Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
SCULPTER, verbe trans.
A. − [L'obj. désigne un matériau]
1. Tailler, façonner un matériau dur en vue d'en dégager, dans un but utilitaire ou esthétique, un objet, une figure, un ornement. Sculpter l'ivoire, le marbre, la pierre, le métal; sculpter en taille directe, au ciseau, au burin, à l'ébauchoir. Il ramassa un épais morceau d'écorce de pin, sortit son couteau, et, sans rien dire, se mit à sculpter le bois en forme de barque (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 867).La turquoise est toujours taillée en cabochon; en Asie on la sculpte comme le jade (Metta, Pierres préc., 1960, p. 95).
P. anal. [L'obj. désigne un matériau mou] Sculpter du saindoux. Félix sculpte sa mie de pain (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 97).
P. métaph. La durée humaine n'appartient qu'à ceux qui pétrissent la minute, la sculptent et ne se préoccupent pas du verdict (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 122).
2. [P. méton. du compl. d'obj.] Orner de sculptures, d'enjolivures. Sculpter un chapiteau, une porte. Ce brave curé (...) avait toujours vécu de son travail, sculptant des meubles et tenant son école, sans rien réclamer de la République (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 367).
3. P. anal., littér. Qqc. sculpte qqc.
a) [Le suj. désigne un élément atmosphérique] Façonner un élément du paysage en reliefs et en creux. La montagne, sculptée et travaillée par les pluies, la mer et le vent, est peuplée par le grès d'une foule d'habitants de pierre, muets, immobiles, éternels (Hugo, Alpes et Pyr., 1885, p. 150).C'est le même vent qui sculpte les dunes et les efface, le même flot qui sculpte la falaise et l'éboule (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 740).
b) Accentuer les reliefs et les creux d'un visage, d'un corps. La lune (...) Caresse, en la sculptant dans sa beauté splendide, Cette femme aux yeux noirs qui se tourne vers moi (Dierx, Lèvres closes, 1867, p. 157).Une maigreur nouvelle sculptait son visage, le réduisait aux parties dures et aux grands yeux (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 492).
B. − [L'obj. désigne une réalisation]
1. Produire, créer une œuvre à trois dimensions par taille directe dans un matériau dur, par modelage d'une substance molle, par moulage ou par divers assemblages. Sculpter un buste, une frise. On eût dit que l'ouvrier qui avait sculpté les bas-reliefs décoratifs des salles du gynécée avait pris ces groupes pleins de grâce pour modèles (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 260).En Afrique, les artisans sculptent toujours des objets d'une seule pièce, ignorant la menuiserie, les clous ou la colle (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 157).
[Suivi d'un compl. prép. désignant le matériau] En sculptant Athénée ou Zeus dans l'or ou l'ivoire, les Grecs ne voulaient qu'exprimer leur vénération pour eux (Faure, Hist. art, 1909, p. 122).
2. P. anal., littér. Décrire dans un style plastique en faisant ressortir la beauté des formes:
Une tragédie de Racine, un volume des Mémoires de Saint-Simon ressemblent à de belles choses qui ne se font plus. Le langage dans lequel ils ont été sculptés par de grands artistes avec une liberté qui en fait briller la douceur et saillir la force native, nous émeut comme la vue de certains marbres, aujourd'hui inusités, qu'employaient les ouvriers d'autrefois. Proust, Past. et mél., 1919, p. 269.
C. − Empl. abs.
1. Faire une, des sculpture(s). Les hommes [des groupes primitifs] d'ordinaire sculptent, travaillent les métaux, labourent, font la poterie au tour, alors que dans la plupart des cas la céramique modelée à la main est l'œuvre des femmes (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 126).
[Suivi d'un compl. prép. désignant le matériau] Les nouveaux venus sont des chasseurs infatigables et des pêcheurs habiles. Leur sens artistique est fort développé; ils peignent, gravent sculptent sur pierre, sur os, sur ivoire (S. Blanc, Init. préhist., 1932, p. 31).Je me reconnais sculpteur et prolétaire (...) écrivant comme on sculpte dans du bois, et m'arrangeant du coup de ciseau (Alain, Propos, 1936, p. 483).
2. Faire de la sculpture (habituellement ou ponctuellement). Quand je pense à Michel-Ange, je vois, de dos seulement, un vieillard de stature colossale, sculptant la nuit aux flambeaux (Flaub., Corresp., 1852, p. 380).Ce grand peintre [le Greco] sculptait, bâtissait, écrivait (Barrès, Greco, 1911, p. 27).
3. Vieilli. Machine à sculpter. ,,Appareil au moyen duquel on reproduit facilement des sculptures, et qui même permet d'en varier les proportions et d'obtenir avec perfection des réductions de ronde bosse dans le marbre ou la pierre dure`` (Jossier 1881). La machine à sculpter se compose d'une application en grand du tour ordinaire à portraits: on sait que ce tour est un système de leviers ou d'alidades à centres mobiles, portant à une extrémité la pointe-guide qui suit tous les contours et les profondeurs du modèle (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 239).
Prononc. et Orth.: [skylte], (il) sculpte [skylt]. Selon G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o1 1981, p. 236, dans la famille de sculpter la prononc. avec p [skylpte] est au déb. celle du bon usage, celle sans p [skylte], consacrée par Ac. 1798 et admise par tous les dict. dep., étant le résultat ,,d'une simplification, à l'origine de caractère populaire, d'un groupe de trois consonnes``. Contrairement aux mots comme cheptel, dompter, promptement, etc., ici ,,la graphie n'a commencé à agir qu'à l'époque contemporaine en faisant renaître depuis quelque temps [skylpte], etc., avec p, mais cette fois-ci, cette prononciation n'est pas du bon usage``. Pourtant aucun témoin ds Martinet-Walter 1973 ne donne la prononc. avec p. Ac. 1694: sculper; dep. 1718: sculpter. Étymol. et Hist. 1. a) 3equart du xives. « graver, tailler dans la matière dure » (Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, éd. A. Goosse, 3124: sculpteir); b) 1731 part. passé « orné de sculptures » (Terrasson, Sethos, t. 2, p. 231: vaisselle sculptée); 2. a) α) 1732 figures sculptées (Lesage, Gil Blas de Santillane, p. 904); β) 1769 sculpter une statue (Delisle, Philos. de la nature, p. 336); b) 1765 absol. « faire de la sculpture » (Diderot, Salon de 1765 ds Salons, éd. J. Seznec et J. Adhémar, t. 2, p. 227). Soit issu, par croisement avec sculpteur*, de l'anc. verbe sculper « graver, inciser dans une matière dure » (fin du xves. [ms.] Ancienneté des Juifs, ms. Paris, Bibl. Ars. 5082, f o299d ds Gdf.), lui-même empr. au lat. sculpere « tailler »; soit tiré du lat. sculptum, supin de sculpere, sous l'infl. de sculptor, v. sculpteur. Sculper a été évincé à la fin du xviiies. par sculpter qui semble être entré dans l'usage au déb. du xviiies. (v. FEW t. 11, p. 346b). Fréq. abs. littér.: 1 204. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 708, b) 2 039; xxes.: a) 1 639, b) 1 681.
DÉR.
Sculptage, subst. masc.a) Rare. Action de sculpter; résultat de cette action. (Dict. xixeet xxes.). b) Céram. ,,Achèvement du modelé des ornements en relief grossièrement ébauchés au moulage`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). Cette opération [dans certains moulages délicats] est un véritable sculptage qui s'exécute avec l'ébauchoir et la gouge (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 161).[skylta:ʒ]. 1resattest. a) 1842 « action de sculpter » (Ac. Compl.), b) 1875 céram. (Lar. 19e); de sculpter, suff. -age*.