| SCEPTRE, subst. masc. A. − 1. Bâton de commandement, parfois surmonté d'une figure emblématique, qui constitue dans certaines sociétés un des insignes du pouvoir royal ou impérial. Sceptre incrusté de pierreries; sceptre surmonté d'un aigle, d'une main; sceptre des empereurs byzantins, romains, des rois de France, des souverains de l'Europe. Il y avait le sceptre royal surmonté d'une fleur de lys, il y avait le sceptre impérial surmonté d'un globe, il y avait le sceptre de Charlemagne qui était en fer, il y avait le sceptre de Louis Le Grand qui était en or (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 644).C'est un parapluie roulé, qu'ils tiennent sur l'épaule comme le licteur antique le faisceau, symbole de l'autorité de la loi! (...) et cela se porte gravement devant soi, à hauteur des yeux, comme une crosse d'évêque pour ne pas dire un bâton de maréchal ou un sceptre (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 97).V. houlette ex. de Chateaubriand. − RELIG. Sceptre de roseau. [P. allus. à Matth. XVII, 29] Roseau donné, par dérision, en guise de sceptre à Jésus-Christ pendant sa passion. V. flagellant ex. de Péguy. 2. P. méton., vieilli ou littér. a) Pouvoir, autorité suprême d'un souverain. Convoiter, détenir, obtenir, perdre, usurper le sceptre; s'emparer du sceptre; arracher le sceptre des mains de qqn. Louis XIV reçut de ses mains [de Richelieu] un sceptre absolu, une monarchie brillante, éphémère, artificielle et superficielle (Sainte-Beuve,Tabl. poésie fr., 1828, p. 285).Les rois catholiques reprirent le sceptre en Angleterre et se vengèrent peu chrétiennement (Sand,Hist. vie, t. 3, 1855, p. 76). ♦ Le sceptre et l'encensoir. Le pouvoir monarchique et la puissance ecclésiastique. Synon. le trône et l'autel*.V. encensoir ex. de Ac. 1835. ♦ Sceptre de fer. Pouvoir absolu et arbitraire; p. ext., autorité despotique. Régner avec un sceptre de fer. Envoyé des lieux sombres Où d'un sceptre de fer Aidès conduit les ombres (Leconte de Lisle,Poèmes ant., 1852, p. 97). b) Souverain, monarque. On honore le sceptre par crainte ou par intérêt (Lar. 19e).Luttes d'instincts, loin des luttes de l'âme Entre voisins, pour l'orgueil vain d'une oriflamme; Haines de sceptre à sceptre (Verhaeren,Villes tentac., 1895, p. 115). ♦ Depuis le sceptre jusqu'à la houlette*. B. − Au fig. 1. Puissance, domination. Les licences sociales manifestées au rajeunissement de la France, les libertés de 1789 (...) se nivelaient déjà sous le sceptre populaire (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 371). − [Suivi d'un compl. déterminatif objectif] Ruinée, dépeuplée, l'Europe a laissé échapper le sceptre du monde (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 203). − [Suivi d'un compl. déterminatif subjectif] Son pouvoir brisera le sceptre des méchans (Michaud,Printemps proscrit, 1803, p. 81).Toute l'humanité agglomérée sous le sceptre de Rome (Claudel,Poète regarde Croix, 1938, p. 297). 2. Prééminence, supériorité dans quelque chose. Parmi les autres habitués de mon salon, il en était un qui partageait le sceptre de l'originalité avec le membre de la société des naufrages (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 271).Le commerce et l'industrie espèrent que le gouvernement ne voudra pas laisser perdre à la France le sceptre de la mode, élément de prospérité (Stéphane,Art coiff. fém., 1932, p. 186). Prononc. et Orth.: [sεptʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « bâton de commandement, l'une des marques de la royauté » (Roland, éd. J. Bédier, 2585); 2. déb. xvies. ceptre « le pouvoir royal lui-même » (J. d'Auton, Chron., B. N. 5081, f o60 r o, I, 301 ds Gdf. Compl.); 3. 1691 sceptre de fer « pouvoir despotique » (Racine, Athalie, IV, 3); 4. 1779 « prééminence, supériorité dans un domaine quelconque » (D'Alembert, Eloges, Bossuet ds Littré). Empr. au lat.sceptrum « sceptre », « trône, royaume, royauté », « suprématie », gr. σ
κ
η
̃
π
τ
ρ
ο
ν « bâton pour s'appuyer », « bâton de commandement, de roi, de chef ». Fréq. abs. littér.: 586. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 574, b) 1 008; xxes.: a) 579, b) 259. |