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SAUT, subst. masc.
A. −
1. Action de se détacher un bref moment du sol ou de l'endroit où on se trouve par une détente du corps, et de se projeter à une certaine hauteur et à une certaine distance. Synon. bond.Un saut gracieux, puissant; un petit, un grand saut; faire des sauts. Il fit cabrer sa bête; l'animal, enlevé des quatre pieds par ce saut prodigieux où excellent les cavaliers arabes, nous frôla presque de sa crinière et alla retomber deux pas plus loin (Fromentin,Été Sahara, 1857, p. 235).Les membres gourds, le saut maladroit et lourd sur le ballast, le choc brutal qui se répercute douloureusement depuis les talons jusque dans la boîte crânienne (Cl. Simon, Les Géorgiques, Paris, éd. de Minuit, 1981, p. 82).
[Fréq. dans des compar.] Saut de puce. Mais il s'échappait d'un saut de chèvre sauvage, lorsqu'on parlait de le retirer de ce cloaque (Zola,Joie de vivre, 1884, p. 898).Tiens! comme il était haut ce mur et la rue comme elle s'allongeait. Tant pis! on connaît sa gymnastique. Une escalade, un saut de chat, et maintenant au trot jusqu'à l'église (Baillon,Délires, 1927, p. 75).
[Avec suj. désignant une pers.] Faire des sauts de carpe. Être agité de mouvements violents. [Une petite fille] qui s'est grisée avec le champagne d'une compote de fruits glacée, fait les plus extravagants sauts de carpe sur l'immense canapé tenant une partie du salon (Goncourt,Journal, 1895, p. 843).
Locutions
D'un saut. D'un vif mouvement du corps. Synon. d'un bond.Elle se leva d'un saut et s'avança vers moi pour souffler la flamme (Abellio,Pacifiques, 1946, p. 81).
Au saut du lit. Au lever. Gérard essaya de travailler; il le fit péniblement (...): il faut cette fièvre de Paris, qui est dans l'air et qui vous saisit au saut du lit (Champfl.,Avent. MlleMariette, 1853, p. 109).
Au saut du train. À la descente du train. J'imagine cette arrivée à Paris si lugubre que je ne me retiens pas d'aller l'accueillir au saut du train (Gide,Journal, 1928, p. 878).
2.
a) Mode de locomotion propre à certains animaux, en particulier à certains oiseaux. P. métaph. Je suivis dans l'escalier son pas rapide d'amputé, ce saut de corbeau qui le hissait de marche en marche (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 161).
ÉQUIT. Saut de pie. ,,Défectuosité d'allure, dans laquelle, au trot rapide, les postérieurs du cheval s'élèvent et pratiquent une sorte de galop`` (St-Riquier-Delp. 1975).
Au plur. Les bonds successifs qui réalisent ce déplacement. Bientôt, de toutes les branches du sorbier, des moineaux descendirent, se promenant tranquillement à petits sauts, sur les dalles (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1223).P. métaph. Ça, c'était une fille: deux sauts de pigeon, et la voilà dans la boutique (Giono,Baumugnes, 1929, p. 17).
b) Locutions
Loc. verb.
Faire un saut. Faire un bref déplacement, une brève visite, un voyage éclair. Au bout de cette année, si je suis placé d'une manière indépendante, je fais un saut à Athènes, puis je reviens au mois d'octobre m'ensevelir dans une chaumière aux environs de Paris (Chateaubr.,Corresp., t. 1, 1803, p. 118).J'en profiterai pour faire un saut jusqu'à la maison, voir si aucun malade n'a téléphoné depuis hier soir (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 190).Faire un petit saut. Si j'avais été plus près de Paris, volontiers j'y aurais fait un petit saut pour vous épargner cette déception (Montherl.,J. filles, 1936, p. 934).
Ne faire qu'un saut. Se précipiter. Jeanne ne fit qu'un saut de son lit au guéridon, et poussa un cri de joie (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 1, 1859, p. 617).
N'avoir qu'un saut à faire. Être à proximité. Si quelque crise prenait sa grand-mère, il n'avait, au premier râle, qu'un saut à faire pour être auprès d'elle (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 139).[En constr. impers.] De la cour batave, où demeure ce Monsieur Molineux, à la rue des Bourdonnais il n'y a qu'un saut (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 105).
Être quelque part en deux, trois sauts. Arriver rapidement. En deux sauts, je fus au deuxième étage (Gyp,Souv. pte fille, 1927, p. 225).
Loc. adv., vieilli
De prime saut. Du premier coup, rapidement. Nous ne comprenons pas de prime saut nos mots un peu généraux; ils ne sont pas transparents; ils ne laissent pas voir leur racine, le fait sensible auquel ils sont empruntés (Taine,Philos. art, t. 2, 1865, p. 151).
De plein saut. Sans transition, directement. Toutefois, si de prime-abord et de plein saut devenir premier secrétaire d'ambassade sous un prince de l'Église, oncle de Napoléon, paraissait être quelque chose, c'était néanmoins comme si j'eusse été expéditionnaire dans une préfecture (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 94).
3.
a) Action de s'élancer vers le bas, dans le vide. Un saut risqué; faire un saut de trois mètres.
Au fig. Faire le saut. Mettre à exécution un projet qui implique une rupture avec la vie qu'on menait, qui comporte une part de risques, d'incertitudes. Ah! et puis zut, à la fin du compte! il est plus simple de ne point songer à tout cela: − Et, une fois de plus, il recula, ne pouvant décider son âme à faire le saut, alors qu'elle se trouvait, au bord de la raison, dans le vide (Huysmans,Là-bas, t. 1, 1891, p. 25):
1. La société veut une rencontre à tâtons et des alliances à colin-maillard. Il s'agit pour elle comme dans les flirtations perfides de New-York, ou dans les dénouements cruels de certaines comédies, de pincer l'épouseur au trébuchet, de l'obliger à faire le saut. Amiel,Journal, 1866, p. 65.
Saut dans l'inconnu. Quelle que soit la sagacité de ses agents [d'une compagnie], ils ne peuvent prophétiser à coup sûr les résultats des abaissements et des réformes. C'est toujours plus ou moins le saut dans l'inconnu (Chardon,Trav. publ., 1904, p. 297).
Saut dans le vide. L'homme ne peut faire avancer les mathématiques que par des sauts dans le vide, des décisions qui paraissent des commencements absolus (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p. 255).
b) Synon. de chute, plongeon (au fig.).Elle s'est raccrochée à un petit sapin qui a cédé avec sa motte; ensuite, elle n'a fait qu'un saut (Ramuz,Gde peur mont., 1926, p. 161).[À propos d'un véhicule] La voiture a fait un saut dans le vide.
Locutions
Faire le saut, le grand saut, le saut final. Mourir. Le capitaine joyeux cria: « Douze de moins, nom de Dieu! » Un soldat, dans le tas, répondit: « V'là des veuves! » Un autre ajouta: « Faut pas grand temps tout d'même pour faire le saut » (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Souvenir, 1882, p. 170).Heureux âge, où l'idée du dernier saut est si loin de soi qu'on n'y songe même pas pour les autres! (Léautaud,In memor., 1905, p. 208).
Faire le saut de la mort. Se tuer. Il y a aux pieds de ce pont immense jeté sur la baie [de San Francisco] un endroit où les photographes viennent attendre des candidats au suicide qui font le saut de la mort (R. Gary,La Nuit sera calme, 1974, p. 172).
Faire le saut de Curtius. [P. réf. au héros qui se sacrifia pour sauver Rome menacée d'engloutissement, en se jetant dans un gouffre, comme le demandait l'oracle] Se sacrifier, faire preuve de dévouement. Claparon était (...) toujours prêt à faire le saut de Curtius (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 86).
Faire le saut de Leucade. [P. réf. à la fable de l'amour désespéré de Sapho pour Phaon et à son suicide du haut du Promontoire de Leucade] Se suicider. Le saut de Leucade était une belle image dans l'antiquité. En effet, le remède à l'amour est presque impossible (Stendhal,Amour, 1822, p. 129).Sa Sapho faisant le saut de Leucade [ œuvre du peintre Dugasseau] est une jolie composition (Baudel.,Salon, 1845, p. 35).
[À propos d'une banque, d'une entreprise] Faire le saut. Faire faillite. Synon. sauter.Quant aux puissantes maisons de crédit qui vous semblent si prospères, attendez qu'une d'elles fasse le saut, et vous les verrez toutes culbuter à la file... (Zola,Argent, 1891, p. 13).
4.
a) Exercice corporel, jeu dans lequel on saute. Faire des sauts de clown; jouer au saut à la corde. [Le fils de la bohémienne] tenait de son père, de son frère, avec une aptitude singulière pour le saut ordinaire, le saut avec élan ou à pieds joints (E. de Goncourt,Zemganno, 1879, p. 70).[L'entraînement] comprend également des tours de piste en foulées, coupés de sauts en extension et de sprints courts (R. Vuillemin,Éduc. phys., 1941, p. 146).
GYMN., CIRQUE. Exercice de gymnastique ou exercice acrobatique réalisé soit au sol soit en voltige en utilisant un cheval sautoir ou un tremplin.
Saut battu. Saut où, pendant le vol on écarte, puis réunit, puis écarte à nouveau les jambes, avant de retomber sur le pied d'appel (d'apr. Petiot 1981).
Saut groupé. Saut réalisé ,,en passant les jambes fléchies et jointes entre les prises`` (Petiot 1981).
Saut périlleux. Saut qui consiste à exécuter une ou plusieurs révolutions complètes du corps dans le vide, avant de se recevoir sur les pieds. Triple saut périlleux. Le saut périlleux, c'est une culbute sans mettre les mains, en donnant un coup de reins (Duranty,Malh. H. Gérard, 1860, p. 50):
2. ... tous les artistes gymnasiarques des cirques ambulants étaient tenus par contrat de figurer au final et d'y exécuter des sauts périlleux désignés par les Italiens et les Allemands sous le nom de salto mortale. Hist. spect., 1965, p. 155.
Saut de carpe. Saut acrobatique à partir de la position couchée. Vers l'âge de sept ans, Nello était très fort sur le saut de carpe, ce saut où, étendu sur le dos, sans se servir des mains, un garçonnet se relève debout sur ses pieds par le ressort d'un coup de reins (E. de Goncourt,Zemganno, 1879, p. 69).
Saut du lion. ,,Saut bras en avant pour repousser le sol et se redresser`` (Giteau 1970). Les poursuivants étaient des acrobates professionnels, venus du music-hall ou du caf' conc', des spécialistes de la cascade, du saut périlleux ou du saut du lion (Sadoul,Cin., 1949, p. 54).
Saut de singe. Venait l'étude des sauts qui prennent sur les mains leurs points d'appui à terre: (...) le saut de singe, où l'enfant, posant ses mains derrière lui, se redresse par le même mouvement [que dans le saut en avant] exécuté dans le sens contraire (E. de Goncourt,Zemganno, 1879, p. 69).
Saut de la mort. Saut périlleux particulièrement dangereux (calque de salto mortale). V. supra ex. 2.
b) ATHLÉTISME
Saut en hauteur. Un jour qu'elle concourait en finale dans un championnat de saut en hauteur, la barre étant à 1 m 32, par deux fois elle avait failli (Montherl.,Songe, 1922, p. 180).V. hauteur I A 2 ex. de Pesquidoux et de Duhamel.
Saut en longueur. V. longueur A 1 a ex. de R. Vuillemin.
Saut à la perche. [Adrien] se faisait pardonner par ses succès à la course, au saut à la perche, à la corde lisse (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 41).V. perche2I B 1 c ex. de Giraudoux.
Triple saut. Saut qui ,,consiste à effectuer trois impulsions successives, après une course d'élan semblable à celle du saut en longueur`` (Jeux et sports, 1967, p. 1244).
c) DANSE. Pas de danse au cours duquel les deux pieds quittent le sol à la fois.
Saut battu. ,,Saut qui s'accompagne de croisements rapides et successifs des jambes`` (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 65).
Sauts carpés. Sauts ,,ainsi dénommés parce que pendant leur exécution, le corps épouse une forme courbe très caractéristique`` (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 112).
Saut de l'ange. ,,C'est un saut dont l'appel est fait sur les deux pieds et la retombée sur un seul, l'autre restant levé`` (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 87). Synon. sissonne.
Saut de basque. Le pas de basque, très employé, se compose de trois temps (...) comportant dégagé, demi-rond de jambe, glissade (et coupé); il se fait en descendant ou en remontant et il peut être sauté (...) c'est alors le saut de basque (Brillant,Probl. danse, 1953, p. 93).
Saut de chat. Saut ,,caractérisé par une série de bonds latéraux au cours desquels les jambes s'écartent tout en se repliant`` (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 87).
d) PATIN. ARTIST.
Saut de carre. Saut ,,pris avec appel sur une jambe`` (GDEL).
Saut piqué. Saut ,,pris avec appel sur les deux jambes, l'une glissant, l'autre, tendue, piquant la glace`` (GDEL).
5. ÉQUITATION
a) Saut d'obstacle. Franchissement d'un obstacle, par le cavalier et sa monture, dans une course de haies, de steeple. Je ne voulais plus être comme ces chevaux fougueux et imbéciles qui n'aiment que le saut d'obstacles et qui, dans les carrousels, quand on veut leur faire dessiner des figures compliquées autour de ridicules petits drapeaux, bronchent et dérobent toujours (Abellio,Pacifiques, 1946, p. 142).
Saut de biche. Saut ,,dans lequel le cheval projette ses postérieurs latéralement`` (St-Riquier-Delp. 1975).
Saut de chat. Saut ,,dans lequel le cheval, sautant un contre-haut, y prend appui des antérieurs, avant de détendre ses postérieurs`` (St-Riquier-Delp. 1975).
Saut(-)de(-)mouton*.
Saut de puce. ,,Franchissement d'un obstacle de pied ferme, sans donner d'élan au cheval`` (St-Riquier-Delp. 1975).
b) Saut d'école. Figure de haute école consistant en une stylisation des sauts naturels du cheval (v. cabriole, courbette, croupade, levade, pesade, piaffer).
6.
a) NATATION. Synon. de plongeon.
Saut de l'ange. Plongeon dans lequel les bras sont écartés en croix pendant la descente et se rejoignent au-dessus de la tête avant l'entrée dans l'eau (d'apr. Petiot 1982).
Saut carpé. Plongeon imitant le saut d'une carpe, dans lequel le corps est arqué (d'apr. Petiot 1982).
b) PARACH. Saut en parachute ou, simplement, saut. Saut réalisé à partir d'un avion avec un parachute. Son genou a été accroché et brisé par l'empennage de l'avion, au cours du saut en parachute (Saint-Exup.,Pilote guerre, 1942, p. 291).
7.
a) Mouvement brusque du corps. Synon. sursaut.La fille, se voyant découverte, eut un saut de peur (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1455).
Au plur. [Le lièvre] se remit à courir avec de grands sauts de l'arrière-train, et il disparut dans un large carré de betteraves (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Miss Harriet, 1883, p. 861).La Môme, dos au public, avec tortillements et sauts de croupe, minaudant au milieu de ces dames qui forment éventail autour d'elle et allant successivement de l'une à l'autre (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, ii, 1, p. 31).
b) [À propos d'une chose] Déplacement brusque. On se rend compte que le contact est établi par un léger saut de l'aiguille de l'ampèremètre (Chapelain,Techn. automob., 1956,p. 347).
8. Argot
a) JEUX DE CARTES, vieilli. Tricherie consistant, lorsqu'on bat les cartes, à replacer une carte au-dessus d'une autre. Je fais le saut (...) c'est-à-dire que je fais passer une carte l'une par-dessus l'autre sans qu'on s'en aperçoive (Puibaraud,Malfaiteurs, 1893ds Galtier-Boissière, Devaux, Dict. arg., 1939, p. 52).
Saut de coupe. Tricherie consistant à replacer le jeu comme il était avant la coupe (d'apr. Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 102).
b) Vx. Vol. Synon. vx sautage (dér. s.v. sauter).Fanchette et ma payse [toutes deux filles galantes] furent arrêtées et conduites à la Force (...) les mauvaises langues parlaient du saut d'une montre (Vidocq,Mém., t. 2, 1828-29, p. 55).
B. −
1.
a) Changement brusque, en rupture avec un développement graduel, progressif. Au lieu d'une nuance dans les progrès de composition de l'organisation animale, en arrivant aux insectes, on a fait à cet égard un saut assez considérable (Lamarck,Philos. zool., t. 1, 1809, p. 298):
3. [L'observation] en effet, ne saurait constater que discontinuité et sauts [it. ds le texte] dans la nature, la différence étant un saut [id.], si petit qu'on le veuille, et la détermination supposant toujours une différence quelconque... Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 131.
PHILOS. La nature ne fait pas de saut. [Adage de Leibniz, renouant avec la tradition scolastique, exprimant le principe de continuité dans la chaîne des êtres, opposé, au xixes. encore, aux notions de mutation, de transformisme] Les mêmes causes agissent toujours, la nature ne fait pas de sauts, et les périodes, affirme Brongniart, ne sont après tout que des abstractions (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 93).
b) Dans le cadre d'un processus, passage d'un état à un autre état, qualitativement différent. [Les vitalistes] mettent les mécanistes au défi de reproduire, avec toutes les ressources physico-chimiques, ce saut mystérieux de l'inanimé à l'animé (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 193).
PHYS. NUCL. Saut quantique. ,,Changement discontinu d'une variable, obéissant à la théorie des quanta`` (Sc. 1962).
c) INFORMAT. Saut de programme. ,,Résultat d'une instruction qui ordonne de ne pas tenir compte d'une ou plusieurs lignes d'instruction et de passer aux suivantes`` (franterm Micro-informat. 1984).
d) MUS. Passage d'un son à un autre par intervalles disjoints. Saut de tierce, de quinte, etc. Il s'y ajoute [à un thème de l'Arietta op 111] le puissant effet, le bond en arrière de septième initial, et le saut d'octave qui suit, nous jetant, dès le début, dans une atmosphère de tempête, qui évoque déjà les éclairs de la Neuvième symphonie (Rolland,Beethoven, t. 2, 1937, p. 472).
2. Synon. de saute.
a) Passage brusque à un état contraire. [Le Nabab] après des alternatives singulières, des sauts de fortune à faire blanchir les cheveux d'un néophyte, se retira avec un gain de cinq cent mille francs (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 96).
b) Variation brusque de forte intensité. Il ne la bousculait jamais non plus [sa machine], lui gardait une marche régulière, évitant de se mettre en retard, ce qui nécessite ensuite des sauts de vitesse fâcheux (Zola,Bête hum., 1890, p. 116).Ce qui m'étonne c'est qu'il y en ait qui puissent résister à ces sauts de température (Gide,Retour Tchad, 1928, p. 888).
C. − Chute d'eau sur le cours d'une rivière. Le saut du Doubs. Elle ressemble bien plus au saut de Niagara, ou aux cataractes du Nil, qu'à une cascade proprement dite (Dusaulx,Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 152).On avait le saut du ruisseau tout pendu devant nos yeux et on le regardait (Giono,Regain, 1930, p. 124).
Saut-de-loup*.
D. − [Corresp. à sauter II D] Action de couvrir une femelle. Synon. saillie.Quand l'âge, à me fondre en débris, Vous-même aura glacée (...) Qui, du saut des boucs profanée, Pareille sécherez À l'herbe (Toulet,Contrerimes, 1920, p. 85).
Prononc. et Orth.: [so]. Homon. sceau, seau, sot. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1100 salz « mouvement brusque par lequel on se lance en l'air » (Roland, éd. J. Bédier, 3342); b) id. « mode de locomotion animale » (ibid., 731); spéc. 1575 équit. sauts balancez et justes (Fiaschi, Du maniement des chevaux, trad. de l'ital. ds Petiot 1982); 1842 saut de pie (Ac. Compl.); c) α) ca 1180 « exercice acrobatique » (Thomas, Tristan, 2073 ds T.-L.); 1611 saut de la carpe (Cotgr.); 1694 saut de carpe (Ac.); β) 1896 athl. saut en longueur, saut à la perche, triple saut (Programme des Jeux Olympiques ds Petiot 1982); 1904 natation saut de l'ange (L'Auto, 9 août, ibid.); d) 2emoit. xves. danse (Ch. d'Orléans, Complaintes, éd. P. Champion, p. 283, 34); 1690 saut battu, saut simple, saut majeur (Fur.); e) 1771 myth. saut de Leucade (Guys, Voyage littér. de la Grèce, p. 263); 1837 saut de Curtius (Balzac, C. Birotteau, p. 86); 2. a) 1170 « action de s'élancer d'un lieu vers un autre situé plus bas » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 2589); au fig. 1206 faire le saut « se déterminer à un acte hasardeux » (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1429); 1585 faire le saut naturel « mourir » (Cholières, 8eAp.-disnée, p. 301 ds Hug.); 1904 saut dans l'inconnu (Chardon, Trav. publ., p. 297); b) 1585 tomber beau sault « chuter » ici, au fig. (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, p. 245 ds IGLF); c) 1611 faire le saut « faire banqueroute » (Cotgr.); 3. a) 1181-90 « mouvement brusque ou rapide par lequel une personne se déplace » prendre le sault (Chrétien de Troyes, Graal, éd. F. Lecoy, 8256); b) 2emoit. xives. « action d'aller quelque part très rapidement et sans y rester » (Brun de la Montaigne, éd. P. Meyer, 266); d'où α) 1480 a deux pas et ung sault (Mist. Viel Testament, XXIV, 17743 ds IGLF); 1611 en deux pas et un saut (Cotgr.); β) 1547 ne faire qu'un saut « faire rapidement l'aller et retour » (Marguerite de Navarre, Nativité, 662 ds IGLF); γ) au fig. 1588 à sauts et à gambades « avec une vivacité déréglée » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, III, 9, 994); c) 1588 au saut du lict (Id., ibid., III, 13, 1085); 4. a) 1remoit. xiiies. en saut « en rut » (Du Prestre et d'Alison, 237 ds Fabliaux fr. du Moy. Âge, éd. Ph. Ménard, t. 1, p. 66); 1765 saut « action d'un étalon couvrant une jument » (Encyclop.); b) fin xives. en sault en parlant d'un homme (Eustache Deschamps, V, 60, 21 ds T.-L.); 1remoit. xives. [ms.] un menu saut (Constant Du Hamel, ms. B, 765 ds Nouv. Rec. complet des Fabliaux, éd. W. Noomen et N. Van Den Boogaard, p. 87); 1561, 16 févr. « acte sexuel » (J. Grevin, Les Esbahis, éd. E. Lapeyre, 1153); 5. a) fin xives. de saut « immédiatement » (Froissart, Lay Amoureus, éd. R. R. McGregor, p. 121, 103); 1480 tout de plain sault (Mist. Viel Testament, XXII, 17356 ds IGLF); b) 1584 tout d'un saut « (être élevé à une haute dignité) sans passer par les degrés intermédiaires » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 113, ibid.: est devenu Procureur Général tout d'un saut). B. 1. a) 1119 astron. salt « retranchement d'un jour dans une computation » (Philippe de Thaon, Comput, 2347 ds T.-L.); b) 1703 mus. « passage d'un saut à un autre par degrés disjoints » (Brossard); c) 1722 « interruption dans la marche continue et graduelle des phénomènes » (Fontenelle, Eloge sur Leibnitz ds Littré); 1764 (Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, p. 122: il n'est point de sauts dans la Nature); 2. fin xviies. « action de passer d'une notion à une autre en négligeant les étapes intermédiaires » (Bossuet, Projet de réunion, Réfl. sur l'écrit de Molanus, II, VI, 1 ds Littré). C. 1. 1310 saut a moulin « chute d'eau qui fait aller le moulin » (AN JJ 48, pièce 164 ds Du Cange, s.v. saltus molendini); 1409 saulz de molin (Aveux du bailliage d'Evreux, A. N. P 294, reg. 4 ds Gdf. Compl.); 2. 1605 « rupture de pente d'un cours d'eau » (P. Cayet, Chronologie septenaire, 421 ds Quem. DDL t. 21). Du lat. saltus « saut, bond », dér. de salire « sauter, bondir ». Fréq. abs. littér.: 813. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 747, b) 1 246; xxes.: a) 1 314, b) 1 361. Bbg. Quem. DDL t. 32.