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SATIRIQUE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − LITT. [En parlant d'un ouvrage, d'un écrit] Qui appartient au genre de la satire. Chanson, farce, littérature, livre, œuvre, pièce, récit, roman satirique. De quel genre sont-ils [des vers]? héroïques, satiriques? Est-ce une épître, une idylle, une églogue? (Leclercq, Prov. dram., Manie prov., 1835, 6, p. 35).[En parlant d'un aut.] Qui écrit, compose des satires. Poète satirique. Pour moi, je vous dirai que, de tout temps, l'historien, le moraliste, l'écrivain satirique ont été en possession de censurer les vices généraux, et surtout les vices des cours (Courier, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 121).
Acteur satirique. Acteur qui joue des satires. C'est sous de si favorables auspices que nos auteurs et acteurs satiriques et comiques virent commencer le seizième siècle (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p. 179).
B. − P. ext.
1. [En parlant d'une pers.] Qui est porté à la critique, à la raillerie dans ses écrits ou dans ses paroles. On m'a dit éclectique, satirique, car on m'a supposé le cœur trop noble pour ne pas avoir été profondément affligé de la servitude de tout un peuple (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 286).
2. Qui exprime un goût pour la satire, la raillerie, la critique virulente. Journal, peinture, plume satirique; ton satirique. Cette moquerie que je repousse continuellement et qui me revient sans cesse, me met en souffrance; car je hais l'esprit satirique comme étant l'esprit le plus petit, le plus commun et le plus facile de tous (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 60).Ce sujet développe en moi une veine satirique, presque badine, qui risquerait d'avoir l'inconvénient de diminuer la portée même de ce que je peux avoir à dire (Du Bos, Journal, 1927, p. 351).
II. − Substantif
A. − LITT. Auteur de satires. Synon. satiriste (dér. s.v. satire).Le satirique latin Horace. Juvénal (...) doué d'un naturel ardent, d'une sensibilité profonde, a peint le vice avec indignation: véhément dans son éloquence, plein de chaleur et d'énergie, ce serait le modèle des Satiriques, s'il n'était pas déclamateur (Dem.1802).Hogarth [dans le Départ des gardes] trahit à sa façon le ferrum est quod amant du satirique latin, et sa version ne manque ni de sel ni de gaieté (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 320).
P. ext. Personne qui a un goût prononcé pour la satire, qu'elle pratique dans ses écrits ou dans ses propos. On disait au satirique anglais Donne: « Tonnez sur les vices, mais ménagez les vicieux. − Comment, dit-il, condamner les cartes, et pardonner aux escrocs? » (Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p. 101).
B. − Subst. masc. Journal spécialisé dans la satire des personnes, des événements, des institutions. Les sermonnaires, les satiriques, les gazettes criminelles, donnent une idée fausse d'une époque, en insistant sur le mal qu'elle contient (Amiel, Journal, 1866, p. 323).
REM.
Satiriquement, adv.D'une manière satirique. Parler satiriquement. [Hans Richter] reprit la méthode du cinéma-œil (...) où l'analogie des gestes lui servit à lier satiriquement des images surprises dans la foule (Sadoul, Cin., 1949, p. 194).
Prononc. et Orth.: [satiʀik]. Homon. satyrique. Ac. 1694-1740: satyrique; dep. 1762: -ti-. Étymol. et Hist. 1. xves. [ms.] sathirique « qui appartient au genre de la satire » (Évrart de Conti, Probl. d'Arist., B. N. 210, f o227b ds Gdf. Compl.); 2. 1491 homme satyrique et mocqueur « porté à la satire, à la raillerie » (La Mer des Histoires, II, 36d d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 159); 3. 1522 satyricz « qui cultive, pratique le genre de la satire » empl. subst. (J. Bouchet, Labyr. de fort., f o41 v ods Gdf. Compl.); 1529 adj. poete satyric (Tory, Champfleury, l. I, 2 r ods Hug.). Empr. au b. lat.satiricus (et satyricus, v. satire) « de satire, satirique » adj. et subst. Fréq. abs. littér.: 161. Bbg. Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, p. 44.