feu (Huysmans,En mén., 1881, p. 119). ♦ Loc. verb., pop. Ne pas en fiche/ficher/foutre une secousse. Ne rien faire. Tous ceux qui n'en ont jamais foutu une secousse défilaient, et au complet, et pas abîmés! (Vercel,Cap. Conan, 1934, p. 37). B. − Perturbation brusque et violente de l'état physique et/ou moral d'une personne, d'un ensemble de personnes. Synon. bouleversement, choc, crise, ébranlement.Secousse morale, politique, religieuse, sentimentale, sociale; secousse de colère, de joie, de peur; secousse de la puberté; secousse de la guerre, de la Réforme, de la Révolution. Une telle secousse me courut dans les membres que je faillis m'abattre à la renverse! (Maupass.,Contes et nouv., Appar., 1883, p. 820).Les secousses causées par le désastre de 1940 (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 158).Ces (...) [brigands] cherchaient moins à détrousser qu'à se distraire. Imaginons des gens sans imagination: tuer doit leur donner une sacrément jolie secousse (Giono,Voy. Ital., 1953, p. 89). C. − Locutions 1. Loc. adv. a) Rare, vx. En une secousse. En un bref instant. François (...) sentit la vérité de la chose, en une secousse (Sand,Fr. le Champi, 1848, p. 124). b) Par secousses (plus rarement par secousse). Par mouvements brusques, par accès. Avancer par secousses; bruit qui gronde par secousses; aimer quelqu'un par secousses. La rue vit par secousses, à intervalles irréguliers (Larbaud,Barnabooth, 1913, p. 136).Le rire va par secousses, comme les sanglots; dans les deux la vie tour à tour se noue et se dénoue (Alain,Beaux-arts, 1920, p. 156). 2. Loc. adj. et adv. Sans secousse (plus rarement sans secousses). Sans mouvements brusques; progressif/progressivement. Synon. calme(ment), graduel(lement), paisible(ment), sans à-coups.Bonheur, changement, évolution, réforme, rythme, transformation (qui se fait) sans secousse; couler, glisser sans secousse; passer sans secousse d'un état à un autre. Une longue perche qui poussait sans secousse la marche silencieuse du bateau (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p. 289).Une langue romane: une langue fille du latin par filiation directe, paisible et sans secousses (L. Febvre,A. Meillet et l'hist., [1913] ds Combats, 1953, p. 164). Prononc. et Orth.: [səkus]. Warn. 1968: secouer, secousse, etc., [s(ə)-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1460 « mouvement brusque » (Cent nouvelles nouvelles, éd. F.P. Sweetser XXVII, 246); b) 1480 fig. (G. Coquillart, Droits nouveaux, 1820 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 221); c) 1690 (Fur.: Les tremblements de terre se font à diverses secousses); 2. a) 1883 n'en pas foutre une secousse « paresser » (Fustier, Suppl. dict. Delvau, p. 551); b) 1884 donner une secousse « travailler avec ardeur » (Villatte, Parisismen). Fém. de secous anc. part. passé de secourre, v. secouer (cf. lat succussus part. passé de succutere, et le subst. succussus « secousse », v. OLD). Fréq. abs. littér.: 1 412. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 460, b) 2 707; xxes.: a) 3 116, b) 1 433. |