| SAPEUR, subst. masc. A. − GÉNIE MILIT. 1. [Dans une guerre de siège] Celui qui effectue les travaux de sape, de terrassement. On commanda les sapeurs (Ac.1798-1935).Tels, s'armant de la bêche, et la hache à la main, D'intrépides sapeurs, par bandes détachées, Élèvent des remparts ou creusent des tranchées (Delille, Paradis perdu, 1804, p. 211).Les sapeurs turcs firent écrouler une partie du rempart (Grousset, Croisades, 1939, p. 163). 2. En partic. [Dans l'armée fr.] a) Sapeur (du génie). Soldat de l'arme du génie. Les sapeurs du génie, qui ont travaillé à la fameuse route dont il n'existe plus de trace aujourd'hui, ont perdu les deux tiers de leur effectif (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 87).On pose le pied sur les degrés préparés par les sapeurs et, coude à coude, on s'élève hors de l'abri de la tranchée et on monte sur le parapet (Barbusse, Feu, 1916, p. 267). − [En compos. ou accompagné d'un déterminatif] Sapeur aéroporté, électromécanicien; sapeur de chemin de fer; (anciennement) sapeur-aérostier, sapeur-télégraphiste. ♦ Sapeur-mineur. Sapeur appartenant à une unité non spécialisée du génie. Jusqu'à la fin du XVIIIes., les travaux de sape et de mine de la guerre de siège étaient exécutés par des travailleurs civils. Ce n'est qu'en 1776 que les officiers du génie commandèrent des compagnies de sapeurs et de mineurs distinctes. Cette spécialisation finit par disparaître pour donner des bataillons de sapeurs-mineurs (Lar. encyclop.). b) Vx. [Pouvant désigner un soldat appartenant à une autre arme] [En 1792], l'artillerie (...) comprend (...) 14 compagnies de canonniers, 4 (...) de bombardiers [et] 2 (...) de sapeurs (Paloque, Artill., 1909, p. 91). ♦ Sapeurs d'infanterie, sapeurs de cavalerie. Fantassins ou cavaliers marchant en tête d'un régiment dont ils étaient chargés de préparer la voie. Une puissante colonne d'infanterie de ligne (...) déboucha dans la rue au pas de course, tambour battant, clairon sonnant, bayonnettes croisées, sapeurs en tête, et, imperturbable sous les projectiles, arriva droit sur la barricade avec le poids d'une poutre d'airain sur un mur (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 490).L'infanterie avait ses sapeurs qui marchaient en tête du régiment, armés d'une hache pour défoncer les portes, déblayer des obstacles, etc. Sous l'Empire ils portaient tous la barbe et leur uniforme comportait un bonnet à poil et un tablier de cuir (Quillet1965). − Loc. Barbe de sapeur. Barbe longue et fournie. Prétendant qu'il était délicat de santé, malgré son apparence robuste, sa voix de basse-taille et sa barbe de sapeur (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 341). ♦ Tablier* de sapeur. B. − Sapeur-pompier. [Il laisse tomber son portefeuille dans la fosse commune] Il courut au poste des pompiers, et revint avec un sapeur qui plongea, et, dans l'abîme, alla repêcher la serviette (Vallès, Réfract., 1865, p. 75). − Loc. Fumer comme un sapeur. Fumer beaucoup. Synon. fumer comme un pompier (v. fumer1).M. de Coantré restait là, demandant café au lait sur café au lait, des croissants, un sandwich, des cigarettes, fumant comme un sapeur: Ah! cela, au moins, c'était des réalités! (Montherl., Célibataires, 1934, p. 852). Prononc. et Orth.: [sapœ:ʀ]. Ac. 1694-1740: -pp-; dep. 1762: -p-. Étymol. et Hist. 1. 1547 sappeur « soldat employé à la sape des fortifications » (J. Martin, Archit. de Vitruve, p. 152 v o); 2. 1792 « soldat du génie » (d'apr. Paloque, loc. cit.); 1831 barbe de sapeur (Sue, Atar-Gull, p. 6). Dér. de saper2*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 81. |