| SATYRE, subst. I. − Subst. masc. A. − MYTHOL. GR. ET LAT. Divinité terrestre, compagnon de Dionysos ou Bacchus, représenté avec un corps d'homme, des cornes et des membres inférieurs de bouc, réputé pour son comportement libidineux. Synon. chèvre-pied, faune.Autour de lui, les Silènes vêtus de manteaux de laine rouge, les Satyres couverts de peaux de chèvres, les Ménades avec la nébride sur l'épaule, rient, chantent, boivent, dansent, soufflent dans les flûtes (Flaub., Tentation, 1849, p. 475). − Vx, région. (Provence). Travailler comme un satyre. Travailler dur, avec acharnement. T'imagines-tu que je vais te tenir longtemps là-haut pour mener ce train-là, tandis que je suis ici à me cuire au soleil et à travailler comme un satyre? (Arène, J. des Figues, 1870, p. 108).[Audiberte] recommençait à geindre sur les vignes (...). Il fallait trimer au soleil, travailler comme des satyres (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p. 84). B. − P. anal. (avec le comportement lubrique, libidineux attribué au satyre) 1. Vx. Homme cynique, impudique et obscène. Ce qui caractérisa l'homme durant des siècles, ce fut (...) cette lubricité de singe (...). Mais, dans toute cette foule de satyres éhontés, il y avait des groupes portant en eux des germes meilleurs (Renan, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, p. 4).Le marchand de poissons (...) asticotait, avec une arête dorsale de thon qu'il tenait entre l'index et le pouce (...) sa petite fille, une gamine de treize ans, chargée de deux longs paniers de sardines frétillantes aux bras et de cinq, six, sept bourriches sur la tête, (...) et son satyre de père la piquait dans les mollets et le croupion (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 146). − Homme lubrique, obsédé qui recherche des relations sexuelles avec des inconnues, notamment des petites filles, ou qui se livre à des actes répréhensibles (exhibitionnisme, voyeurisme). Ignoble, vieux satyre; avoir un comportement, une tête de satyre. Sentiers où les petites filles trop éveillées et morveuses, le long des palissades, fuient l'école pour attraper d'un satyre à l'autre vingt sous (Céline, Voyage, 1932, p. 412).− Je n'aime pas dans l'égalité parce que, dans la femme, c'est l'enfant que je cherche. Je ne puis avoir ni désir ni tendresse pour une femme qui ne me rappelle pas l'enfant. − Avec ça, on finit en correctionnelle comme satyre (Montherl., Pitié femmes, 1936, p. 1150). − PATHOL. Homme atteint de satyriasis. Le satyre recherche systématiquement le coït, avec des partenaires multiples et sous des formes naturelles ou perverses (Lar. Méd.t. 31972). 2. Spécialement − BOT. Satyre puant. Champignon dont la forme rappelle celle d'un phallus en érection. (Dict. xixeet xxes.). Synon. phallus* impudique. − ENTOMOL. Papillon diurne à grandes ailes marquées de brun roux et de jaune. [Le] satyre mégère (...) est pourvu de taches ocellées (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 268). II. − Subst. fém., vx, LITT. GR. Pièce dramatique grecque, mettant en scène des satyres. (Dict. xixeet xxes.). REM. Satyresse, subst. fém.,rare. Satyre femelle (supra I A 1). La reine de toutes les diablesses, de toutes les faunesses et de toutes les satyresses, reléguées sous terre depuis la mort du grand Pan (Baudel., Art romant., 1861, p. 499). Prononc. et Orth.: [sati:ʀ]. Homon. satire. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xves. [ms.] myth. satire (Corbichon, De la propriété des choses, XV, 58, ms. B. N. fr. 22533, fol. 222b ds Gdf. Compl.); 1549 satyre « id. » (Est.); 2. 1651 [éd.] « homme lubrique » (Scarron, Rom. com., p. 136); 3. 1764 « papillon de jour à grandes ailes brunes et noires » (Valm.). Empr. au lat.Satyrus, compagnon de Bacchus, avec les oreilles, la queue, les pieds de chèvre; du gr. Σ
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ς « id. ». Le fém. satyre « drame satyrique » (1738 [éd.], Rollin, Hist. anc. des Égyptiens, t. 12, p. 57) est empr. au lat. satyrus, lui-même empr. au gr. σ
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ς « id. », le genre fém. étant prob. dû à l'infl. de satire*. Fréq. abs. littér.: 297. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 443, b) 539; xxes.: a) 353, b) 382. DÉR. 1. Satyreau, subst. masc.Petit satyre (supra I A 1). [Des Bohémiens] campent dans l'herbe (...). De petits garçons nus comme des satyreaux courent dans le thym en secouant leur sexe, et la course de ces enfançons a les angles et les cris d'une joie d'hirondelle (Giono, Manosque, 1930, p. 62).− [satiʀo]. − 1reattest. ca 1165 « petit satyre » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14823 ds T.-L.: satirel); de satyre, suff. -eau*. 2. Satyrisme, subst. masc.Comportement de satyre. Le satyrisme n'est que l'exagération de la masculinité (Montherl., Pitié femmes, 1936, p. 1150).− [satiʀism̭]. − 1reattest. 1936 id.; de satyre, suff. -isme*. BBG. − Greimas Mode 1948, p. 64. − Migl. Nome propr. 1968 [1927], p. 293. |