| SAUVAGEMENT, adv. A. − Littér. Avec un caractère rude, grandiose, inhospitalier propre à la nature vierge. Le granit se dresse sauvagement en pointes acérées (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 75).Les parois des montagnes, vues d'ici, étaient plus sauvagement énormes et leur muraille plus morne (Jouve, Scène capit., 1935, p. 232). B. − D'une manière propre aux peuples primitifs ou qui évoque les coutumes de ces peuples. Danser sauvagement. Ce dépit ne diminua point quand elle vit le capitaine, enchanté de la bohémienne (...) pirouetter sur le talon en répétant (...) − Une belle fille, sur mon âme! − Assez sauvagement vêtue, dit Diane de Christeuil (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 286).Faut-il qu'ils soient beaux, les yeux de Damia, pour résister à un malencontreux maquillage vert-bleu, gras, cru, sauvagement étalé (Colette, Jumelle, 1938, p. 153). C. − D'une manière qui ignore les usages de la société, qui évite les contacts humains. Il vivait fort retiré et sauvagement (Ac.1878-1935).La Marie (...) cache sauvagement sa petit tête dans les jupes de sa protectrice (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 47).Certaines sautes d'humeur vite maîtrisées et cette espèce de mystère où il se renferme sauvagement (Arnoux, Solde, 1958, p. 191). D. − D'une manière farouche, rude voire brutale. Étreindre sauvagement; personnage sauvagement individualiste. Depuis cette discussion fameuse qui avait failli se terminer en coups de poing, les deux anciens amis (...) se haïssaient sauvagement (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 88).Avec une terrible tendresse elle frotte son visage, sauvagement, sans un sanglot, contre les plaies (Malraux, Conquér., 1928, p. 137). E. − D'une manière féroce, inhumaine, barbare. Dévaster sauvagement un pays; traiter sauvagement des prisonniers. Sans cesse elle revoit le pauvre Gacougnol mourant, frappé sauvagement par le compagnon abominable de sa mère (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 187).Sénac, un balai dans les mains, pourchassait les araignées, les cloportes et les fourmis. Il écrasait, d'un seul coup, sauvagement, tout être vivant qui lui tombait sous les yeux (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p. 175). Prononc. et Orth.: [sovaʒmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1176-84 « avec passion » Parlé en ont sauvagement (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 6408); b) 1911 « avec une violence sauvage, brutale » liberté... si sauvagement désirée (Gide, Isabelle, p. 670); 2. fin xives. « avec le caractère sauvage de certains sites naturels » païs... fermé estrangement et sauvagement de hautes forest (Froissart, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 15, p. 169); 3. av. 1370 « d'une manière brutale » gouverna... moult salvagement (Jean le Bel, Chron., éd. J. Viard et E. Deprez, t. I, p. 5); 4. 1554 « de façon retirée, à l'écart de la société » (Gruget, Div. leç., I, XIII ds Gdf. Compl.). Dér. de sauvage*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 101. |