| SAVETIER, subst. masc. A. − 1. Vx. Artisan qui répare les chaussures. Synon. mod. cordonnier (v. ce mot B).Si j'avais le choix des aïeux, j'aimerais mieux avoir pour ancêtre un savetier laborieux qu'un roi fainéant (Hugo, Corresp., 1867, p. 18).En tricot sans manches, le boulanger sort de son fournil, appelle un paysan, celui qui lui vend ses fagots. Derrière les vitres vertes, on voit le savetier qui, tout en poissant le ligneul, cause avec un vieux de son ancien village (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 219). 2. P. anal., fam. Celui qui manque de créativité, d'originalité, de talent dans l'exercice de son métier, de son art. C'est un savetier en littérature (Raymond1832).Le malheureux [Zola] qui eût pu être un honnête savetier de plume et que son élévation prodigieuse a complètement soûlé (Bloy, Journal, 1896, p. 227). − Loc. Comme un savetier. Très mal. Là-dessus, tous les autres maçons se sont mis à gueuler dans les corridors (...) depuis le maître maçon, qui chante du Donizetti comme un savetier, jusqu'au goujat, qui imite assez bien le chant du cochon (Sand, Corresp., t. 3, 1850, p. 225). B. − ICHTYOL., région. (dans différentes provinces). Épinoche. (Ds Roll. Faune t. 3 1967, p. 173). Prononc. et Orth.: [sav̭tje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1213 çavetier (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 536, 29); ca 1250 chavettier (G. Espinas, La Vie urbaine de Douai, t. 3, p. 228 ds Fonds Barbier); 1260 çavatier (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, titre LXXXVI, p. 187); ca 1325 savetier (H. Bordier, Les Églises et monastères de Paris, p. 30 ds Gdf. Compl.); ca 1330 [date ms.] savetier (Du Prestre qui fu mis au lardier ds Rec. gén. des fabliaux, éd. Montaiglon-Raynaud, t. 2, p. 24). Dér. de savate*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 110. DÉR. Savaterie, subst. fém.,vx. Lieu où l'on vend de vieilles chaussures. Se fournir de souliers à la savaterie (Ac. 1798-1878). Le fils d'un cordonnier peut, s'il le juge bon, Se dire à tout venant noble comme un Bourbon. J'en connais qui l'ont fait, et dont la seigneurie Sent bien fort le vieux cuir et la savaterie (Pommier, Colères, 1844, p. 50).− [savatʀi]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1resattest. a) ca 1250 chavetrie, chavetterie « métier du savetier » (G. Espinas, La Vie urbaine de Douai, t. 3, p. 232 ds Fonds Barbier), 1260 çavaterie (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, titre LXXXVI, p. 188), 1486 saveterie (Ordonn. des Rois de France, t. 19, p. 659), 1582 savaterie (F. Bretin, trad. Lucien, Cercheur de repue franche, 1 ds Hug.), b) fin xiiies. Chaveterie « lieu où l'on vend des savates (ici, nom d'une rue de Paris) » (Guillot, Dit des rues de Paris ds Fabliaux et contes, éd. Barbazan-Méon, t. 2, p. 250), 1392 savaterie (Registre criminel du Châtelet, éd. Sté des Bibliophiles fr., t. 2, p. 469: un frepier demourant près la Savaterie [à Paris]), 1545 (A. Le Maçon, trad. Boccace, Décaméron, 8ejournée, 5enouvelle ds Hug.: gens ... sortiz d'une savaterie); de savetier, suff. -erie*. |