| * Dans l'article "SCANDALEUX, -EUSE,, adj." SCANDALEUX, -EUSE, adj. A. − [Corresp. à scandale A] 1. Qui heurte la raison, qui peut être un obstacle à la foi religieuse. a) [En parlant d'une pers.] Et maintenant le grand bon-dieu noir rongé par le soleil et la pluie, le scandaleux supplicié, Le voici entre ces murs caché des hommes avec nous (Claudel,Otage, 1911, I, 1, p. 230). b) [En parlant d'un inanimé] Ce que le christianisme oppose à la sagesse du monde, c'est donc l'impénétrable, le scandaleux mystère de Jésus (Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p. 23).La foi est un acte, une conversion de l'être, et par là elle est supérieure à la raison, pour qui elle est scandaleuse (Béguin,Âme romant., 1939, p. 55). 2. Qui consiste en un scandale. Confesse-toi demain matin. Dis-lui que tu es torturée par un amour scandaleux. Dis-lui que tu aimes un moine (Salacrou,Terre ronde, 1938, I, 4, p. 161). B. − [Corresp. à scandale B] 1. Qui cause du scandale, qui provoque l'indignation, la réprobation. a) [En parlant d'une pers.] Ce sont de tels archevêques pourtant (...) comme l'habile, mais impur et scandaleux de Harlay, qui ont amené contre Port-Royal les choses, de proche en proche, au degré de ruine qu'un prélat (...) se prêta à laisser consommer (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 203). − En partic. Qui fait un scandale bruyant. À une des dernières courses à Madrid, j'ai été scandaleux. On m'a dit, mais j'ai peine à le croire, que j'ai applaudi avec fureur, non le matador, mais le taureau au moment où il enlevait, sur ses cornes, cheval et homme (Mérimée,Mosaïque, 1833, p. 509).Ils se bousculent, ils rient, ils crient, scandaleux et provocants comme des tapettes (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 203). b) [En parlant d'un inanimé] − [En parlant d'une conduite, d'une œuvre] Livre, pamphlet, propos, roman scandaleux; vie scandaleuse. Est-ce donc aujourd'hui la saint-Cupidon, et ne pourrais-je faire un pas sans me heurter à des amoureux? Cela est immoral et scandaleux. Que fait donc la police? (Murger,Scène vie boh., 1851, p. 54). − [En parlant d'un fait] Or M. Cavaignac lui-même, qui avait obtenu de la faiblesse de M. Brisson cette arrestation scandaleuse, était à quelques semaines de là obligé de reconnaître qu'en effet la pièce arguée de faux par le colonel Picquart était un faux (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 260). c) [Dans une tournure impers.] C'est/il est scandaleux de + verbe à l'inf.Ma belle-mère entra, et me pria de faire cesser ces chants, parce qu'il était scandaleux d'entendre de la musique le dimanche (Staël,Corinne, t. 2, 1807, p. 407).C'est indigne et c'est scandaleux. Tu prétends me faire te donner une somme considérable en échange d'un renseignement sans aucune valeur pratique (Duhamel,Passion J. Pasquier, 1945, p. 87). 2. Qui surprend par son originalité, sa nouveauté, son absence de conformisme. [Le quatuor en ut] part sur une dissonance scandaleuse, prolongée, aggravée, pareille à un nœud trop serré d'où les fils mélodiques se dégagent progressivement (Ghéon,Prom. Mozart, 1932, p. 209).Les nombres irrationnels, qu'ils [les Grecs] jugeaient exceptionnels, scandaleux, sacrilèges, nous attirent (Arnoux,Algorithme, 1948, p. 54). C. − [Corresp. à scandale C] 1. Relatif aux scandales, notamment aux scandales mondains. V. galant II C 3 ex. de Sainte-Beuve. 2. Qui constitue un scandale. Affaire scandaleuse; mensonges, procès scandaleux. Le journal Beaux-Arts a dénoncé dernièrement l'état de saleté scandaleux où se trouve Aigues-Mortes devenue une immense poubelle (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p. 169). − En partic. [En parlant d'une somme d'argent, d'un prix] Exagéré, trop élevé. Bénéfices scandaleux. Certains commerçants, hommes d'affaires, intermédiaires, réalisent des gains scandaleux (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 180). Prononc. et Orth.: [skɑ
̃dalø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1365 « qui provoque l'indignation » (Oresme, Traité des monnoies, éd. L. Wolowski, p. 29); 2. 1596 « qui agace, irrite » (Hulsius); 1671 « qui met en danger de chute par son mauvais exemple (d'une personne) » (Pomey). Empr. au lat. tardifscandalosus « abominable » vie-viies. ds Gaff., dér. de scandalum, v. scandale. Fréq. abs. littér.: 513. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 717, b) 500; xxes.: a) 784, b) 829. DÉR. Scandaleusement, adv.a) D'une manière scandaleuse, éhontée. Être scandaleusement riche. Si vous avez une belle affaire de pétrole à vous (...) ce sera une affaire scandaleusement profitable (Duhamel,Passion J. Pasquier, 1945, p. 64).b) Fam. D'une manière excessive, bruyante. Elle n'a cessé de se plaindre scandaleusement et même de s'agiter avec fureur en proférant des cris et des injures (Bloy,Journal, 1904, p. 208).− [skɑ
̃daløzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. av. 1473 « d'une manière honteuse, qui cause du scandale » (Jean Juvenal des Ursins, Hist. de Charles VI ds Nouv. coll. des Mém. pour servir à l'Hist. de France, 1resérie, t. 2, p. 345), 1511 (Jean Lemaire de Belges, Différence des schismes, éd. J. Stecher, t. 3, p. 324: Et mourut scandaleusement); de scandaleux, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 41. |