| SAUTILLER, verbe intrans. A. − 1. [Le suj. désigne des animaux, des oiseaux] Se déplacer par petits bonds, faire de petits bonds. Les grenouilles sautillent. La seine ramenée à ses pieds fut pleine de poissons: des tanches, des barbillons, des brochets, des perches et une énorme carpe sautillant sur l'herbe (Balzac, Lys, 1836, p. 205).L'oiseau s'est approché, a sautillé autour de Miquette (Gide, Journal, 1914, p. 425). 2. [Le suj. désigne des pers.] a) Fam. Se déplacer d'une manière qui évoque les oiseaux. J'ai vu encore, avant que le pont fût construit, les enterrements passer en sautillant au milieu des flaques d'eau (About, Grèce, 1854, p. 127).[Dans la rue de la Paix, après une averse] des femmes menues, la jupe haute, y sautillent de leurs pieds aigus (Toulet, Tendres mén., 1904, p. 195). b) Faire de petits sauts. Synon. sauter.[Le « rigodon »] est une danse vive à deux temps où les couples, placés en vis-à-vis, sautillent sur place, faisant claquer leurs doigts, puis, les uns derrière les autres, font un tour circulaire en frappant dans leurs mains avant de mettre un genou en terre devant leurs dames (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 1, 1954, p. 103). B. − [Le suj. est un subst. de l'inanimé] 1. [Le suj. désigne un flux, une flamme] Couler, brûler par saccades, de manière irrégulière. Une flamme bleuâtre Siffle sur les charbons et sautille dans l'âtre (Bouilhet, Melaenis, 1857, p. 11).[Bailleul] marchera jusqu'à cette pointe de grève caillouteuse où l'eau frise et sautille (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 158). ♦ [Le suj. désigne le cœur] Battre fortement et irrégulièrement. Déjà votre cœur sautille Au nom du jeune Colin (Béranger, Chans., t. 1, 1829, p. 33). − Au fig. [En parlant d'une conversation, d'un raisonnement] Toutefois si jadis on resta trop en deça du romantique, maintenant on a passé le but; chose ordinaire à l'esprit français qui sautille du blanc au noir comme le Cavalier au jeu d'échecs (Chateaubr., Litt. angl., t. 1, 1836, p. 206). 2. [Le suj. désigne une chose à laquelle on communique un mouvement] a) Faire de petits bonds vifs et saccadés. L'un, en traînant son archet sur son violon, semblait raconter un chagrin, et l'autre, en faisant sautiller son petit marteau sur les cordes d'un petit piano suspendu à son cou par une courroie, avait l'air de se moquer de la plainte de son voisin, tandis que le troisième choquait, de temps à autre, ses cymbales avec une violence extraordinaire (Baudel.,Poèmes prose, 1867, p. 160).Les mains des femmes, relevées par le bout, galopent en sautillant sur la corde des lyres (Flaub., Tentation, 1849, p. 362). b) Bouger dans tous les sens. Synon. ballotter, brinqueballer.Il y avait les trois gendarmes, leurs dolmans bleus, leurs képis à visière brillante; un cliquetis sautillait avec eux, de gourmettes ou d'armes, ou de menottes (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 48). REM. 1. Sautillage, subst. masc.,rare. Synon. de sautillement. (infra dér.).Gardant les enfantillages de l'enfance et ses sautillages, sautant sur les meubles, s'asseyant sur le tapis pour jouer avec des chiens (Goncourt, Journal, 1856, p. 269). 2. Sautillance, subst. fém.,rare. Synon. de sautillement. Même sens.Mais je vois où le bât blesse votre sautillance (Péladan, Vice supr., 1884, p. 229). 3. Sautillonner, verbe intrans.,rare, var. de sautiller. Sautillonnons en toupie hollandaise sautons hop-là! (Giraudoux, Folle, 1944, II, p. 159). 4. Sautilleur, -euse, adj.,rare, synon. de sautillant.Il y a, dans ce ton, Ce qui retient Nina, vingt-neuf strophes, plus de cent vers sur un rythme sautilleur avec des gentillesses à tout bout de champ (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 265). Prononc. et Orth.: [sotije], (il) sautille [sotij]. Ac. 1694: sauteler ou -tiller; dep. 1718: -tiller. Étymol. et Hist. 1. 1572 « faire de petits sauts » (A. du Verdier, Les Omonimes ds Anc. poésies fr., t. 3, p. 111); 2. 1694 « sauter d'un sujet à l'autre » (Ac.); 3. 1705 mus. mouvement sautillant (Brossard, p. 30, s.v. giga et p. 300). Dér. de sauter*; suff. -iller*. Fréq. abs. littér.: 173. DÉR. Sautillement, subst. masc.a)
α) Action de sautiller; résultat de cette action. Il existe une quantité d'exercices « éducatifs » de sauts: − D'abord toutes les formes de sautillements sur place ou en marchant, exécutés sur la pointe des pieds (jambes réunies, avec croisement de jambes, jambe avant fléchie) (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p. 45).
β) [À propos d'un flux, d'une mélodie] Mouvement saccadé, variation d'intensité. D'autres [mousmés] chantent, en des modes suraigus, avec un sautillement continuel, comme des cigales en délire (Loti, MmeChrys., 1887, p. 277).b) Au fig. Fait de passer, sans transition ni ordre, d'un sujet à un autre, d'une idée à une autre. Souriant malgré lui de cette volubilité de paroles et de ce perpétuel sautillement d'une idée à une autre (A. Daudet, Jack, t. 1, 1876, p. 10).− [sotijmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. − 1resattest. a) 1718 « action de marcher en faisant de petits sauts » (Ac.), b) 1824 « mouvement rapide et saccadé » (Joubert, Pensées, t. 2, p. 218), c) 1842 fig. sautillements de la chance (Balzac, Rabouill., p. 310), 1865, juill. sautillements d'idées (Goncourt, Journal, p. 178); de sautiller, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér.: 25. BBG. − Hasselrot 1957, p. 219. − Quem. DDL t. 35 (s.v. sautillonner). |